Nous lisons pour vous | Redonner du sens au travail

Nous lisons pour vous | Redonner du sens au travail
Nous lisons pour vous | Redonner du sens au travail

Le raz-de-marée des démissions, le rejet des des boulots à la con, l’attrait du télétravail ou l’envie d’une nouvelle carrière démontrent bien que la quête de sens tend à toucher toutes les sphères de l’emploi. Comprendre cette « aspiration révolutionnaire » : c’est ce qui a guidé les économistes français Thomas Coutrot et Coralie Perez dans la rédaction de cet ouvrage.


Publié à 02h29

Mis à jour à 9h00

Myriam Jezéquel

Rédacteur, Gestion HEC Montréal *

Appelons-le Grand abandon en Amérique, Tang Ping en Chine, Grande démission ailleurs dans le monde ou « grande résignation » chez les francophones, ce mouvement de réorientation touche des millions de travailleurs. Au-delà des démissions, de nouvelles formes de résistance émergent, comme autant de véritables signaux d’alarme.

La satisfaction d’« avoir » un travail ne compense plus l’insatisfaction profonde générée par l’exercice de celui-ci. Certains salariés ont l’impression de perdre leur temps, d’autres trouvent que leur travail est dénué d’humanité. Pour eux, il y a trop de dissonance entre le discours et la réalité, trop de souffrance inutile.

S’appuyant sur des recherches multidisciplinaires et des enquêtes nationales, les auteurs interrogent donc le sens du travail selon trois dimensions : l’impact du travail sur le monde, sur les normes de vie commune et sur le travailleur. lui-même⁠1.

Objectifs chiffrés

Diriger par les chiffres, imposer des objectifs chiffrés et prôner un contrôle strict des résultats s’apparente aux yeux des auteurs à un « management désincarné ». Le travail perdrait d’autant plus son sens que le salarié est soumis à une réorganisation et une fragmentation incessantes de son activité sous la pression d’impératifs financiers. Les processus de filialisation, d’externalisation et de sous-traitance sont autant de facteurs qui conduisent à une perte de sens. « Les centres de décision ont tendance à s’éloigner des lieux de travail et des normes culturelles et politiques locales, brouillant ainsi la figure même de l’employeur », écrivent les deux économistes.

Insensibilité écologique

Comment donner du sens à son travail quand il détruit la planète ? Les auteurs soulignent que travailler contre la nature peut générer un « conflit éthique » lorsque les exigences du travail entrent en conflit avec la conscience écologique des gens. Le remords écologique n’affecterait pas seulement les ouvriers, les travailleurs étrangers et tous ceux qui sont exposés à des tâches sales, dangereuses ou polluantes : ce sentiment affecterait également les ingénieurs, les cadres et les professionnels de la communication qui sont parfois appelés à mettre un pied record dans des opérations de greenwashing, par exemple. exemple.

De nouvelles priorités

La grogne monte également au sein des géants du web. Nous remettons en question le modèle même de société que nous contribuons à développer à l’aide des produits numériques. Certains réagissent en retournant à l’artisanat et en favorisant la croissance des coopératives. D’autres sont poussés par l’urgence de « faire attention » et commencent par restaurer des conditions de travail saines. « C’est au sein des grandes entreprises et des services publics que va s’intensifier le combat pour donner du sens au travail, qui est aussi un combat pour la démocratie et la vie », concluent les auteurs.

*Cet article est publié grâce à un partenariat avec le magazine Gestion HEC Montréaloù il est apparu pour la première fois.

Redonner du sens au travail – Une aspiration révolutionnaire

Thomas Coutrot et Coralie Pérez

Éditions du Seuil

160pages

 
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