Le constructeur a-t-il organisé le home-jacking du collectionneur d’art mauvais payeur ?

Le constructeur a-t-il organisé le home-jacking du collectionneur d’art mauvais payeur ?
Le constructeur a-t-il organisé le home-jacking du collectionneur d’art mauvais payeur ?

Par

Antoine Blanchet

Publié le

11 novembre 2024 à 18h04

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C’est une affaire houleuse impliquant de vieux billets, des armes-jouets et des factures impayées. Mardi 12 novembre 2024, le procès de trois hommes doit s’ouvrir devant la cour d’assises de Paris. Tous sont impliqués dans un home-jacking chez un célèbre collectionneur d’art, Dominique Barlaud, connu pour exposer des tickets signés par des artistes de rue. Un quatrième suspect, en fuite, n’a toujours pas été retrouvé.

Frappé et enfermé

Le 27 janvier 2020, vers trois heures du matin, des bruits ont été entendus dans un appartement situé dans le 3e arrondissement. Les occupants des lieux : le collectionneur d’art Dominique Barlaud et son épouse, se retrouvent réveillés par le ramdam, et sombrent dans un cauchemar.

Face au couple, deux hommes cagoulés, équipés de lampes frontales et armé de pistolets. Ils violent les deux victimes. Le mari est battu à coups de crosse de fusil. Plusieurs coffres-forts sont ouverts et les criminels remplissent leurs sacs de butin. Des bijoux, des pièces et billets de valeur ainsi que de l’argent sont volés. Le mal est estimé à plus de 20 000 euros. Le duo de voleurs enferme le couple dans leur propre salle de bain avant de s’enfuir.

Trois hommes identifiés

Très vite, les services de police judiciaire ont été saisis du dossier. Les investigations mettront en lumière deux éléments surprenants. Le premier : la criminalité a été commis sans effraction. Une clé en double a été utilisée. La seconde : le fils de l’épouse de la victime était en contact téléphonique avec plusieurs individus déjà connus des services de police. Le téléphone portable de l’un d’eux se trouvait à proximité de l’appartement du couple au moment des faits.

Interrogé, le fils de la victime n’a rien à se reprocher. Ces contacts ont eu lieu dans le cadre de travaux dans son appartement. L’entrepreneur en charge du chantier l’a mis en contact avec ces personnes travaillant avec lui. Le dernier, nommé Didier H.n’est pas un inconnu dans la famille Barlaud. Il aurait eu un différend financier avec le collectionneur.

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L’entrepreneur instigateur ?

Les questions trouveront rapidement une réponse. Deux hommes sont arrêtés. Pour la première, Seifellah H., c’est le jackpot. UN une partie du butin et deux fusils de chasse sont découverts. L’individu avoue. Il n’aurait joué que le rôle de receveur. Les deux voleurs lui ont remis le butin et les armes après l’incident. Le deuxième suspect niera d’abord toute participation. Il finira par avouer être l’un des deux agresseurs cagoulés… avant de se rétracter une nouvelle fois.

Le mobile, fourni par Seifellah H., incriminera alors Didier H.. Ce dernier aurait remis au prévenu le code d’entrée de l’immeuble ainsi que le double des clés de l’appartement de la victime, les ayant récupérés lors de précédents travaux. Il aurait demandé à Seifellah H. de “trouver des gars”, de se rendre chez Dominique Barlaud, et de “récupérer ce qui lui était dû”.

Les deux accusés s’accusent mutuellement

L’entrepreneur est alors interrogé. Déjà condamné pour des faits similaires, il reconnaît avoir donné les clés et des informations à la demande de Seifellah H.. Il pensait également que les clés ne faisaient qu’ouvrir la cave de la victime. Là où les versions divergent, c’est sur le rôle d’instigateur. Selon l’entrepreneur, le différend financier aurait eu lieu entre la victime et un frère de Seifellah H., qui aurait tout orchestré. Malgré les affrontements, les deux accusés campent sur leurs positions respectives.

Interrogée, la victime a indiqué n’avoir eu affaire à Didier H. que dans le cadre de son travail. Il reconnaît ne pas avoir payé une prestation valant plusieurs milliers d’euros, le résultat n’étant pas celui convenu. “Arrêtez les engagements non respectés, les mensonges éhontés, auxquels je peux ajouter tout l’argent que vous me devez personnellement”, avait lancé Didier H. à la victime un an avant les faits.

Pendant quatre jours, les juges et jurys vont devoir démêler les fils qu’aurait pu tirer l’entrepreneur lésé. Ils devront également faire face à traumatisme des victimespsychologiquement marqué par ce vol d’une rare violence.

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