à Paris, Nouari, un jeune migrant de 18 ans, a sauvé la vie de Michèle

à Paris, Nouari, un jeune migrant de 18 ans, a sauvé la vie de Michèle
à Paris, Nouari, un jeune migrant de 18 ans, a sauvé la vie de Michèle

Lorsqu’ils se retrouvent sur les lieux du drame, au bord du bassin de la Villette (XIXe siècle) à Paris, en ce vendredi après-midi ensoleillé, ils ne peuvent s’empêcher de tomber dans les bras l’un de l’autre. Une étreinte pleine d’émotion entre une victime miraculeuse et son héros totalement opposé. « Sans lui, je serais morte aujourd’hui », raconte Michèle, une habitante du quartier.

Lundi, cette prof de Pilates de 56 ans promène le chien de sa fille avec son amie Nathalie. Il est 15 heures et les deux quinquagénaires ont envie de s’installer à la terrasse du 25° Est, un bar situé le long du canal. Effrayé par les aboiements d’un autre chien, Mustang, un petit chien de 7 ans non tenu en laisse, a bondi en arrière et est tombé à l’eau. La chienne commence à dériver.

Au fond du bassin de la Villette, face à la Rotonde, une dalle recouvre une station d’épuration des eaux – où elles sont filtrées pour permettre à la Ville de nettoyer les rues et d’arroser les massifs végétaux. Un système de pompage emmène Mustang sous la dalle. « Elle a été aspirée en moins d’une minute alors même que, comme tous les chiens, elle savait très bien nager », se souvient Michèle, encore traumatisée.

Constatant qu’une force « fait dévier » le petit chien, Michèle tente de la sauver. « J’ai enlevé mes chaussures, j’ai sauté à l’eau », raconte la quinquagénaire qui, malgré dix années de natation de compétition durant sa jeunesse… s’est retrouvée prise à son tour. « Je ne m’attendais absolument pas à avoir cette force qui me tire vers le bas, comme un aspirateur géant qui me tire sous la dalle. J’avais l’impression que j’allais mourir”, dit-elle, coupée par les larmes.

Il plonge sans penser au danger

” Elle a crié : Au secours, je me noie ! » raconte son amie Nathalie ce vendredi. Cette dernière, impuissante, cherche alors un moyen de sauver son amie du bord de la piscine. Kamel, l’un des serveurs du bar, tente de lancer une bouée, mais Michèle le rate. C’est un jeune Algérien SDF qui dormait sur la pelouse à proximité qui, réveillé par les cris, a décidé d’intervenir. Nouari plonge sans réfléchir.

Paris (XIXe siècle), vendredi. Nouari, 18 ans, a plongé, malgré le courant, dans le bassin de la Villette pour sauver Michèle qui était aspirée.

Lui aussi est surpris par le courant, les tourbillons et le bruit. « Il a rapproché la bouée de Michèle et l’y a accrochée. Plusieurs témoins sont alors venus aider Kamel à tirer la bouée, décrit Nathalie. J’étais face contre terre, je criais, je paniquais. Je n’ai plus vu Michèle ni le chien. Mon ami a failli mourir sous mes yeux. »

« J’ai sauté et j’ai sauvé Madame Michèle. C’était difficile avec le courant, je le sentais», balbutie Nouari dans un français compliqué. « Champion », lui diront les pompiers après avoir déposé les deux protagonistes à l’hôpital. Physiquement, tous deux s’en sont sortis sans trop de séquelles. Mais Mustang a perdu la vie. Elle est décédée le jour du vingtième anniversaire de sa propriétaire, la fille de Michèle. « Où vont les corps ? Nous n’avons pas trouvé de Mustang. Est-ce écrasé ? » demande le professeur de Pilates.

“Il va y avoir d’autres accidents”

Après le drame, Michèle reçoit un appel d’un adjoint au maire. « Les responsables du canal lui ont dit qu’il n’était pas possible qu’il y ait une noyade à cet endroit. Que quelqu’un me dise ça, c’est incompréhensible. Il y aura d’autres accidents, c’est sûr. Il y a le restaurant, beaucoup de promeneurs, des enfants qui jouent… Qu’on puisse permettre ce risque n’est pas normal. Un policier a aussi dit que c’était incroyable, tout ce courant ! »

Encore sous le choc, cette dernière a du mal à se rapprocher de l’eau au bord de laquelle elle a l’habitude de marcher. « J’ai failli perdre la vie, je vais devoir me faire aider pour ce traumatisme. »

Paris (XIXe siècle), vendredi. Michèle a vu son chien Mustang être aspiré dans le bassin de la Villette où l’eau est filtrée.

Aujourd’hui, deux petits panneaux avertissent du danger de s’y baigner. Insuffisant, jugent les deux Parisiens, qui réclament que le site soit sécurisé par des barrières ou des grilles. Michèle se réserve également le droit de déposer une plainte.

Elle espère aussi que Nouari, son héros, pourra être soutenu. « Si quelqu’un peut l’aider à sortir de la rue, à trouver du travail… Il ne parle pas bien français, mais il sait faire plein de choses », assure le quinquagénaire. “Je n’ai pas de papiers mais je peux travailler dans une boulangerie, faire des pizzas, des sandwichs”, propose Nouari, qui explique avoir fui sa ville des Hauts Plateaux après la difficile séparation de ses parents.

Au terme de ces retrouvailles bouleversantes, Michèle et Nathalie replongent dans leurs cauchemars. Le chien qui a fait peur à Mustang lundi passe juste derrière eux avec son propriétaire, faisant le tour de ce foutu étang.

 
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