Tout droit pour le groupe de musique québécois Redneck Bluegrass Project

Tout droit pour le groupe de musique québécois Redneck Bluegrass Project
Tout droit pour le groupe de musique québécois Redneck Bluegrass Project

Pendant une courte période, quelque part au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les quatre membres du vigoureux Projet Quebec Redneck Bluegrass — QRBP en abrégé — ont commencé à se poser des questions. Faut-il tourner cet été sans nouvel album ? Serait-il souhaitable de s’adapter à un public croissant ? Être davantage vu dans les médias serait-il une option ? Mais rapidement, le groupe de faire la fête a balayé ses incertitudes et a décidé d’aller de l’avant.

QRBP est une manière communautaire de faire les choses, de manière bon enfant, mi-punk, mi-beatnik. C’est de la musique folk et bluegrass parfaite pour s’entraîner, mais non sans poésie. Une poésie chantée avec un accent épais par le porteur de ballon JP « Le Pad » Tremblay, et dynamisée par ses complices Madeleine Bouchard, François Gaudreault et Nicolas Laflamme. Ensemble, avec leurs cinq albums, ils font danser depuis plus de dix ans une majorité silencieuse de mélomanes, qui les vénèrent comme des frères, loin du bruit des câblodistributeurs.

“En cas de doute, prends le gaz”, chante QRBP sur son morceau Pantera Arctic Cat Triple 800. C’est un peu ce que fait le groupe ces semaines-ci, au cours d’une tournée estivale de près de 20 dates qui les mènera à la Place des Festivals, en première partie des Francos de Montréal le 14 juin.

«On ne s’est jamais posé de questions sur la ligne musicale, la ligne de propos, sur notre image ou notre attitude… alors, on a commencé à se dire: “hé, c’est vrai?”, explique Nicolas Laflamme, dans une rare entrevue accordée par QRBP. Finalement, nous nous sommes arrêtés et nous nous sommes dit que le fait que nous ne nous posions jamais ces questions a sûrement quelque chose à voir avec le fait que nous en sommes arrivés là. Notre recette doit être bonne, alors continuons. »

Laflamme, qui a rencontré son acolyte JP Tremblay en Chine il y a une vingtaine d’années, assure que le groupe n’est pas « rigide au changement » et que sa touche musicale et poétique a évolué. Entre autres parce que les quatre membres ne font plus autant de pérégrinations en Asie. Pourtant, « il s’agit d’un parcours de vie extraordinaire, car nous sommes encore quatre marginaux anticonformistes au sein du QRBP », note Laflamme.

C’est l’un des dilemmes que la formation a brièvement rencontrés. Sa musique attire un public plus large que lorsqu’elle jouait « à l’Escogriffe devant 200 personnes ». Il n’est pas rare que les parents entraînent leurs enfants à des concerts en plein air, notamment. « S’ils viennent nous voir en famille, c’est en toute connaissance de cause, précise Laflamme, particulièrement mandoliniste et accordéoniste. Et le groupe peut apporter autre chose aussi. Peut-être que les revers puis les abus auxquels nous faisons référence dans les paroles ne seront pas ce que la famille recherchera, mais plutôt le positif de nous voir sur scène. Je ne nous jette pas de fleurs, mais nous sommes des gens qui entendent rire ! On danse – on appelle ça nos chorégraphies à deux têtes – c’est un peu absurde, c’est drôle. »

Bouche à oreille

Généreux est un mot faible pour décrire un spectacle QRBP. Mais en dehors de la scène, le groupe reste discret, ne jouant généralement que quelques semaines en été et refusant la plupart des demandes d’interview. Ce qui peut donner lieu à un engouement dû à la rareté, mais c’est loin d’être « prémédité », estime Nicolas Laflamme. « Cela a toujours été notre mode de vie. En fin de compte, nous recherchons et créons vraiment pendant l’hiver. Nous avons des projets parallèles, des projets interconnectés, qu’ils soient musicaux ou familiaux. »

Et la relation du Quebec Redneck Bluegrass Project avec le monde merveilleux des médias n’est pas une relation de dépendance, ou du moins, elle n’est pas le vecteur par lequel s’est créée la base de fans du groupe.

«Ne dites pas qu’on n’aime pas les médias», s’inquiète Laflamme, lui-même abonné à Devoir, dont le journal du matin alimente « de belles conversations en famille ». Mais, note-t-il, « chacun sa voie, chacun sa route, chacun sa voie. Nous, en général, sommes arrivés là où nous en sommes de manière très autonome, très communautaire, disons, grâce au partage, au bouche à oreille, au fait maison. Et notre recette fonctionne. Je veux dire, il y a des groupes qui font des concours de musique ou qui recherchent constamment de la notoriété auprès des médias. Alors ce n’est pas un jugement ! Il y a des gens qui cassent des noix avec un marteau, il y a des gens qui cassent des noix avec un casse-noix, mais le résultat est que nous mangeons des noix. L’idée est que chacun ait sa propre recette. »

La recette, dans ce cas, fait prendre la sauce (cacahuètes ?) et crée une « complicité » entre le public et QRBP. « Les gens qui aiment groupeils amour LE groupe ! Ce n’est pas la chambre d’écho vide d’un artiste extrêmement présent dans les médias mais pour qui les billets ne se vendent pas. »

La tournée estivale actuelle du quatuor les mènera à Gatineau, Québec, Sherbrooke, Alma, Val-d’Or et au Festif ! de Baie-Saint-Paul. Comme à son habitude, QRBP a baptisé son segment de spectacle, qui porte cette fois le titre « Boom Bar Panthère ». Et pourquoi ? “Nous avons une nouvelle chanson qui est vraiment cooloù l’on dit “boom», comme les onomatopées à la Batman. Et sur scène, nous allons avoir un bar où nous pourrons aller nous asseoir, faire nos solos, boire un verre quand nous aurons le temps pendant le montrer. » La panthère est la motoneige de la marque Pantera qui a inspiré la chanson populaire déjà évoquée et qui accompagne le groupe sur scène. «C’est comme la mascotte du groupe », vidé de son moteur.

C’est sans doute la dernière fois que le groupe traîne avec lui sa voiture, symbole de plaisir mais aussi de consommation d’huile. Une réflexion citoyenne plus qu’activiste, explique Laflamme. Mais reste. ” QRBP, ce n’est pas un groupe engagé, ce n’est pas Rage Against the Machine, mais je pense que la musique fait aussi partie de la solution […], mais différemment de l’organisation d’une manifestation, d’une pétition, d’un mouvement. » Cela replace les dossiers qui ne vont pas dans un contexte favorable, estime le musicien. « En abordant les choses de manière positive, les idées seront toujours plus claires, et alors ça avancera toujours. ” Tout droit.

Projet Redneck Bluegrass du Québec

Sur la scène Bell, à la Place des Festivals, le 14 juin, à 21 h

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