Le rapport d’Eric Woerth ne fait pas l’unanimité en Ile-de-France

Le rapport d’Eric Woerth ne fait pas l’unanimité en Ile-de-France
Le rapport d’Eric Woerth ne fait pas l’unanimité en Ile-de-France

Le rapport sur la décentralisation que le député de l’Oise Eric Woerth (Renaissance, ex-LR) a remis le 30 mai au président de la République ne fait pas l’unanimité. Notamment en Ile-de-France où il s’en prend à la Métropole du Grand Paris (MGP), proposant simplement de supprimer cette jeune intercommunalité créée en 2016 (regroupant Paris, les 123 communes des Hauts-de-Seine, la Seine-Saint- Denis et Val-de-Marne et 7 communes de l’Essonne et du Val-d’Oise) qui « n’a pas réussi à atteindre l’objectif initial de « penser le développement de Paris dans une perspective bien plus large que les limites du périphérique, que les limites de la petite couronne, bien plus larges que celles de l’Ile-de-France »« . Le rapport pointe le nombre limité de ses compétences ou son budget » marginal à l’échelle de la métropole « .

Il recommande donc de transformer les Établissements publics territoriaux (EPT), ou « territoires », qui composent la Métropole en établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre, de répartir les responsabilités de la Métropole entre ces mêmes EPCI, les Départements et la Région, et « faire à terme de l’Ile-de-France une « région métropole »“”. Autrement dit, confier au Conseil régional la responsabilité de réaliser le projet métropolitain à la place de la MGP. Parce que ” les enjeux métropolitains dépassent largement les frontières de la petite couronne et de la métropole actuelle, notamment en ce qui concerne les questions de mobilité et de foncier économique», souligne le rapport qui cite l’exemple des aéroports de Roissy et d’Orly, du « Cluster Paris-Saclay » ou des pôles urbains de villes nouvelles (Marne-la-Vallée, Cergy-Pontoise…) aujourd’hui exclus de l’aire métropolitaine. ” Par ailleurs, la Région dispose de compétences en matière de développement économique et est leader en matière de mobilité. », ajoute le document.

Des propositions rejetées par Patrick Ollier, le maire (LR) de Rueil-Malmaison et président de la Métropole du Grand Paris qui ne mâche pas ses mots dénonçant « l’absurdité » extrait du rapport d’Eric Woerth. ” Si l’on supprime la Métropole du Grand Paris, adieu le rééquilibrage territorial. Qui aura ce sentiment d’intérêt collectif et la terre que nous avons ? Nous sommes la Métropole des maires au service des habitants ! », se défend l’élu sur X (ex-Twitter).

Uénorme déception » vers la Région

Le rapport n’a pas reçu un meilleur accueil dans la Région où il a suscité « une énorme déception « . Mais pas pour les mêmes raisons, la Région Ile-de-France souhaitant surtout acquérir plus de compétences. En septembre 2023, il a proposé un « choc de décentralisation » à l’État en soumettant 45 propositions de modifications législatives ou réglementaires, comme la régionalisation des règles d’indemnisation de l’assurance chômage, du CROUS ou des lycées professionnels. Or ” loin d’ouvrir la voie à un nouvel acte de décentralisation, le rapport d’Eric Woerth s’avère être un exercice technocratique visant simplement à clarifier la répartition des compétences des différents niveaux de collectivités locales et à rationaliser certains enchevêtrements de compétences, ce qui conduit à préconiser un rétrécissement du champ d’action des Régions, en leur imposant notamment de se désengager de toutes leurs compétences dites locales, comme la lutte contre la désertification médicale », critique le Conseil régional.

La collectivité, qui déplore l’absence d’octroi de nouvelles compétences aux Régions » en dehors de quelques propositions anecdotiques sur le développement économique « , il faut donc ici faire son deuil » un vrai choc de décentralisation sur le modèle de ce qui existe en Allemagne ou en Espagne » où l’État laisse les Régions gérer davantage de services publics et leur confie davantage de responsabilités. De même, la Région regrette qu’Eric Woerth « rejeté toute logique de différenciation territoriale et d’allocation de compétences différenciées selon les spécificités des différentes Régions « . Et de critiquer sa proposition visant à confier la gestion du périphérique (aujourd’hui assurée par la Ville de Paris) à l’État, « alors qu’il aurait été tellement plus girondin et moderne de préconiser son transfert à l’autorité organisatrice de la mobilité qu’est Ile-de-France Mobilités « .

Le Conseil régional rejette également la proposition consistant à supprimer les élections régionales au profit d’une élection des conseillers régionaux et départementaux lors d’un même scrutin au niveau cantonal, avec un conseiller territorial dans chaque binôme élu qui siégera dans les deux assemblées. ” En remplaçant l’élection régionale par 196 élections locales de conseillers territoriaux, cette proposition revient à tuer la Région en tant que collectivité territoriale à part entière, à la transformer en une simple agrégation de cantons sans aucune direction politique et à supprimer toute possibilité de participation des citoyens. s’exprimer sur un projet et une vision politique globale partagée à l’échelle de toute la Région », estime la collectivité.

Cumul des mandats, changement du mode d’élection à Paris…

Parmi ses 51 propositions, le rapport d’Eric Woerth en inclut bien d’autres susceptibles de provoquer des réactions. Comme celui visant à élire les maires de Paris, Lyon et Marseille » selon le droit communpas « . Car dans ces villes, les conseils municipaux et les maires ne sont pas élus au scrutin de liste au suffrage universel direct comme dans les autres communes. Le conseil municipal de Paris est composé de conseillers élus par arrondissement qui élisent ensuite le maire de la capitale. Un mode d’élection qui « pose un problème démocratique », souligne le rapport expliquant que « un maire peut être élu avec une minorité de voix, grâce à l’élection des conseillers municipaux par arrondissement avec un bonus majoritaire de 50% « .

La copie de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy aborde également la délicate question du cumul des mandats soumis à « des règles assez complexes et souffrant de nombreuses exceptions voire absurdités « . ” Président d’une métropole peut être président de région, mais pas maire ; un parlementaire peut être conseiller régional d’une grande région, mais pas adjoint au maire d’un modeste village « alors que » une même personne peut être maire, président d’une métropole et vice-président d’une région, réduisant probablement sa capacité à exercer ces trois fonctions exécutives, sans compter les accessoires obligatoires de ces mandats, comme la représentation dans les unions intercommunales. », souligne le rapport. Jugeant que certaines de ces règles » ont conduit à un affaiblissement du lien entre démocratie nationale et démocratie locale », il propose de permettre aux parlementaires (députés et sénateurs) de pouvoir à nouveau exercer le mandat de maire, adjoint au maire ou président d’intercommunalité. A l’inverse, il préconise d’interdire le cumul de la présidence d’une intercommunalité avec celle d’un Département ou d’une Région.

On peut également citer sa proposition visant à généraliser l’élection au scrutin de liste unique pour toutes les communes, quelle que soit leur taille, ou celle proposant de réduire de 20 % le nombre de conseillers municipaux dans les communes de plus de 1 499 habitants, de supprimer deux élus. fonctionnaires dans celles de moins de 499 habitants (arriver à 9 conseillers) et arrêter un nombre de 13 élus dans les communes de 500 à 1.499 habitants. Et ça, ” compte tenu des difficultés rencontrées par les communes, notamment rurales, dans l’établissement des listes et de l’augmentation du nombre de démissions d’élus municipaux « . ” Cette réduction d’environ 100 000 du nombre d’élus municipaux vise également à donner le pouvoir d’agir aux maires, entourés d’une équipe plus réduite et qui pourrait être mieux payée. « . Et cela faciliterait la création de listes », renforçant, en fait, le liberté d’application « .

Propositions soumises à consultation

Reste à savoir ce qu’il adviendra de ces propositions. Emmanuel Macron » a demandé qu’un cycle de consultations, sous l’autorité du Premier ministre, soit mené à partir de juin avec les acteurs concernés (associations d’élus, parlementaires, partis politiques) afin d’évaluer les propositions qui pourraient être répétées », répond l’Elysée qui précise que « cette phase de concertation doit aussi s’appuyer sur des éléments du rapport de Boris Ravignon, remis cette semaine au Gouvernement, et qui s’est intéressé au coût du millefeuille territorial « . Et d’annoncer un premier point d’avancement d’ici fin juillet.

 
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