L’arrestation de 17 hommes pour pornographie juvénile à travers le Québec cette semaine a permis la saisie de plus de 450 000 dossiers, dont une majorité impressionnante d’un des suspects.
« Un dossier, c’est un dossier de trop », résume Marc-Antoine Vachon, lieutenant responsable de la Division des enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet à la Sûreté du Québec (SQ).
“Quand on consulte et consomme de la pédopornographie, on encourage les producteurs, on encourage les abus sexuels sur les enfants”, ajoute-t-il.
Avec la collaboration de plusieurs corps policiers, pas moins de 17 individus ont été arrêtés (voir encadré), dont 3 à Montréal.
Âgés de 38 à 80 ans, ils ont des modes de vie et des emplois de toutes sortes, qu’ils soient retraités, signaleurs, agriculteurs ou encore ouvriers d’usine. Aucun ne semblait être en position d’autorité auprès des enfants.
« Il n’y a pas de profils types [chez ceux] qui accèdent, possèdent de la pornographie juvénile ou la rendent accessible, résume le lieutenant Vachon. Le seul lien qu’ils ont en commun est le fait qu’ils sont des hommes.
Les suspects, qui ont déjà comparu devant le tribunal, ne semblent pas constituer une organisation.
Des trouvailles inquiétantes
Les différentes enquêtes, débutées au cours de l’été, ont ciblé les réseaux de partage illégaux.
Elles ont abouti au déploiement cette semaine de 200 policiers et civils pour mener une vingtaine de perquisitions.
L’un d’eux a permis de saisir environ 426 000 dossiers d’un résident du Québec, Mickael Haché, a appris La Revue.
Reste à savoir si elles seront toutes considérées comme de la pédopornographie par le tribunal. Haché aurait commis ses délits dès mai 2023.
Ce cas se démarque des autres découvertes.
« Il y a un endroit où il y a 30 000 fichiers, un autre 1 500 fichiers. Cela varie vraiment d’une fouille à l’autre», illustre le policier Marc-Antoine Vachon, qui n’était pas encore en mesure de dresser un portrait complet des récoltes.
Le policier Marc-Antoine Vachon
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
De plus, les crimes des accusés se seraient déroulés sur des mois, voire quelques années. Daniel Julien, d’Orford, aurait par exemple accédé à des contenus illicites dès 2010, selon la loi de dénonciation.
Récidiviste… à 80 ans
L’analyse du matériel informatique par des experts en exploration de données est toujours en cours. Il n’est pas exclu que de nouvelles arrestations aient lieu.
Les suspects en seraient tous à leur première infraction dans ce secteur, sauf un : Fernand Therrien, 80 ans.
Selon nos recherches, le Longueuillais a déjà été condamné à un an de détention et trois ans de probation, en plus d’être déclaré délinquant sexuel à perpétuité.
Cette rafle survient alors que la SQ a déjà reçu et traité 4 900 signalements d’exploitation sexuelle d’enfants en ligne depuis le début de l’année. Une augmentation de 295% est observée depuis 2019.
Qui sont-ils ?
- Jean-Jacques Morin, 63 years old, Chicoutimi
- Maxime Carrier, 38 ans, Québec
- Mickael Haché, 43 ans, Québec
- Daniel Julien, 56 ans, Orford
- Ju Leon Tan, 43 ans, Montréal
- Daniel Berger, 47 ans, Montréal
- Dominique Vinson, 67 ans, Montréal
- François Quintal, 42 years old, Boucherville
- Marc Patenaude, 69 ans, La Prairie
- Fernand Therrien, 80 ans, Longueuil
- Bernard Laurendeau, 70 ans, Laval
- Jacques Dion, 63 ans, Laval
- Pierre Bontemps, 62 years old, Gatineau
- Martin Joly, 53 ans, Saint-Jérôme
- Robert Defoy, 53 ans, Saint-Roch-de-l’Achigan
- Peter Babcock, 40 ans, Châteauguay
- Dany Caouette, 59 ans, Varennes
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