L’anglais prime dans les équipes… même parmi les francophones

Ce n’est pas facile de communiquer en français avec des pilotes francophones au Grand Prix du Canada. Le cirque de Formule 1 a beau avoir débarqué à Montréal, ville majoritairement francophone, et à Québec, province francophone, l’anglais est roi et maître parmi les équipes.

Poser une question dans la langue maternelle d’Esteban Ocon, Français qui porte les couleurs d’Alpine, une équipe française, ou de son équipier et compatriote Pierre Gasly, c’est comme pactiser avec le diable.

En point de presse avec les scribes au siège d’«A fléché», Ocon a regardé jeudi le journaliste québécois qui venait de lui poser une question en français avec des yeux de cerf figés devant les phares d’une voiture sur l’autoroute. au milieu de la nuit.

#31 ESTEBAN OCON (BWT Alpine F1) lors de la journée portes ouvertes dans le cadre du Grand Prix du Canada au circuit Gilles-Villeneuve à Montréal le jeudi 6 juin 2024. PHOTO MARTIN CHEVALIER

Photo Martin Chevalier

Sur le plateau de la conférence de presse de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) où étaient réunis six pilotes, le responsable de la communication a une nouvelle fois rappelé la règle de n’utiliser que l’anglais lorsqu’un journaliste du réseau local a interrogé Gasly dans la langue de Molière.

Prenant l’apparence d’un commissaire de l’air sur le tarmac d’un aéroport, il a déclaré : « Non, non, non, questions en anglais s’il vous plaît ».

Toujours le même

En 2018, Le Journal avait fait sensation lors de la même conférence de presse d’ouverture en posant une question en français au pilote Lance Stroll. La FIA s’est par la suite excusée, mais elle tient à ce que ses épreuves se déroulent en anglais, langue comprise partout dans le monde, sur son signal international.

L’année suivante, un journaliste de radio souhaite poser des questions à Gasly, alors chez Red Bull, dans sa langue maternelle. Le publiciste a alors refusé.

Avance rapide jusqu’à la première journée d’activités au circuit Gilles-Villeneuve cette année, cinq ans plus tard. Force est de constater que rien n’a changé. La situation s’est même aggravée.

Impossible de discuter en français avec le Monégasque Charles Leclerc au siège de Ferrari. Mais ces rencontres sont chaleureuses et se déroulent souvent autour d’une table, où journalistes et pilotes se côtoient. On est très loin d’une conférence de presse froide avec un modérateur.

Getty Images via AFP

Pourtant, Leclerc s’était entretenu en français avec les médias francophones à Monaco, lors de son triomphe il y a deux semaines. Et lorsque Carlos Sainz est en Espagne, il peut parler espagnol.

Mais à Montréal, les équipes ne font preuve d’aucune flexibilité, notamment auprès de - écrite. Parce que les chaînes officielles ont la possibilité d’avoir des interviews exclusives dans la langue souhaitée.

Limite de temps

Dans les paddocks, les responsables des relations publiques d’Alpine et de Ferrari ont expliqué que cette décision dépend de la disponibilité de chaque pilote. Avec des horaires chargés, les entretiens sont limités à 10 minutes. L’anglais serait donc devenu la règle, même s’il n’est pas écrit…

Sous l’égide alpine, cela suscite la colère des journalistes français. L’équipe ne souhaite plus que ses deux pilotes français s’adressent aux journalistes français dans leur langue. On voit ici l’ironie de la situation. Les médias se battent avec la direction à ce sujet depuis le début de la saison.

Hormis quelques exceptions évidentes ici et là pour la radio et la télévision, disent nos confrères, tout se passe en anglais. Ce qui n’a aucun sens pour eux. Face à l’évidence, une représentante de l’équipe a néanmoins mentionné qu’elle porterait une attention particulière aux demandes francophones ce week-end.


Getty Images via AFP

Chapeau bas cependant à l’équipe Aston Martin qui a mis le Montréalais Lance Stroll à la disposition des médias canadiens et francophones, jeudi en fin d’après-midi à proximité du circuit Gilles-Villeneuve. C’était l’exception à la règle.

L’organisation du Grand Prix du Canada n’y peut rien. La FIA, dont le siège est à Paris, n’a plus de pouvoir sur les stratégies décisionnelles des équipes qui mettent à disposition leurs pilotes à leur QG, derrière les garages et dans les zones officielles après les séances en piste.

C’est une autre belle occasion manquée de respecter la culture et la diversité sur le calendrier de la F1. Les Espagnols ne permettraient pas un tel affront à Barcelone. Ni les Italiens d’Imola et de Monza.

 
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