Une brigade enquête des deux côtés de la frontière

Une brigade enquête des deux côtés de la frontière
Une brigade enquête des deux côtés de la frontière

Son nom de code : BOM, comprenez Brigade Opérationnelle Mixte (ou Minerve pour les anciens). Sa mission : mener l’enquête des deux côtés de la frontière franco-genevoise. Basée au commissariat d’Annemasse (F), cette brigade spéciale créée en mars 2014 compte cinq policiers, deux Français et trois Suisses. Dont Bernard Cottier, responsable du BOM côté suisse. « La criminalité ne nous attend pas et tourne autour de cette bande transfrontalière. D’où l’utilité de notre brigade. La coopération est donc super fluide », résume-t-il.

Ce vendredi, il est à pied d’oeuvre, aux côtés de son homologue, le leader côté français, Cyril, major de son Etat. La journée vient à peine de commencer que la liste des demandes, qui viennent de Suisse et de France, s’allonge déjà. Ces agents sans frontières soutiennent en fait les forces de l’ordre des deux pays. Et ils ne chôment pas. L’année dernière, ils ont traité près de 800 demandes (lire encadré).

Tout y passe : de la simple vérification du numéro d’immatriculation d’un vélo volé à la perquisition au domicile d’un trafiquant de drogue utilisant le quartier d’Annemasse comme base arrière pour revendre à Genève. «Mardi (28 mai), un homme a été arrêté en Suisse», précise Bernard Cottier. Mercredi, à la suite d’une commission rogatoire internationale, son appartement a été perquisitionné, mais surtout celui de la nounou, en France voisine. Elle a gardé les médicaments pour lui. 41,5 kilos de cannabis et 25 gr. de MDMA (un médicament psychotrope) ont été saisis.

Depuis le début de l’année, près de 500 demandes ont atterri sur leur bureau. Dont 28 demandes d’assistance judiciaire d’urgence simplifiée, en provenance de la région genevoise, mais aussi de Suisse romande et de Rhône-Alpes. « Ces derniers temps, nous avons eu beaucoup de vols sur des personnes vulnérables, explique le major Cyril. Surtout la fausse amende. Les malfrats assurent à leur victime, de préférence une personne âgée suisse, qu’une prune vient d’être déposée sur le pare-brise de leur véhicule et qu’elle peut immédiatement payer la somme en se rendant à la banque. le plus proche. “Une fois au distributeur, il récupère le code et vole la carte.”

Après ces explications accompagnées d’un café au bureau décoré d’une banderole de drapeaux français et suisses, place au terrain. La voiture appartenant à un duo de voleurs avisés a été repérée dans les environs. «On va voir si elle est sur le parking de cet immeuble», précise Bernard Cottier. Niet. Direction : le commissariat municipal de Gaillard dans l’espoir de retrouver des traces dudit véhicule sur les images des caméras de surveillance. Banque! De quoi donner aux enquêteurs de la matière pour poursuivre leurs recherches.

Le duo BOM s’est immédiatement saisi d’une autre demande liée à une tentative de cambriolage d’une villa du canton en mai. Pour préparer leur coup d’État, le duo a séjourné dans un hôtel d’Annemasse. Si l’un a été arrêté, l’autre est toujours en fuite. « Nous allons récupérer des images des caméras de surveillance de l’établissement afin de tenter d’identifier le complice. Outre les services de police et des douanes, nous travaillons régulièrement avec des partenaires privés. D’où l’importance du travail de terrain », explique Bernard Cottier, tandis que sa collègue explique sa demande à la réceptionniste, avant de lui remettre un disque dur et une carte de visite. « Je vous appelle dès que c’est prêt », répond la jeune femme. En attendant, retournez au commissariat pour voir si d’autres demandes sont arrivées depuis…

Près de 800 demandes en 2023

L’année dernière, 798 demandes de soutien ont été adressées à la Brigade opérationnelle mixte (BOM), contre 665 en 2022. En 2023, 347 demandes ont été adressées au profit de la police cantonale genevoise, 94 à d’autres services de police suisses et 357 à la police cantonale genevoise. Police ou gendarmerie française.

227 d’entre eux concernent le vol et le recel ; 95 escroqueries ; 95 stupéfiants ; 75 cambriolages ; 52 sont liés au code de la route et 50 pour vol. En 2023, le BOM a traité 46 demandes d’assistance judiciaire d’urgence. Elle a réalisé 32 opérations d’observation, de surveillance et de recherche de personnes ; 18 perquisitions et 14 arrestations.

Parmi les cas notables, on peut citer une surveillance initiée côté français et qui a conduit à l’arrestation dans le Léman express, sur le territoire suisse, d’un faux conseiller bancaire qui recevait des cartes de crédit. Ou l’arrestation en mars, au soir des faits, dans un hôtel d’Annemasse, des braqueurs de la bijouterie Chantepoulet.

« Ne laissez aucune faille dans le système »

Pour Carole-Anne Kast, conseillère d’État genevoise chargée de la sécurité, le message est clair : « Il n’est pas question de laisser exister la frontière dans le cadre de la lutte contre la criminalité. Nous ne devons pas donner aux criminels la possibilité d’exploiter cette faille du système.» Cette coopération transfrontalière s’appuie sur les accords de Paris qui prévoient de mettre en œuvre les outils nécessaires « pour que les opérations de terrain ne soient pas interrompues par la frontière ». Selon le magistrat, « l’encadrement est satisfaisant. Le BOM a cette vocation opérationnelle et peut monter en puissance.

 
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