“Roberto Devereux”, une tragédie de sang, de folie et de mort à Genève – rts.ch

“Roberto Devereux”, une tragédie de sang, de folie et de mort à Genève – rts.ch
“Roberto Devereux”, une tragédie de sang, de folie et de mort à Genève – rts.ch

Le Grand Théâtre de Genève propose jusqu’au 30 juin la tragédie lyrique « Roberto Devereux » de Gaetano Donizetti. Il s’agit du troisième volet de la trilogie Tudors proposée par la maison genevoise après « Anna Bolena » et « Maria Stuarda », trois opéras mis en scène par Mariame Clément.

Lorsque Gaetano Donizetti composa la partition de « Roberto Devereux » en 1837, il vécut des moments tragiques. Au cours des mois précédents, il a perdu son père, sa mère et son deuxième nouveau-né. Durant l’été 1837, sa femme donne naissance à un enfant qui meurt au bout de quelques heures, avant de succomber fin juillet.

Véritable drame sur fond d’histoire politique, son opéra « Roberto Devereux » connaît un grand succès pendant cinquante ans, avant de disparaître des scènes lyriques. Le Grand Théâtre de Genève programme également pour la première fois cette œuvre dont le personnage central est plutôt celui de la reine d’Angleterre, Elizabeth I. On assiste à son déclin, son amertume, son sentiment d’être bafouée lorsqu’elle découvre que son favorite, également coupable de trahison politique, en désire une autre et que l’exercice de sa fonction lui est si pénible.

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Le comte décapité

Tous ses courtisans exhortent la reine à faire tuer Roberto Devereux, le comte d’Essex. Accablée, Elisabeth ordonne sa mort, avant de changer d’avis, mais trop tard : la sentence a déjà été exécutée. Folle de douleur, elle est prise de délire : elle aperçoit la couronne baignée de sang, un spectre décapité dans les couloirs du palais et un tombeau à la place de son trône. Elle décide finalement d’abdiquer au profit d’un jeune roi totalement fictif, Jacques Ier d’Angleterre, qui prend alors le pouvoir.

Sur la scène de la Place Neuve, la soprano Elsa Dreisig incarne la reine avec toute la dimension psychologique du personnage. On y retrouve à la fois de la fureur, de la rancune et surtout une certaine mélancolie. Elle erre en robe blanche, dans la nuit, sous les flocons de neige. Exit la robe à crinoline et son col volanté.

Elsa Dreisig incarne Elizabeth I dans « Roberto Devereux » de Gaetano Donizetti sur la scène du Grand Théâtre de Genève. [Grand Théâtre de Genève – Magali Dougados]

Bonne plateforme vocale

La mise en scène de Mariame Clément montre la solitude dans l’exercice du pouvoir et à quel point la reine est pressée de toutes parts par les courtisans qui cherchent à influencer ses décisions. Vocalement, Elsa Dreisig domine les sauts d’intervalle et les épanouissements terriblement difficiles : ses notes aiguës sont vives, saillantes, jamais criardes, et elle descend parfois dans la basse en voix de poitrine.

Dans le rôle de Roberto Devereux, le jeune ténor uruguayen Edgardo Rocha déploie une belle ligne de chant, aux aigus parfois un peu serrés. Légère déception pour Stéphanie d’Oustrac qui incarne la rivale, Sara de Nottingham, car sa voix ne correspond pas vraiment à ce type de bel canto. Le baryton Nicola Alaimo, dont la voix est immense, excelle dans le rôle de Lord Nottingham, le mari trahi qui tombe de haut lorsqu’il apprend que son meilleur ami Devereux, qu’il défend, courtise sa femme.

Les décors, conçus par Julia Hansen pour accueillir le cycle de trois opéras, et les costumes sont sobres et beaux. Le chef italien Stefano Montanari dirige l’Orchestre de la Suisse Romande avec un sens dramatique, alliant passion et finesse. Le Chœur du Grand Théâtre est également remarquable dans cette œuvre qui présente un réel avantage par rapport aux deux épisodes précédents : celui de dresser le portrait d’une reine méprisée, qui se sent comme une amante rejetée et une femme indésirable à un âge avancé. Car c’est dans la vieillesse que ses défauts se révèlent les plus touchants.

Sujet radio : Julian Sykes

Adaptation web : Melissa Härtel

« Roberto Devereux » de Gaetano Donizetti, mise en scène Mariame Clément, Grand Théâtre de Genève, à revoir les 4, 6, 23 et 30 juin 2024.

Avec Edgardo Rocha (23,6 et 30,6), Mert Süngü (6,6), Elsa Dreisig (23,6 et 30,6), Ekaterina Bakanova (6,6), Stéphanie d’Oustrac (23,6 et 30,6), Aya Wakizono (6,6), Nicola Alaimo, la Chœur du Grand Théâtre de Genève, l’Orchestre de la Suisse Romande sous la direction de Stefano Montanari. A noter enfin les reprises sur la scène GTG de « Anna Bolena » les 18 et 26 juin et de « Maria Stuarda » les 20 et 28 juin 2024.

 
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