Autrefois considéré avec méfiance, le marché français est désormais favorisé par DHL Express. Avec le lancement prochain d’une nouvelle plateforme de tri à l’aéroport de Lyon, le transporteur express s’apprête à boucler un cycle d’investissement de 420 millions d’euros entamé avant la crise sanitaire. Le transporteur express s’estime ainsi prêt à absorber la croissance de son activité en France jusqu’en 2040.
Selon Philippe Prétat, PDG de DHL Express France, il n’y a pas beaucoup de pays en Europe où son groupe a autant investi qu’en France ces six dernières années. Il salue ainsi le cycle actuel marqué par deux projets majeurs : les nouvelles plateformes de l’aéroport de Paris-CDG, ouvertes en 2021 avec un investissement de 170 millions d’euros, et de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, qui ouvrira ses portes en juillet 2025 avec 121 millions d’euros dépensés. 15 autres petits projets ont été menés en parallèle.
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Rattrapage français
« Il y a un phénomène de rattrapage par rapport aux années précédentes où le groupe était plutôt réticent à investir en France »concède néanmoins Philippe Prétat. La France retrouve ainsi une place de choix dans la stratégie de DHL Express aux côtés de l’Italie, du Royaume-Uni, de la Belgique et de l’Allemagne.
« En toute transparence, l’épisode de la vente de l’activité messagerie (opération qui a coûté 260 millions d’euros à DHL Express quelques années après son rachat, ndlr.) et les gros investissements réalisés il y a une vingtaine d’années, avaient refroidi le groupe d’un ton. peu sur les investissements. La France était un pays où les investissements étaient plutôt faibles », explique Philippe Prétat.
Cela répond à la forte croissance du marché français depuis la fin des années 2010. Ses flux ont augmenté de 15 % entre 2019 et 2024, où 46 millions de colis devraient être traités. Après un pic en 2021 suivi d’une petite baisse, le marché tend à se stabiliser depuis deux ans. Le chiffre d’affaires l’an dernier était d’environ 800 millions d’euros pour 50 millions d’euros de résultat opérationnel.
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A l’instar du groupe DHL (toutes activités confondues), qui prévoit une croissance de 50 % de son chiffre d’affaires mondial d’ici 2030 pour atteindre 120 milliards d’euros, Philippe Prétat vise également le développement du marché français. . Il prévoit donc entre 3 et 5% de croissance annuelle moyenne sur la période, ce qui devrait le maintenir quasiment au niveau du reste du groupe. Cela devrait permettre de générer environ 300 embauches par an. Mais il prévient que le marché est difficile.
“En termes de capacité, nous sommes prêts jusqu’en 2040. Maintenant, mon problème est plus de trouver des volumes pour remplir les machines de tri”, déclare le patron de DHL Express France à La Tribune.
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Nouveaux secteurs
Pour y parvenir, elle devra trouver de nouveaux relais de croissance. Ces dernières années, cela s’est largement appuyé sur l’émergence de l’activité B2C. Jusqu’alors concentrée sur les flux B2B, DHL Express a vu son activité vers les particuliers se développer dans les années 2010 puis décoller pendant le Covid. L’accélération est particulièrement visible en France : alors qu’elles ne représentaient que 2 % du volume total transporté en 2010, les importations de colis liées au e-commerce ont augmenté à 38 % en 2019 et 45 % en 2020. Mais depuis, elles se stabilisent autour de ce niveau. , un peu inférieur aux attentes.
Face à ce plateau, Philippe Prétat explique que DHL Express cherche à développer de nouveaux secteurs d’activité très spécifiques. Il cite les sciences de la vie et de la santé, notamment les moyens de transport à température dirigée, les énergies nouvelles, par exemple le transport de batteries qui nécessite des mesures de sécurité spécifiques, ou encore la digitalisation.
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Deuxième site important du pays en termes de flux aériens internationaux et 4ème en Europe pour le transport routier, la région AuRA bénéficie d’un positionnement stratégique et géographique qui la place au carrefour de plusieurs routes européennes. Et de fait « un lieu clé » pour DHL Express France, confirme Philippe Prétat, son président.
Son importance se reflète dans les volumes opérés sur le site : 20 % des volumes français du groupe y transitent, avec une croissance plus rapide que sur le reste du territoire. D’où l’ambition de DHL de renforcer ses capacités de positionnement et de traitement sur son site de Lyon, situé à proximité de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry.
Si jusqu’à présent 38 000 colis étaient traités quotidiennement sur la plateforme lyonnaise, et jusqu’à 45 000 pendant la période des vacances, la nouvelle ligne de tri devrait porter cette capacité à 17 500 colis triés par heure à partir de 2025. Soit dix fois plus que la cadence actuelle. Une modernisation qui représente à elle seule 31 millions d’euros d’investissements sur les 121 millions d’euros engagés par le groupe sur ce chantier.
Anne Taffin