Le monde agricole en colère dans les Alpes du Sud. Une manifestation est prévue par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) à partir du jeudi 7 novembre devant la préfecture des Hautes-Alpes à Gap. Ce sera vendredi matin à Digne-les-Bains pour la FDSEA et la JA du département des Alpes-de-Haute-Provence.
Pour les agriculteurs des Alpes du Sud, le score n’est toujours pas au rendez-vous. Si des victoires ont été obtenues après des journées de mobilisation l’an dernier concernant notamment la suppression de l’obligation de jachère de 4 %, le maintien de l’avantage fiscal sur le gazole non routier (GNR) ou encore le contrôle unique, d’autres revendications sont encore ignorées.
« Un combat clair : la dignité de l’agriculteur »
De quoi mettre en danger de nombreuses exploitations agricoles de la région et pousser les agriculteurs à retourner dans la rue.
“C’est la continuation de la démarche menée cet hiver avec un combat très clair : la dignité de l’agriculteur et de l’agriculture départementale”, confie Laurent Depieds, président de la FDSEA des Alpes-de-Haute-Provence, à BFM DICI.
« Il y avait un engagement à réduire les normes et les pressions administratives, aujourd’hui nous demandons à l’État de tenir ses promesses. Nous attendons des résultats concrets. Nous sommes dans une impasse, il y a une illisibilité des marchés. Il n’y a pas de stratégie politique pour notre agriculture. Les pouvoirs publics nous accompagnent vers la disparition de notre métier», ajoute-t-il.
Les fermes à bout de souffle
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, certaines exploitations agricoles s’essoufflent et font face à des difficultés financières croissantes. Un ras-le-bol dénoncé par le président de la FDSEA 04.
« Nous demandions que la loi Egalim ait une garantie de prix et de revenus. C’est ce que demandent aujourd’hui les agriculteurs. Ils veulent bénéficier d’un traitement équitable en termes de normes et de frais. Nous demandons aussi désormais d’avoir un revenu qui soit digne. Qui accepterait de travailler en dessous de ses coûts de production et à perte ? Cela doit cesser », explique-t-il.
Avant d’ajouter : « nous avons des fermes qui disparaissent. Le moral des agriculteurs est en berne. Ils ne sont plus en mesure de payer leurs factures. Nous bradons l’agriculture. Nous ne nous laisserons pas abattre par les accords de libre-échange. Aujourd’hui, nous affirmons que la partie est terminée.
Enjeux locaux dans les Hautes-Alpes
Dans le département voisin, les Hautes-Alpes, le constat est le même : des promesses non tenues sont également pointées du doigt. « La situation des agriculteurs se complique de jour en jour », expliquent la FDSEA et la JA 05 dans un communiqué.
« Après des années marquées par les pressions climatiques et les contraintes législatives toujours croissantes, ils sont confrontés à des problèmes d’une exceptionnelle gravité. »
Un monde agricole qui se concentre actuellement sur des problématiques très locales comme les zones Natura 2000 ou l’entretien des cours d’eau. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des enjeux très alpins », explique Laurent Gabet, coprésident de la FDSEA 05 à BFM DICI.
Avant de détailler : « Depuis près de 20 ans par exemple, nous disposons d’une zone Natura 2000 pour protéger un espace naturel. Il a été conçu avec des vergers à l’intérieur, et aujourd’hui, les services préfectoraux veulent nous obliger à réduire, voire arrêter l’utilisation de produits phytosanitaires. Ceci est inacceptable et empêche les agriculteurs de poursuivre leurs activités.
Actions jeudi et vendredi
Les agriculteurs des Alpes du Sud s’apprêtent à descendre dans la rue pour exprimer leur mécontentement. Un premier rassemblement est prévu jeudi matin 7 novembre au rond-point de la Saulce avant une mobilisation devant la préfecture des Hautes-Alpes à Gap. Une audience avec le préfet a également été demandée.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les agriculteurs se retrouveront ce vendredi à partir de 8h30 au rond-point de l’Etoile à Digne-les-Bains avant de se diriger vers la préfecture.
« L’idée n’est pas de le bloquer. C’est une confrontation avec le gouvernement. C’est une action qui mobilisera tous les agriculteurs. Nous voulons que le gouvernement tienne parole et mette en œuvre ce qui nous a été promis », conclut Laurent Depieds, président de la FDSEA 04.
Le monde agricole a donc une nouvelle fois décidé de se mobiliser et reste mobilisé pour défendre l’agriculture locale. De nouvelles mobilisations ne peuvent être exclues.
