l’essentiel
Un mois après la disparition de Fadila Bouafia, dite « Fafa », ses proches poursuivaient, ce mardi 3 décembre, les fouilles dans les sous-bois du col de la Crouzette, à Biert. Malgré le manque de bénévoles, la détermination est toujours là.
Sur une carte topographique au millimètre près, Jean-Marie observe les granges abandonnées représentées par des petits carrés colorés. « C’est par ici, dit-il, allons-y… » Le mari de Fadila Bouafia, dit « Fafa », entouré de plusieurs amis, est à la recherche de la moindre trace, du moindre indice. Sur ces sentiers escarpés qui serpentent autour du col de la Crouzette, à Biert (09), à flanc de montagne, le précipice n’est jamais bien loin. Un faux pas et c’est une chute.
Ce mardi 3 décembre, les proches de Fafa, cette femme de 53 ans disparue depuis le 4 novembre non loin de là, après une dispute avec une de ses amies, gardent l’espoir de retrouver la trace de cette mère. « Il ne faut pas baisser les bras, même si nous ne sommes pas nombreux, nous continuons à la chercher », raconte Coralie, une de ses proches. Un mois et toujours rien. Si l’information judiciaire a progressé, avec notamment la mise en examen pour meurtre et le placement en détention provisoire de cet homme de 47 ans, François Perez, avec qui Fafa aurait eu des difficultés, la disparition Biert reste introuvable.
« Un territoire immense »
Le suspect, incarcéré depuis le 11 novembre, nie toujours toute implication dans la disparition et le meurtre de son ami. Ils se connaissaient depuis environ deux ans. François Perez, qui vit dans une cabane au milieu des bois, non loin du plateau de Guirel, parcourait ces sentiers au guidon de son vélo de motocross. “On essaie de ne rien laisser au hasard même si le territoire est immense”, poursuit Coralie, qui suit, à un rythme soutenu, les pas d’Hélène, une maraîchère de Biert, venue donner un coup de main, et de Serge, un fringant sexagénaire, équipé de cannes. Sous les bois et s’enfonçant dans l’humidité, la troupe reste aux aguets.
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Les cinq randonneurs partis à la recherche de Fafa se retrouvent à l’issue de ces quatre derniers jours, avec la détermination des premiers jours. Cavités, souches, objets suspects au fond des bois, tout ce qui dépasse la nature peut présenter un intérêt. Equipée de jumelles, Coralie s’arrête au milieu des allées pour observer de vieilles canettes plantées à une centaine de mètres. La découverte de nombreuses granges abandonnées donne lieu à des inspections minutieuses. Ils tombent en ruine, au milieu d’un tapis de feuilles rouges.
Au détour de ces sentiers accidentés, une jeune bergère veut venir en aide. Ses moutons et ses brebis attaquent les restes de châtaignes. «Je vais vous accompagner jusqu’à la grange suivante», dit-elle, «mais vous savez, ici, mes chiens ont ratissé les environs et s’il y avait quelque chose, ils l’auraient trouvé.» Un soutien fortuit qui donne un peu plus de baume au cœur de Jean-Marie, ce mari discret qui ne perd pas espoir. Dans cette vallée silencieuse mais résiliente, les renforts sont maigres. Hormis les gendarmes qui effectuent des recherches sur ce fameux plateau de sorcières, sur le lieu présumé du crime, la bonne volonté est rare. Il y a une solidarité entre les montagnards mais il y a encore trop peu de bénévoles. Dans l’immensité des sous-bois, Fafa est quelque part. Ses amis veulent toujours y croire.