A la recherche de demain | Drôme. Ils veulent créer une sécurité alimentaire sociale

A la recherche de demain | Drôme. Ils veulent créer une sécurité alimentaire sociale
A la recherche de demain | Drôme. Ils veulent créer une sécurité alimentaire sociale

Achetez de savoureuses tomates, un morceau de fromage ou un filet de poisson sans vous retrouver coincé dans votre portefeuille. C’est le principe de la Sécurité Sociale Alimentaire (SSA), un concept testé un peu partout en France et bientôt à Dieulefit (Drôme). Un collectif, composé de deux salariés et d’une quarantaine de bénévoles actifs, travaille sur la question.

Calibré par revenu

«On aurait des bureaux ouverts au public et une grille qui indiquerait qu’avec un tel revenu, la cotisation est d’autant», explique Julie Yon, membre du collectif SSA. Cela débloquerait une allocation à dépenser dans des lieux agréés : dans les magasins de producteurs, chez des agriculteurs ou des artisans par exemple. »

Les plus pauvres auraient une contribution inférieure à leur allocation, et inversement pour les plus riches, afin de créer un système équilibré. « Tout le monde pouvait manger dignement. » Quel serait l’avantage pour ceux qui cotisent davantage ? « Ils participeraient à un autre modèle de société et se protégeraient aussi, en cas de chômage ou de maladie par exemple. »

“Derrière, il y a l’idée de transformer notre modèle de production”

Soutenu par la Ville et la communauté de communes, le collectif a réalisé une expérimentation sous forme de marché (lire par ailleurs). « Pour nous, cela a toujours été temporaire. » En avril dernier, un Comité local de l’alimentation a été créé. Il se consacrera au SSA. « Nous avons choisi 22 personnes représentatives de la société, selon des critères d’âge, de sexe, de revenus, de composition du ménage ou encore d’ancienneté dans la région. » Ils travailleront sur deux points épineux : les montants des cotisations et allocations et les critères d’accord. « Ce n’est pas simple. Il y a des questions de localité, d’étiquette… auxquelles les réponses ne sont pas binaires. Derrière cela, il y a l’idée de transformer notre modèle de production. »

Le collectif espère lancer une phase pilote fin 2024 avant généralisation à la communauté de communes. « Comme pour la santé avec la Sécurité sociale, l’alimentation deviendrait une affaire collective. Il y a là un enjeu éminemment de santé publique, souligne celle qui est infirmière de métier. L’obésité, le diabète ou encore l’hypertension sont des maladies liées à l’alimentation, que l’on retrouve davantage chez les populations les plus précaires. »

L’expérimentation du marché du Lavoir

En septembre 2021, Mathieu Yon a lancé un système innovant au marché Dieulefit Lavoir. Le maraîcher proposait, auprès d’une dizaine de producteurs, trois prix : équitable (prix de revient), solidaire (30 % plus cher) et accessible (30 % moins cher). Le surplus a été reversé à un fonds, complété également par un système similaire mis en place dans une boulangerie et un marché des villes voisines. «Ça a bien fonctionné», conclut Julie Yon. Le dispositif global était équilibré mais nous étions en déficit au Lavoir, notamment parce que nous avons fait en sorte de toucher les publics défavorisés et que nous ne nous sommes pas installés dans ce quartier par hasard. » En décembre dernier, l’expérimentation s’est terminée. « Nous étions allés jusqu’au bout et nous souhaitions nous consacrer à la sécurité alimentaire sociale. »

 
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