Nérac. Des éducateurs spécialisés dénoncent des actes de « maltraitance institutionnelle »

Nérac. Des éducateurs spécialisés dénoncent des actes de « maltraitance institutionnelle »
Nérac. Des éducateurs spécialisés dénoncent des actes de « maltraitance institutionnelle »

Que se passe-t-il au sein de l’Association régionale d’écoute et de soutien protestant (Apres) ? Reconnue d’utilité publique, cette dernière, basée à Tonneins, regroupe huit établissements lotet-garonnais, « qui peuvent accueillir des jeunes en difficulté ». Deux ont récemment fait la une des journaux pour de mauvaises raisons. En avril 2023, Apres ferme la maison Corail, basée à Pujols. Le 7 février 2024, l’ARS a procédé à une inspection surprise à la Cerisaie, qui accueille des enfants et jeunes adultes polyhandicapés ou autistes, suite aux témoignages des parents de ces derniers, dénonçant des négligences s’apparentant à des maltraitances institutionnelles.

«Nous avons déjà répondu», précise Laurence Ducos, directrice adjointe par intérim. Désormais, ce sont les salariés de l’Etablissement Social d’Enfants (Mecs) Concorde de Nérac qui dénoncent une « maltraitance institutionnelle ». L’établissement compte normalement 48 salariés, dont 16 éducateurs spécialisés ; il n’y en a actuellement que 13. Huit salariés, dont sept éducateurs spécialisés, ont accepté de témoigner. Un seul est encore en fonction, un a démissionné, les autres sont soit en congés, soit déclarés inaptes, tous pour « burn-out ».

“Manque de considération”

Sur le papier, leurs missions sont de protéger, éduquer, soigner et accueillir les 48 enfants, adolescents et jeunes adultes du Concorde. « Le but, c’est de retourner en famille », résume Hélène (1). Elle et plusieurs de ses collègues dénoncent « un manque de considération et une dévalorisation de notre travail. On nous dit que nous sommes des animateurs, des baby-sitters. Ils remettent en question toutes nos actions éducatives, tout est remis en question. »

Marc Magendie, directeur de l’établissement, “ne veut pas polémiquer”. Selon lui, « les éducateurs font tout pour profiter du Concorde parce que nous sommes en conflit ». Le secteur social est en difficulté, le manque de personnel touche aussi la Mecs Néracaise, concède-t-il, “de là à dire qu’il y a de la maltraitance institutionnelle, non, et s’agissant des jeunes”. [accueillis]encore moins “.

L’ordonnance du juge n’a pas été suivie

Par ailleurs, les salariés affirment que la direction de Mecs a parfois ignoré les ordonnances du juge des enfants. Par exemple, un jeune a été laissé avec sa mère, malgré un ordre contraire. Confirmant que cet épisode a bien eu lieu, Marc Magendie souhaite néanmoins relativiser. « C’est une histoire comme s’il y en avait 50 000. Vous prenez un épiphénomène», assure-t-il. On disait que le père arriverait deux heures plus tard. »

Une conséquence de ces conditions de travail prétendument mauvaises, assurent les salariés interrogés, est que les éducateurs qui composent le personnel de Mecs sont de moins en moins qualifiés. « L’éducation spécialisée est une science à part entière. Cela comprend la psychologie, la sociologie et le droit, souligne Laurie. Nous avons une approche clinique des symptômes des enfants et adolescents que nous accompagnons. On ne s’improvise pas éducateur spécialisé. »

Côté département

Le reste dépend de l’approbation du Département. Celui-ci garantit le « bon fonctionnement » de l’association : « Nous effectuons des contrôles réguliers dans les structures, certains sont aléatoires ». Les problèmes de gestion de l’association sont connus, le directeur général a été licencié, son poste est désormais occupé par Laurence Ducos, à titre intérimaire. Conscient des difficultés de l’Après, le Département dit y être attentif, insistant : « Nous ne laissons pas cela arriver. Notre priorité est la sécurité des enfants. »

Trois postes d’éducateur spécialisé sont donc vacants. Le directeur explique qu’il n’a pas d’autre choix que de recruter des non-diplômés. « Vaut-il mieux laisser les jeunes tranquilles, livrés à eux-mêmes, ou faire venir des gens de bonne volonté ? », se défend-il. Par ailleurs, la responsable des ressources humaines, Laurence Ducos précise que pour ceux qui sont recrutés sans diplôme, « nous nous engageons à les former d’ici deux ans », ajoutant que Concorde « est en cours de recrutement ».

« Amer », Marc Magendie s’interroge sur le but de l’article. « Nous sommes dans un secteur qui n’est pas facile. Nous avons déjà du mal à recruter, tous les articles qui soulignent les difficultés que nous rencontrons rendent les gens encore moins intéressés à venir dans le secteur. » Le problème n’est-il pas la situation du secteur ? «Aussi», répond-il. Et de pointer « le législateur » qui « passe plus de temps à nous taper sur les doigts qu’à nous aider à faire notre travail ».

(1) Les prénoms des salariés ont été modifiés.

 
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