Le sommet de paix de Bürgenstock est-il utile ? – .

Le sommet de la paix de Bürgenstock est-il utile ?

Publié : 02/06/2024, 14h47

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Alain Rebetez : Oui. Seul celui qui ne fait rien ne casse rien

Je me souviens d’une scène, enfant, où pour m’être moqué d’un frère qui avait cassé une assiette en débarrassant la table, on me grondait : « Seul celui qui ne fait rien casse n’importe quoi », m’ont-ils dit.

Cette phrase nous vient à l’esprit à propos de l’organisation du sommet de paix de Bürgenstock. Je ne sais pas si ce sera un succès. Tout dépend du nombre et du rang des participants, disent-ils. Si Joe Biden bouge, nous dirons bravo. Si le Premier ministre indien Narendra Modi le faisait, ce serait un triomphe diplomatique qui mettrait à mal la fameuse partition avec le « Sud global ». S’ils sont absents, on parlera d’échec.

Mais, succès ou échec, un tel sommet est-il utile ? Et est-il justifié que la Suisse y investisse tout son crédit diplomatique ? Oui. Certes, le contexte est délicat : le sommet est organisé à la demande de l’Ukraine, la Russie a clairement fait savoir dès le départ qu’elle le refusait et affirme aujourd’hui qu’elle n’était pas invitée à le discréditer. Mais derrière ces élans diplomatiques, demeure l’ambition d’établir des contacts, d’envoyer des signaux, d’ouvrir des voies qui, sans cela, n’auraient pas été possibles. Encore une fois, je ne sais pas si cela réussira. Mais je salue le Conseil fédéral d’avoir pris ce risque plutôt que de ne rien faire.

Théophile Simon : Non. Ce sommet est totalement prématuré.

Les dirigeants occidentaux ont de la chance ! Après avoir profité des Pouilles lors du G7, Ignazio Cassis organise une après au Bürgenstock. Car telle est la véritable nature du sommet : un cocktail alpin pour les membres du club des alliés de l’Ukraine. La preuve? C’est Volodymyr Zelensky lui-même qui lance les invitations. Chaque jour, l’Ukrainien supplie Xi Jinping, Lula et Narendra Modi de venir donner au rassemblement un vernis d’universalité. En vain.

Malheureusement, nous devons donner raison au Kremlin. Sans Moscou, une « conférence sur la paix en Ukraine » est absurde. Nous discuterons de la sécurité nucléaire sans l’occupant de la centrale de Zaporizhia. Nous parlerons d’humanitarisme sans l’armée qui massacre Kharkiv. Kiev trouvera un instant son mégaphone et émergera au-delà du bruit de Gaza. Nous devrions nous en réjouir. Mais en ce qui concerne la paix, le Bürgenstock est très prématuré.

La raison est simple : les armes n’ont pas fini de parler en Ukraine, les exigences russes de cessez-le-feu restant inacceptables. En jouant la colombe à contretemps, la Suisse porte atteinte à sa crédibilité et à sa neutralité. Comme en 1956, lors de son fiasco diplomatique en pleine crise de Suez. Ainsi, le moment venu, l’épilogue de la guerre en Ukraine s’écrira à Istanbul, Brasilia ou Pékin. Mais pas au Bürgenstock.

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Théophile Simon est reporter à la rubrique Monde depuis octobre 2022. Il a été auparavant journaliste indépendant pour plusieurs médias francophones, notamment pendant la guerre en Ukraine. Théophile Simon est diplômé en finance et économie de l’Université Paris-Dauphine. Plus d’informations

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