« la gauche contre la droite, c’est ça le Parlement européen » – .

« la gauche contre la droite, c’est ça le Parlement européen » – .
« la gauche contre la droite, c’est ça le Parlement européen » – .

Député européen de 2012 à 2023, Eric Andrieu, l’ancien patron du PS Aude et vice-président du conseil régional, est le directeur de campagne de Raphaël Glucksmann, la tête de liste PS-Place publique. Un rôle clé, entre gestion de réunions et déclinaisons départementales de la campagne, qui s’empare de celui qui, au Parlement, avait notamment été à l’initiative et présidé la commission spéciale pesticides « PEST », créée à la suite des Monsanto Papers. Coulisses de sa nomination, responsabilités, lecture des enjeux, le Narbonnais et ancien maire de Villerouge-Termenès décrit une campagne vécue de l’intérieur.

En juin 2023, vous avez quitté votre siège de député, un an avant la fin de votre mandat, pour permettre une transition avec votre successeur, Christophe Clergeau. Comment, moins d’un an plus tard, êtes-vous devenue la directrice de campagne de Raphaël Glucksmann ?

En décembre 2023, j’ai reçu un appel d’Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS), qui me demandait de prendre la direction politique de la campagne pour les élections européennes. Le lendemain, Raphaël Glucksmann m’a appelé à son tour. J’étais OK pour un petit rendez-vous, pour aller remorquer, mais pour ces responsabilités, je leur ai demandé trois semaines avant de me décider. Je suis retourné dans les dossiers, j’ai vu qu’il y avait des problèmes majeurs.

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En janvier 2024, j’ai rencontré Olivier Faure et Raphaël Glucksmann, pendant 1h30 chacun, pour une check-list, et pour évoquer les préalables à mon engagement : ne pas participer à l’élaboration de la liste ; avoir une vraie ligne à gauche, sur la redistribution, la taxation des plus riches ; mener une campagne en tête de liste, avec l’idée de faire des européennes une campagne municipale à l’échelle nationale, tout en trouvant une alchimie entre les trois entités constitutives de la liste que sont Raphaël Glucksmann, Place Publique et le PS.

Parmi les multiples responsabilités d’Eric Andrieu, l’organisation des meetings de Raphaël Glucksmann : jeudi 30 mai, 4 000 personnes sont attendues au Zénith de Paris.
DR – DR

Une fois l’accord trouvé, comment définir votre rôle, vos missions et la charge de travail qu’implique ce rôle de directeur de campagne ?

Directeur de campagne, c’est inhumain. Je comprends l’expression ne pas avoir une minute pour soi. C’est presque 24 heures sur 24, avec des journées qui finissent à 2 heures du matin et commencent à 6 heures du matin. J’ai beaucoup écrit sur le synopsis de cette campagne, sur son organisation technique : ce qui a été écrit depuis décembre 2023 se réalise, on peut espérer surpasser, en termes de dynamique de campagne, le candidat du parti présidentiel. Mais on verra le score le 9 juin. A Paris, une cinquantaine de personnes travaillent, avec un QG divisé en quatre pôles : sur la mobilisation ; sur les éléments de langage ; sur la logistique; sur la communication, les médias. Je gère directement la partie financière, ainsi que le sujet des enquêtes.

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Ce dimanche (26 mai, NDLR), je présente, avec son collègue Raphaël Glucksmann, l’agenda des deux dernières semaines de campagne avant l’élection. Jeudi, à Paris, il y a un rendez-vous au Zénith, avec 4 000 personnes attendues. La conduite des réunions relève aussi de ma compétence, et j’ai dû m’en vouloir à la France entière ; tout le monde veut parler, mais il faut choisir quatre personnes et définir leur temps de parole. J’ai vu aussi, lors des campagnes précédentes, trop de meetings où certains colistiers « ne faisaient rien » : l’ambition était donc de couvrir toute la France, pour que chacun des 80 colistiers soit au travail, soit présent partout, avec du propre. des présentations, sans oublier le porte-à-porte, qui a nécessité l’implication de tous les services. Nous aurons tenu plus de 350 réunions publiques : et on voit un appétit, un engagement, dans une campagne plutôt « punchy » où on s’amuse. Pour la présidentielle de 2022, le PS avait publié 1 million de tracts : ici, c’est 1,8. Nous avions publié 100 000 affiches : il a fallu en faire une seconde édition de 120 000.

Autre prérogative d’Eric Andrieu, l’organisation de l’agenda de la tête de liste, avec le collaborateur de Raphaël Glucksmann, et notamment ses déplacements.
DR – DR

Le 23 mai, la Fondation Jean-Jaurès a publié une étude sur la campagne, la qualifiant de « franco-centrée » et pointant un manque de médiatisation ainsi qu’un manque d’information des Français sur les questions européennes : d’accord avec cette analyse. ?

La campagne officielle démarre le 27 mai pour un vote le 9 juin. Comment voulez-vous, en 15 jours, informer les citoyens français ou européens de tous les enjeux ? Le Parlement européen a tenu sa dernière session plénière il y a 15 jours : comment les députés sortants qui se représentent eux-mêmes peuvent-ils s’impliquer ? C’est absurde, nous faisons preuve d’un manque de respect démocratique. Et c’est comme ça qu’on arrive à passer à côté des vrais enjeux, en reprenant des sujets franco-français.

Quelle est votre stratégie pour recentrer le débat ?

Ce qui est clair, c’est qu’il existe très peu de listes qui parlent de « l’Europe ». Selon moi, il y a eu des violences de gauche qui font qu’ils mènent le mauvais combat, alors que, sur les questions de sécurité et de défense, nous avons été très clairs sur ce qui se passe à Gaza, pour dénoncer l’acte terroriste d’octobre. 7, très clair sur les colonies, sur une solution à deux Etats. Le gouvernement voudrait reproduire le match Macron/Le Pen, et nous sommes venus jouer les trouble-fêtes. Mais la majorité, qui perd pied, avec Valérie Hayer qui semble dépassée, tente de compenser ces manques par des solutions qui peuvent paraître paradoxales et antithétiques par rapport à ce qu’elle dit sur l’importance de l’Europe. C’est le cas du débat Bardella-Attal ; ce type d’action fait monter le RN et les grands sujets sont laissés de côté.

Qu’il s’agisse de l’économie, de la finance, de la sécurité ou de la défense, nous constatons l’échec du néolibéralisme, avec le pouvoir donné à la finance. Il faut réinvestir sur le long terme, se débarrasser du droit commun, du principe à court terme selon lequel si ça ne marche pas, on rajoute une pièce. Migration, climat, santé, sécurité et défense : va-t-on résoudre cela à l’échelle nationale, comme le suggère le RN ? Nous disons non. Pour moi, l’un des meilleurs débats de cette campagne a été Glucksmann/Bellamy (tête de liste Républicaine) : c’est la gauche contre la droite, et c’est ça le Parlement européen, avec l’Alliance progressiste Socialistes & Démocrates (S&D, 141 députés sur 705 pour la législature 2019-2024) et le Parti populaire européen (PPE, 141 députés). Et c’est le groupe qui arrivera en tête qui donnera le ton à la politique européenne.

 
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