Et si vous enfourchiez un Solex ou une mobylette pour parcourir les petites routes de la Toscane occitane, entre forêt de Grésigne et vignobles Gaillac ? Un voyage ludique et délicieusement régressif…
L’idée qu’ont eue Vincent Pinel et son épouse Marie-Pierre en plein confinement est géniale : rénover des Solex et des cyclomoteurs via leur association Cyclomoteurs Vintage 81 et les utiliser pour rouler à toute vitesse sur les petites routes autour de leur village de Larroque. Depuis, leur flotte de montures s’est considérablement agrandie et ils proposent désormais aux touristes ces balades de deux à trois heures pour 40 euros. Une façon ludique de découvrir la richesse de ce petit coin secret du Tarn, que nous avons testé et approuvé.
Tout d’abord, c’est chic, vous pouvez choisir votre monture : Solex ou cyclomoteur vintage, bleu bien sûr, accompagné de votre casque d’époque. Le cyclomoteur ira un peu plus vite, mais le Solex a ce petit quelque chose (notamment au niveau du bruit du moteur) qui fait tout son charme. C’est Vincent, le patron toujours calme et souriant, qui nous accompagne. Et nous allons. En quelques minutes, sur la route qui serpente à travers la vallée à proximité de la forêt de la Grésigne, nous avons fait un bond dans le temps. La madeleine de Proust façon Solex s’avère extrêmement efficace. Déconnexion immédiate ! Une sorte de “cyclothérapie”, comme disait Vincent en souriant. Il faut dire que le territoire s’y prête à merveille : petites routes, sentiers carrossables, vieux ponts, forêt impressionnante, et puis les vignes…
On y va, on s’arrête, on regarde. Le temps ne tient plus. Vincent nous raconte l’histoire de cette précieuse forêt peuplée de grands chênes, entourée d’un mur de plus de vingt kilomètres, construit au XVIIème siècle sur ordre de Colbert pour protéger les arbres destinés aux navires de la marine royale. Puis, en pédalant quand même un peu, nous montons vers cette bastide – nom donné dans la région aux villages perchés – de Puycelsi. Une forteresse médiévale plantée sur un immense promontoire rocheux avec une vue à 360 degrés sur le tapis vert de la forêt et la rivière qui serpente en contrebas.
Nous prenons un verre sous les tilleuls, le vent nous rafraîchit. Ensuite, nous partons, non sans avoir rencontré quelques locaux intrigués par nos chevaux pétaradants. Cette fois-ci, direction les vignes, un peu plus au sud pour emprunter l’avenue princière qui mène au domaine Terride, reconnaissable à son cèdre centenaire. Grâce à Alix, la propriétaire des lieux, on déguste ses vins, comme le Gaillac bien sûr, mais aussi ses propres créations, plus originales, nées de cépages inhabituels pour la région comme le Grenache ou le Viognier. Les « Caprices d’Alix », comme on les appelle, sont aussi vivants et surprenants que leur créateur. La fin de la journée approche. La lumière devient plus rasante au loin sur les rangs de vignes. Nous voici à nouveau au cœur de ces collines. Retour à Larroque. Sommes-nous toujours en 2024 ? Incroyable…
