« Vous ne trouverez pas le livre de Jordan Bardella dans ma librairie. » Sur ce point, Véronique Revington, gérante de la toute jeune librairie Lire Ma Page, à Loches, est catégorique. Ce n’est d’ailleurs pas la seule librairie indépendante d’Indre-et-Loire qui ne mettra pas dans ses présentoirs l’autobiographie du président du Rassemblement national, publiée ce 9 novembre 2024 aux Éditions Fayard. « Nous sommes indépendants, nous avons le droit de faire des choix selon nos valeurs »argumente le libraire. Qui, comme tous ceux interviewés par La Nouvelle République, “respectera” mais aussi ses clients – et le droit – en commandant les travaux à la demande.
Entre boycott et « vigilance »
Some go further, like Fabienne Yvain, of L’Oiseau-Vigie, in Saint-Pierre-des-Corps, who since the summer has boycotted the entire Fayard editions catalog. “C’est une belle maison, une maison historique, mais avec l’arrivée de la réalisatrice Isabelle Saporta pour la remplacer par la monteuse d’Éric Zemmour, Lise Boël, il y a de la tromperie, estime le libraire. Nous usurpons la réputation de cette maison. » Un choix clair qui fait débat dans le secteur.
« Leur section littérature a encore un bon catalogue, avec de jolis noms »tempère par exemple Antoine Jarrige, de la librairie Le Tumulte, à Vouvray. S’il n’exclut pas d’emblée les titres du fleuron des éditions Hachettes, désormais dans le giron de Vincent Bolloré, il exerce désormais “une grande vigilance, notamment dans les sciences humaines”. Cité par tous, le dernier roman de Faïza Guène illustre ce clivage entre idéologie politique et littérature. « Globalement, nous ne prenons plus de nouveautés chez Fayard, mais nous avons commandé ce roman pour nos clients » » a résolu Nicolas Vassal, gérant de la librairie Les Temps Sauvages à Tours.
« Chez nous, chaque livre est choisi »
Plutôt que de censurer, ces libraires indépendants promeuvent une forme de cohérence. « Je pense que mes clients auraient été surpris de voir Bardella chez moi »sourit Nicolas Vassal en déroulant le programme des rencontres organisées par la librairie coopérative qui compte plusieurs auteurs combattant les idées d’extrême droite.
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“Ici, tous les Livres sont choisis, et j’en prends la responsabilité”se souvient aussi Fabienne Yvain. Un impératif, quand il faut s’intégrer dans un espace qui dépasse rarement les 50 m2tandis que plusieurs dizaines de nouveaux titres sortent chaque semaine. À L’Oiseau-Vigie, comme aux Temps sauvages ou au Tumulte, la place est réservée aux ouvrages consacrés au débat d’idées, mais peu aux personnalités politiques. « Les livres de femmes et d’hommes en général ne se vendent pas »souligne Antoine Jarrige.
Fayard semble toutefois miser sur le succès du premier opus du président du Rassemblement national, avec un premier tirage à 155 000 exemplaires. “Ceux qui le veulent pourront le trouver par l’ensemble du stack dans le Relay (owned by Vincent Bolloré) ou supermarchés »» renvoie le libraire. Ainsi que dans les grandes librairies généralistes. A la Boîte aux Livres, à 1 000 m2 sur plusieurs étages du centre de Tours, le réalisateur Joël Afkin préfère intervenir, évoquant une forme “de l’omerta”. Sur le site de la librairie, Ce que je recherche, de Jordan Bardella, est en tout cas déjà proposé en « neuf », disponible en précommande.