Deux commissions fédérales s’opposent au projet actuel de la Faculté de droit

Contenu réservé aux abonnés

La construction du nouveau bâtiment, prévu sur l’emplacement de la Tour Henri, constituerait une atteinte au patrimoine industriel fribourgeois, estiment la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage et la Commission fédérale des monuments historiques.

Selon les experts fédéraux, le quartier de Tivoli, qui serait rasé pour laisser place au nouveau bâtiment de la Faculté de droit, constituerait un précieux témoignage de l’industrialisation de Fribourg. © Charles Ellena

Selon les experts fédéraux, le quartier de Tivoli, qui serait rasé pour laisser place au nouveau bâtiment de la Faculté de droit, constituerait un précieux témoignage de l’industrialisation de Fribourg. © Charles Ellena

Publié le 31/05/2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Qualifié de « volume monolithique » dans un rapport d’expertise de la Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage (CFNP) et de la Commission fédérale des monuments historiques (CFMH), le projet d’un nouveau bâtiment pour la Faculté de droit de l’Université de Fribourg , prévu sur le site de la Tour Henri, ne fait pas l’unanimité dans les milieux de la défense du patrimoine. Comme l’a révélé vendredi Fribourg Nachrichten, le CFNP et le CFMH ne critiquent pas seulement l’aspect massif de ce bâtiment en forme de prisme à base triangulaire, un projet du bureau zurichois Ruprecht Architekten, lauréat en 2014 du concours d’architecture lancé par l’Etat de Fribourg. Ils regrettent également que sa construction, estimée actuellement à environ 150 millions de francs, implique la rasage des derniers bâtiments subsistants du vieux quartier de Tivoli, témoin de l’industrialisation de Fribourg entre la fin du XIXe siècle.e et le début du 20e sièclee siècle.

Alors qu’une solution a enfin été trouvée concernant le déménagement du centre d’accueil pour toxicomanes Tremplin, condition préalable au démarrage des travaux de la nouvelle Faculté de Droit, prévu pour 2027, un nouvel obstacle s’oppose à un processus déjà long et semé d’embûches. route vers ce projet attendu depuis trois décennies par les juristes fribourgeois. Du côté de l’Etat de Fribourg, on prend note du rapport des deux commissions fédérales. C’est le canton qui avait sollicité leur expertise dans le cadre de la procédure habituelle d’examen préalable, a indiqué la Direction fribourgeoise de l’aménagement du territoire, des infrastructures, de la mobilité et de l’environnement (DIME).

Pesée des intérêts

Toutefois, ce document ne constitue qu’un des éléments du dossier. “Nous analyserons cette expertise avec tous les services concernés et nous en tirerons les conclusions qui s’imposent pour la suite”, assure le patron de DIME, Jean-François Steiert. Sur la base de cette analyse et des retours d’expérience des autres étapes de la procédure (examen préliminaire, enquête publique), le Conseil d’Etat procédera à une « mise en balance de tous les intérêts en présence ».

Comme le soulignent eux-mêmes le CFNP et le CFMH, la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage prévoit une mise en balance des intérêts de la protection du patrimoine avec d’autres intérêts nationaux, comme la formation universitaire. et une utilisation plus dense et plus efficace de l’espace. Les deux commissions fédérales ajoutent que si cette pesée des intérêts devait pencher en faveur du projet, il faudrait néanmoins qu’il « satisfasse à l’exigence du plus grand soin possible ». Selon eux, l’Etat devrait notamment démontrer qu’elle ne peut être réalisée ailleurs et que toutes les optimisations proportionnées en faveur du patrimoine à sauvegarder ont été épuisées.

« Un préjudice important »

Selon l’avis des experts, le projet de la Tour Henri, dans sa forme actuelle, représente une « attaque importante » contre un « site bâti d’importance nationale ». L’ancien quartier de Tivoli, dont une partie a déjà été démolie pour laisser place à l’actuel parking provisoire attenant à la tour du XVe sièclee siècle, a été construite autour de l’ancienne papeterie Henri Claraz (avenue de l’Europe 2) et de l’ancienne Laiterie Centrale (avenue de Tivoli 5), construites après la pose de la voie ferrée. Le complexe composé désormais de sept bâtiments comprend également la Maison Hertling (Avenue de l’Europe 4), qui pourrait bien être la première villa en location du nouveau Fribourg. Tous ces bâtiments constituent un « témoignage précieux et rare » du premier quartier industriel et artisanal construit à l’occasion de l’arrivée du chemin de fer.

«La Commission cantonale des biens culturels n’a pas remis en cause le projet sur le fond»
Stanislas Rück

La DIME rappelle toutefois que le Service cantonal des biens culturels (SBC) n’avait proposé aucune mesure de protection particulière. Le recensement a eu lieu en 2016, donc après le concours d’urbanisme (2011) et après le concours de projets (2014) relatif à la nouvelle Faculté de droit, rappelle Stanislas Rück, directeur du SBC. “Trois des sept bâtiments ont été identifiés, mais le service n’a pas demandé de mesures de protection lors de la révision générale du plan local d’aménagement de Fribourg, estimant que la pesée des intérêts avait déjà été faite en amont notamment par les procédures de concours citées.”

Inadapté à la topographie

Concernant le nouveau projet de construction lui-même, il précise qu’il a été soumis à la Commission cantonale des biens culturels dans le cadre de la procédure de demande préalable. “La commission n’a pas remis en cause le projet sur le fond mais a formulé plusieurs remarques sur la volumétrie générale, les hauteurs, le traitement du soubassement et des façades.”

Le CFNP et le CFMH se montrent moins indulgents. « Avec son volume monolithique, le futur bâtiment domine le bâtiment universitaire historique. Bien que situé en contrebas, le bâtiment projeté est en position dominante par rapport à l’ensemble de la Miséricorde”, écrivent-ils notamment. Le projet ne s’adapterait pas à la topographie et entraînerait la disparition totale de la structure du quartier.

Les experts déplorent également que la suppression de la rampe de stationnement souterrain située au pied de la Tour Henri et le déplacement de la Mensa, qui faisaient partie du projet lauréat, aient été abandonnés dans sa version actuelle. “Cette décision est regrettable car elle ne permettra pas d’améliorer la qualité fortement dégradée des espaces extérieurs autour des ouvrages de fortification et le long de l’Université de la Miséricorde”, estiment-ils.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Ces baskets Nike Air Force 1′07 notées 4,6 étoiles cartonnent lors des soldes
NEXT Pierre-Antoine Fèvre (LR/RN) rassemble une cinquantaine de supporters à Millau