les réformes proposées pourraient aller plus loin

Un rapport du Sénat publié mardi dernier documente la situation précaire et les abus subis par les travailleurs étrangers au Canada et appelle à une réforme du programme de travail des migrants.

Aditya Rao, avocat spécialisé dans les droits de la personne et membre du conseil d’administration du Madhu Verma Migrant Justice Centre, basé au Nouveau-Brunswick, est heureux de voir cette question mise en lumière et aimerait voir des changements plus profonds que ceux recommandés par les sénateurs.

Le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie, qui a produit le rapport intitulé Agissons maintenant – Solutions pour la main-d’œuvre temporaire et migrante du Canada (Nouvelle fenetre)a choisi d’examiner la situation au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard.

De notre point de vue, il semble certain qu’ils ont reconnu que les travailleurs [étrangers] Le Nouveau-Brunswick, les Maritimes et le Canada atlantique vivent des choses particulièrement pernicieusesnote Aditya Rao, cité dans ce rapport de plus de 160 pages.

Particulièrement vulnérable dans les Maritimes

Les travailleurs étrangers au Nouveau-Brunswick sont particulièrement vulnérables à l’exploitation puisqu’ils sont souvent envoyés dans des régions rurales et moins peuplées, explique l’avocat.

Il n’y a pas d’accès aux transports en commun. Ils dépendent donc entièrement de leur employeur pour sortir et se rendre à l’épicerie ou chez le médecin.il explique.

L’employeur a un contrôle total et absolu sur la vie des travailleurs [étrangers] au Nouveau-Brunswick.

Une citation de Aditya Rao, avocat spécialisé en droits de l’homme

Les observateurs de la situation des travailleurs étrangers temporaires s’opposent depuis longtemps aux permis de travail ferméqui relient les travailleurs à des employeurs spécifiques.

Aditya Rao, avocat au Nouveau-Brunswick, en entrevue le 4 octobre 2023.

Photo : Radio-Canada

De nombreux travailleurs étrangers ont peur de signaler des conditions de travail dangereuses ou abusives, car le maintien de leur statut d’immigration est étroitement lié à leur employeur.

Remplacer les permis de travail liés à l’employeur

Les sénateurs estiment également que ces permis fermés devraient disparaître. Ils suggèrent de les remplacer par des permis de travail liés à des secteurs d’activité et/ou à des régions.

C’est sur ce point qu’Aditya Rao aurait souhaité que les sénateurs aillent plus loin. Le type de permis qu’ils envisagent ne serait pas bien meilleur que celui qui existe actuellement, a-t-il déclaré.

Sincèrement, nous croyons que la solution est de leur accorder la résidence permanente dès leur arrivée. La seule façon de mettre fin à l’emploi précaire et au statut d’immigration précaire est d’accorder aux gens la résidence permanente.il insiste.

Nous passerons une autre génération, je suppose, à rédiger des rapports sur les liens entre les permis de travail liés aux régions ou aux secteurs [d’activité] et des abus contre les travailleurs étrangers, car nous savons que cela arrivera aussi avec ce type de permisdit M. Rao.

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Des travailleurs du Guatemala et du Mexique cueillent des fraises à Pont-Rouge, près de Québec, le 24 août 2021.

Photo : Jacques Boissinot/- Canadienne

Même s’il souhaiterait des mesures plus strictes, le représentant du Migrant Justice Centre, Madhu Verma, se dit heureux que le rapport du Sénat fasse la lumière sur un réel problème au Canada.

Il apprécie certaines des suggestions qui y sont faites, comme des inspections surprises des lieux de travail où des travailleurs migrants sont employés pour s’assurer que ces personnes sont bien traitées. Ces visites inopinées, ont recommandé les sénateurs, doivent devenir Standard.

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La sénatrice Ratna Omidvar explique le rapport du Sénat sur la main-d’œuvre étrangère, le 21 mai 2024 à Ottawa.

Photo : - Canadienne / Adrian Wyld

Ratna Omidvar, du Groupe des sénateurs indépendants, préside le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, qui a rédigé ce rapport.

Le sénateur René Cormier, du Nouveau-Brunswick, et deux sénateurs de la Nouvelle-Écosse, Wanda Thomas Bernard Et Jane Cordy – ce dernier étant le vice-président du Comité – font partie de ceux qui ont participé à cette révision.

Dans une interview cette semaine à la radio de Radio-Canada a FrédérictonRatna Omidvar a souligné que le programme des travailleurs étrangers a atteint un niveau de complexité remarquable un demi-siècle après sa création.

>>Quatre hommes distants d'au moins deux mètres les uns des autres dans un champ.>>

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Travailleurs jamaïcains dans une ferme de la vallée de l’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, au printemps 2020.

Photo : Radio-Canada / Paul Légère

Les sénateurs, a-t-elle déclaré, ont visité des fermes, des usines de transformation de fruits de mer et des entreprises manufacturières. Ils ont rencontré des travailleurs et des employeurs étrangers.

Des travailleurs nous ont dit qu’ils subissent des abus et des mauvais traitements parce qu’ils ont un objectif plus ambitieux : rester au Canada de façon permanente.dit-elle. Ils ne veulent pas compromettre leurs chances d’obtenir la résidence permanente.

>>Gigi Osler, Ratna Omidvar et René Cormier sont assis à une longue table. Gigi Osler parle, documents à la main, tandis que les deux autres tournent la tête vers elle et écoutent.>>

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De gauche à droite : la sénatrice Gigi Osler du Manitoba, la sénatrice Ratna Omidvar de l’Ontario et le sénateur René Cormier du Nouveau-Brunswick, lors d’une présentation de leur rapport sur les travailleurs étrangers, le 21 mai à Ottawa.

Photo : - Canadienne / Adrian Wyld

La sénatrice Omidvar a également mentionné que plusieurs chefs d’entreprise se disaient très dépendants des travailleurs étrangers, au point de faire faillite s’ils ne pouvaient plus les embaucher.

Le programme des travailleurs étrangers a été créé en 1973 et se voulait une solution temporaire pour fournir de la main-d’œuvre migrante en dernier recours aux employeurs canadiens.

Un demi-siècle plus tard, cet arrangement existe toujours et fait partie intégrante du marché du travail, notamment dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et de la pêche.

Il est clair que le Programme des travailleurs étrangers temporaires n’est ni temporaire ni une solution de dernier recours. Ce programme ne fonctionne pas pour les travailleurs migrants et pourrait mieux fonctionner pour les employeursécrivent les sénateurs dans leur rapport.

Parmi leurs recommandations, ils souhaiteraient voir la création d’un poste de commissaire pour les travailleurs migrants qui aurait le pouvoir de défendre leurs droits, ainsi qu’un poste de commissaire pour les employeurs.

Le gouvernement fédéral dispose désormais de 120 jours pour répondre au rapport des sénateurs et à leurs recommandations.

D’après le rapport de Sam Farley, Radio-Canada

 
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