inauguration du parc d’attractions Mirapolis et départ des montagnes russes

inauguration du parc d’attractions Mirapolis et départ des montagnes russes
inauguration du parc d’attractions Mirapolis et départ des montagnes russes

Notre événement anniversaire « 80 ans de Parisien, 80 gros titres »

Le tout premier numéro du Parisien paraît le 22 août 1944, en pleine libération de Paris. Pour célébrer cet anniversaire, nous avons sélectionné 80 « gros titres » historiques ou emblématiques de leur époque. Sport, faits divers, conquête de l’espace, élections présidentielles, disparitions de stars… Ils racontent huit décennies d’actualité. Nous avons choisi de vous raconter les coulisses. Une série à découvrir jusqu’à la fin de l’année.

Jacques Chirac en riant, au pied du géant Gargantua. C’est cette étonnante photo du Premier ministre qui a fait la Une du Parisien le 21 mai 1987. La photo a été prise la veille, lors de l’inauguration du parc d’attractions Mirapolis, situé à Courdimanche (Val-d’Oise) , dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, à seulement une trentaine de kilomètres de Paris. Le jour même de la publication, le grand public a pu découvrir la Descente des Rapides ou le Palais de Sortilèges, deux des manèges phares de ce site innovant.

“Saluant la rapidité de construction du premier parc de la région, le Premier ministre n’a pas caché sa fierté face à une telle réalisation”, peut-on lire dans le journal. Chirac s’est exclamé : « J’applaudis les réalisateurs, les animateurs qui ont su prendre le risque d’une telle entreprise. Les grands s’amuseront autant que les enfants, comme Gargantua qui savait travailler mais aussi s’amuser. Mirapolis est immense. »

Neuf espaces de divertissement, quatorze manèges et trente hectares…

L’article est évoqué en détail à la Une du Parisien national. Ce nouveau parc d’attractions suscite beaucoup d’attention. Il faut admettre que les citoyens ont peut-être besoin de se laisser emporter par cet air de fête : en mai 1987, la France peine à se remettre du suicide de Dalida et le procès de Klaus Barbie pour crimes contre l’humanité vient de se terminer. ouvert devant la cour d’assises du Rhône. Au milieu de cette actualité plutôt sombre, un peu de légèreté ne fait pas de mal.

Le Parisien Val-d’Oise matin savait déjà depuis un moment que ce Mirapolis serait un repère. Une semaine avant le grand jour, il révélait déjà en détail les surprises qui attendaient les visiteurs de Courdimanche. « Neuf espaces de divertissement, quatorze manèges et cinq mille places pour spectacles automatisés ou scéniques, deux hectares et demi de lacs et de bassins font des trente hectares de Mirapolis le plus grand parc de loisirs français », écrit l’un des journalistes de votre quotidien. « Rien que sur les manèges, 17 500 personnes pourront vivre des sensations fortes toutes les heures. »

Si cette ouverture est attendue depuis longtemps, c’est parce que le chantier était, à l’époque, véritablement pionnier. Le Futuroscope de Poitiers n’est pas encore complètement lancé (il accueillera ses premiers visiteurs à la fin du même mois), le Parc Astérix n’existe pas encore, le parc Disneyland Paris est en phase préliminaire. « Thoiry, la Mer de Sable, Mirapolis : tiercé gagnant ! » est mentionné dans le titre de l’article, en référence aux deux seuls autres parcs situés à proximité. A Courdimanche, on change de dimension, tout est disproportionné. Votre quotidien cite également une déclaration prometteuse du secrétaire d’État à la Culture, un certain Philippe de Villiers, venu sur place trois mois plus tôt : « Mirapolis, créée sur le thème des légendes de notre pays, est le symbole de ce qui doit être la France des loisirs culturels. »

Les forains « cassent la baraque »

A la veille de l’ouverture, le journal a consacré une page entière à l’événement, publiant un plan du parc avec une sélection de « neuf arrêts à ne pas manquer ». Toutes les informations pratiques sont évidemment mentionnées : le prix d’entrée à 100 francs pour les adultes et 70 francs pour les enfants de moins de 12 ans, les parkings, les lieux de restauration. Au lendemain du lancement, Mirapolis fait toujours partie des grands thèmes du journal mais pas dans la même rubrique : « Les forains cassent la baraque », annonce-t-on en Une.

À l’intérieur, il décrit comment ils ont « attaqué Gargantua ». Quatre-vingts forains entraient dans le parc en payant leur droit d’entrée, puis se déversaient dans les allées. « Soudain, ils sortent des matraques et des barres de fer de sous leurs vestes et se précipitent sur les manèges qu’ils commencent à endommager. » Cette action commando a dégénéré en bagarre générale, stoppée seulement par une descente de plusieurs représentants de la police casqués et armés.

Les forains ont voulu « protester contre les avantages dont disposent les parcs d’attractions », ils estiment que les taux de TVA appliqués selon les activités sont désavantageux pour eux. Mais la révolte ne durera pas. Quelques jours plus tard, Jacques Chirac chargeait Georges Chavanes, ministre délégué auprès du ministre du Commerce, de l’Artisanat et des Services, de mener une concertation entre les forains et les différents ministères.

La page est tournée, la fête reprend à Mirapolis. « Le parc a ouvert quelques semaines après mon arrivée à Cergy, se souvient Amélie, alors en CE2. « C’était unique en France, ça me donnait l’impression d’arriver dans une ville moderne et importante ! » La Cergypontaine aimait l’aspect aquatique du site en été : « Il y avait beaucoup de jets d’eau, des bateaux jaunes sur le lac. Une descente avec de grosses éclaboussures rafraîchissantes à l’arrivée. »

Olivier a grandi à seulement 1 km de ce paradis du jeu. « Dès 1988, lorsque le Club Med a repris (le projet initial, conçu par l’architecte Anne Fourcade, a été réalisé par la société Paris Parc présidée par le milliardaire saoudien Ghaith Pharaon), ils ont apporté plus d’attractions à sensations», se souvient celui qui vit désormais à L’Isle-Adam (Val-d’Oise). « J’y passais tout mon temps libre ! J’avais un abonnement annuel, pour 300 francs, on avait un accès illimité. » Là, le jeune garçon voyait fréquemment le chanteur Carlos, présent tous les mercredis, et il y rencontrait par hasard Johnny Hallyday. « J’ai adoré le Gravitron, il courait super vite ! »

Un fiasco financier

Dans le discours de la plupart des jeunes visiteurs qui s’en souviennent, revient toujours « le voyage en petit chariot à l’intérieur de Gargantua », comme le décrit Christophe. «C’était sur le thème du fonctionnement du corps humain», ajoute Amélie. C’est ce géant de 35 m de haut qui résistera le plus longtemps. Car le parc, qui a nécessité un investissement de 500 millions de francs, s’est avéré être un fiasco financier. La fréquentation des 2 millions de visiteurs par saison (de fin mai à fin octobre) visée dans le business plan n’a jamais été atteinte.

En mai 2017, exposition célébrant les 30 ans de Mirapolis, l’ancien parc d’attractions de Courdimanche inauguré en 1987.

Le parc passe de main en main et finalement, en 1989, les forains, ceux-là mêmes qui avaient menacé de tout détruire lors de son ouverture, rejoignent l’équipe de direction. Marcel Campion et ses proches viennent installer leurs manèges. « L’année dernière, de nombreuses attractions étaient souvent en panne, elles étaient mal entretenues », se souvient Olivier. « On a senti le déclin. » Ce n’est donc pas une surprise lorsque Mirapolis ferme définitivement ses portes en octobre 1991. Toutes les attractions sont démontées, la plupart revendues. Les derniers bâtiments sont alors démolis, sauf Gargantua qui reste vaillamment debout. Elle fut finalement dynamitée en 1995.

Depuis, la végétation a repris ses droits, mais le site que les locaux appellent encore Mirapolis continue de faire parler de lui. En 2003, une grande rave party y a été organisée, policiers, pompiers et gendarmes y effectuent souvent des exercices. « J’y vais encore souvent pour me promener », souffle Olivier, nostalgique. « Ici et là, on voit encore des vestiges, quand on les connaît bien », raconte celui qui est même co-administrateur d’un forum dédié au parc et toujours actif. Les anciens visiteurs ne veulent pas oublier. Mais ils sont toujours prêts à voir le site renaître d’une autre manière, comme c’est le cas actuellement avec un nouveau projet immobilier. « Nous devons faire quelque chose avec cette terre… »

 
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