Pourquoi la fuite de Mohamed Amra risque-t-elle d’être très compliquée ? – .

Pourquoi la fuite de Mohamed Amra risque-t-elle d’être très compliquée ? – .
Pourquoi la fuite de Mohamed Amra risque-t-elle d’être très compliquée ? – .

L’attaque a duré à peine deux minutes. Deux minutes d’une violence incroyable. Mardi, vers 11 heures, un commando surarmé et visiblement très bien informé a attaqué un convoi de l’administration pénitentiaire pour permettre à Mohamed Amra, 30 ans, de s’évader. Deux policiers sont morts dans un déluge de tirs, trois autres ont été grièvement blessés. Dès leur apparition au péage d’Incarville, dans l’Eure, les assaillants et le détenu se sont volatilisés.

En France, les évasions sont rarissimes et souvent beaucoup moins spectaculaires. Généralement, les détenus s’évadent lors d’une sortie, d’un atelier d’insertion ou se cachent dans un véhicule. Selon le ministère de la Justice, 10 détenus ont été libérés en 2021, 13 en 2022 et 15 de janvier à octobre 2023.

Des chiffres auxquels il faut ajouter, chaque année, environ 700 détenus brièvement considérés comme « évadés », soit parce qu’ils sont arrivés tardivement après une permission, ne sont pas revenus le soir malgré leur régime de semi-liberté, se sont évadés en garde à vue… « Le mot “La fuite” recouvre une réalité juridique bien plus importante que celle qui vient à l’esprit du grand public”, précise une Source judiciaire. Dans la grande majorité des cas, les évadés sont rattrapés dans les heures ou les jours qui suivent, certains se rendant parfois.

Escapade spectaculaire, parcours difficile

Mais évasion spectaculaire ne rime pas toujours avec évasion minutieusement préparée. En juillet 2018, le braqueur récidiviste Rédoine Faïd s’évade en hélicoptère de la prison ultra-sécurisée de Réau (Seine-et-Marne). Des complices ont pris en otage un pilote, l’ont poussé à se poser dans la cour d’honneur de l’établissement : pendant que l’un montait la garde, un autre sciait les serrures de l’établissement avec une meuleuse. En moins de 10 minutes, Rédoine Faïd était libre. Mais sa cavale n’a duré que 93 jours : l’homme a été arrêté dans un appartement de Creil, à quelques pas de là où il a grandi. En 2013, le roi de beauté s’était déjà évadé en faisant exploser cinq portes du centre pénitentiaire de Lille-Sequedin. Il a été arrêté un mois et demi plus tard.

« Son évasion était très professionnelle, il a probablement passé des jours et des jours à étudier chaque détail, à repérer les défauts. En revanche, son évasion l’a été beaucoup moins », analysait l’an dernier l’ancien chef de la brigade nationale de recherche des fugitifs, le commissaire Christophe Foissey. Le fugitif vivait de cachette en cachette, se déplaçant caché sous une burqa.

Un parcours « réussi » – qui dure donc – rime généralement avec une assise financière importante : l’argent permet de financer la logistique, les véhicules, les locations… Mais cela n’est pas toujours suffisant. Ainsi, Antonio Ferrara, échappé de Fresnes (Val-de-Marne) en 2003 grâce à des complices déguisés en policiers, a été rattrapé quatre mois plus tard. Et ce malgré une équipe chargée de le protéger et de sa métamorphose physique : nez refait, teinture blonde, filet à barbe…

Routine fatale

La course à pied de Mohamed Amra, initiée mardi, s’annonce d’autant plus difficile qu’une force majeure est désormais sur ses traces et celles de ses complices. Dans les heures qui ont suivi l’attaque, quelque 200 gendarmes, une équipe du GIGN et un hélicoptère ont sillonné la région. Ce plan massif a finalement été levé en fin de compte : désormais, la recherche est orientée par l’investigation. Analyses d’ADN, de numéros de téléphone, de comptes bancaires… Autant d’éléments qui doivent permettre d’identifier des pistes. Son entourage et ses habitudes sont décortiqués pour tenter de remonter jusqu’à lui.

C’est ainsi que les enquêteurs ont procédé à la recherche d’Yvan Colonna, accusé du meurtre du préfet Claude Erignac, en Corse en 1998. Il ne bénéficiait pas d’une assise financière solide mais d’un réseau de solidarité inébranlable. . C’est ainsi qu’il a pu passer 1 503 jours enfermé dans la brousse. En surveillant les habitudes de sa famille, Raid a finalement réalisé que la famille déposait régulièrement des colis à une compagnie maritime qui les emmenait dans un camping. Le gérant les a ensuite emmenés à la montagne. De filature en filature, ils identifient une petite maison gardée par des chiens. C’est là que se cache le nationaliste corse.

Pour Rédoine Faïd, c’est l’analyse de sa téléphonie qui a été décisive : les enquêteurs ont passé au crible des milliers de lignes, dans le but d’identifier ses moyens de communication. Le voleur est extrêmement méfiant, son téléphone est toujours éteint ; mais ses proches, moins expérimentés en matière de banditisme, commettent quelques erreurs. C’est une des difficultés de la fuite : plus il y a de complices, plus les risques sont grands.

Vol à l’étranger

Et qu’en est-il de la fuite à l’étranger ? Les enquêteurs s’accordent à dire que cela permet au fugitif de gagner du temps. Encore faut-il réussir à passer la frontière. Surtout, elle ne constitue pas l’alpha et l’oméga de la cavale : la collaboration internationale est de plus en plus efficace, et des fugitifs sont régulièrement arrêtés aux quatre coins de la planète.

Certains parviennent cependant à passer entre les mailles du filet : Albert Spaggiari, qui a braqué la Société Générale de Nice en 1976, est mort en cavale après douze ans passés en Amérique du Sud. Une exception d’un autre temps.

 
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