Coupable de violences gratuites, un jeune schizophrène condamné à du sursis

Coupable de violences gratuites, un jeune schizophrène condamné à du sursis
Coupable de violences gratuites, un jeune schizophrène condamné à du sursis

Par

Baptiste Ringeval

Publié le

16 octobre 2024 à 17h28

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Un jour de novembre 2022, les abords du centre de formation informatique de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) ont été le théâtre d’une attaque gratuite d’un étudiant par un autre. Dans la soirée, Issam s’est présenté au commissariat du 20e arrondissement de Paris pour dénoncer les faits survenus après les cours, vers 16h45. Il a donné le nom d’un élève de sa classe et a fourni quelques précisions.

Lorsque le jeune homme de 22 ans a quitté l’établissement, il a rencontré Cédric qui était déjà dehors et semblait attendre quelqu’un. Alors qu’il s’apprêtait à monter les escaliers, Cédric est arrivé derrière lui et l’a bousculé. Sans un mot d’explication, il l’a attaqué et lui a administré un vraie correction. Il a commencé avec lui coup de tête par surprise avant de le pousser fort jusqu’à ce qu’il soit projeté au sol. Tout en l’insultant, il a continué en lui donnant une série de coups de pied pendant qu’Issam se recroquevillait pour se protéger du mieux qu’il pouvait. Cédric ne s’est arrêté que lorsqu’un passant est intervenu.

Près d’un mois plus tard, le médecin de l’Unité médico-judiciaire (UMJ) examine Issam. Il a noté quelques séquelles dont des traces persistantes de nombreuses contusions, mais aucun traumatisme crânien. Il s’est installé à incapacité totale de travail de quatre jours (ITT).

Schizophrénie paranoïde

Le lendemain des violences, Cédric est arrêté et interrogé par les policiers de Champs-sur-Marne dans le cadre de sa garde. Au terme de 48 heures de détention durant lesquelles il a reconnu sa responsabilité, il a été libéré. Estimant que son expulsion de l’établissement constituait une sanction suffisante, le parquet de Meaux a classé le dossier sans suite. Mais sur les conseils de son avocat, Issam a contourné la décision du parquet en le convoquant par convocation directe pour obtenir justice.

Deux dates étaient programmées successivement en janvier et avril mais elles ont fait l’objet de reports, notamment pour l’expertise psychiatrique de Cédric.

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Au bar, Cédric a expliqué les raisons de son geste : « Pendant les cours, je me sentais stressée et mal à l’aise parmi les autres. L’ambiance me paraissait désagréable. Je croyais que chaque réflexion m’était adressée et je les sentais humiliantes. J’avais des tocs oraux et je pensais entendre des bruitages se moquer de moi. À l’époque, j’ignorais ma maladie. On m’a diagnostiqué une schizophrénie paranoïde seulement en 2023. »

Après une très courte pause, il reprend la parole pour parler de la victime auprès de laquelle il vient de présenter ses excuses : « J’ai trouvé son attitude provocatrice et ses regards méprisants. Lorsqu’il est passé à côté de moi, j’ai cru voir une photo de moi sur l’écran de son téléphone. C’était probablement le résultat de ma maladie. Puis revenant sur lui : « Cela s’est mêlé insidieusement à mon quotidien. J’avais l’impression d’être la cible de tout le monde. La violence était l’expression d’un ras-le-bol. Aujourd’hui, je suis sous protocole médicamenteux et ça va mieux.

Le juge a partagé les conclusions de l’expert psychiatre avant de permettre à Issam de parler. Le médecin a reconnu sa maladie avec « un discernement altéré » mais l’a déclaré accessible à des sanctions pénales. Issam n’a prononcé que quelques mots, laissant à son avocat le soin de défendre ses intérêts : « Je ne le connaissais pas. Je ne lui ai jamais parlé.

Il était « important que la justice passe »

Le plaidoyer de la partie civile a été succinct. L’avocat a d’abord précisé que la démarche de son client n’était pas guidée par un esprit de vengeance mais qu’il était « important que justice soit rendue » car il s’agissait d’une « attaque injuste ». Il réclamait alors 3 000 € pour préjudice moral et corporel ainsi que 1 200 € pour frais de conseil.

Le procureur a mentionné que l’accusé était pénalement « responsable de violences gratuites », même si celles-ci étaient provoquées par une maladie non détectée et non traitée thérapeutiquement à l’époque.

L’avocat de la défense n’a pas tenté de minimiser l’infraction, la qualifiant d’injuste et de grave, et niant le besoin légitime d’explication de la victime. Elle a en revanche plaidé en exemption de peine en basant son argument sur une commission de violences antérieure à la découverte de la maladie. Elle a rappelé que celui-ci n’avait été obtenu que lors de l’hospitalisation de Cédric en 2023, suite à une agression inexpliquée contre son père. Elle parle de la conscience de son client qui utilise certaines formules pour décrire les faits : « Je croyais entendre… je croyais voir… ». Pour conclure, elle a demandé au magistrat de “retenir la suppression et non l’altération du discernement” en raison des “hallucinations acoustiques et visuelles” qui font partie des symptômes de la schizophrénie.

Cédric a été condamné à trois mois de prison avec sursis. Il devra verser 2 500 € à Issam dont 1 200 € d’honoraires d’avocat.

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