Le vieux caniche édenté | La presse

Le vieux caniche édenté | La presse
Le vieux caniche édenté | La presse

Les récentes déclarations du premier ministre Legault sur l’immigration sont étonnantes. Son gouvernement ressemble de plus en plus à un vieux caniche édenté, qui aboie sans pouvoir mordre.


Publié à 1h05

Mis à jour à 7h00

Ce que dit le premier ministre dans le cas des demandeurs d’asile ne nous ressemble pas, nous Québécois.

M. Legault suggère de rediriger de force les demandeurs d’asile vers d’autres provinces. Mais Paul Arcand a raison, en fait, il s’agirait simplement d’expulsions1.

On sait que cela n’arrivera pas, mais le discours est exécrable, car on a l’impression qu’au-delà du véritable problème que constitue cette catégorie d’immigrés, le Premier ministre aurait décidé de récupérer le dossier à des fins politiques.

Si l’on prend ses propos au pied de la lettre, M. Legault nous semble vouloir se transformer en un sosie du gouverneur du Texas, le très réactionnaire et républicain Greg Abbott, qui n’hésite pas à remplir les bus d’immigrants et à les expulser manu militari en d’autres États américains.

Pour progresser dans les sondages politiques, notre Premier ministre est-il prêt à radicaliser son langage sur les « étrangers » pour réaliser des gains politiques ? On sait que la formule s’avère payante dans les démocraties européennes par exemple.

Les Québécois sont certes inquiets de toute cette question d’immigration, mais nous restons un peuple généreux.

Nous savons tous que le nombre de demandeurs d’asile qui entrent au Québec n’a plus de sens, qu’il est devenu hémorragique. Nous convenons que, dans son ensemble, l’immigration doit être gérée et contrôlée de manière beaucoup plus rigoureuse qu’elle ne l’est actuellement.

Mais il est bien évident que, même si toute cette question est extrêmement complexe, la solution doit s’appliquer à l’entrée et non en montrant la sortie.

Dans des conditions normales, les Québécois seraient massivement derrière François Legault pour élever la voix et exiger du gouvernement fédéral des solutions urgentes et réalisables.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO JACQUES BOISSINOT, CANADIAN PRESS ARCHIVES

Le premier ministre du Québec, François Legault, jeudi dernier

Mais la confiance s’est effondrée, et les Québécois se montrent encore plus nombreux lorsque M. Legault commet des bêtises comme demander le renversement du gouvernement Trudeau.

Mais dans quoi s’implique-t-on ?

Nous devrions pouvoir décider comme tout le monde pour qui nous voterons aux prochaines élections fédérales. Tout va bien, nous allons nous impliquer dans son tricot et gérer sa garderie !

Et les Québécois ne sont pas fous, malgré leur grande tiédeur envers Justin Trudeau, ils ont compris que le premier ministre du Québec lui a donné un autre coup dans le dos.

Ils ont compris que son comportement affaiblit le Québec et que les libéraux fédéraux ne sont pas des idiots à plein temps, qu’ils ne lui rendront pas service lorsqu’il exigera leur retrait du Parlement à la dernière minute.

Le gouvernement du Québec improvise de jour en jour, il devient désespéré, les Québécois cherchent le plan derrière son action.

La CAQ est dans un état de panique politique. Elle comprend maintenant que le Parti québécois de Paul St-Pierre Plamondon ou un Parti libéral du Québec dirigé par Pablo Rodriguez la battraient statistiquement, selon le plus récent sondage Léger.⁠2.

Mais cela ne justifie pas l’indignité.

On a envie de crier que le Québec, ce n’est pas ça, que ce n’est pas le discours douteux de notre premier ministre. Que nous ne sommes pas une minorité qui se venge de son passé en stigmatisant les autres, les nouveaux arrivants ou les autochtones, comme des maltraités devenus agresseurs.

Nous sommes plutôt une minorité inquiète, très inquiète pour l’avenir de sa langue, de sa culture, qu’elle craint comme jamais de voir noyée dans un multiculturalisme imposé et à la mode. Mais notre préoccupation ne l’emportera jamais sur notre humanisme.

M. Legault a affirmé ces derniers jours qu’«il y a un message qui commence à passer», souhaitant que son discours tendancieux dépasse les raisonnements plus solides des observateurs politiques et de ses opposants, et que la population se joigne à lui dans ce qui ressemble à un vol d’identité.

Il faut espérer que le peuple québécois, aussi préoccupé soit-il par l’avenir incertain de sa culture, ne le suivra pas.

Enfin, nous l’espérons, car lorsque les braises de l’intolérance sont attisées par un leader politique comme un Premier ministre, cela risque de banaliser l’incendie à venir. D’où la gravité des propos de notre Premier ministre, et il le sait très bien.

Sinon, qu’est-ce qui empêche François Legault de déclencher immédiatement un référendum par lequel le Québec demanderait de s’emparer de tous les pouvoirs en matière d’immigration ?

La réponse à cette question serait un oui massif.

Allez, monsieur le premier ministre, un peu de courage, les Québécois n’attendent que ce geste pour exprimer toutes leurs craintes dans ce dossier !

Je suis convaincu qu’ils préféreraient immédiatement cette formule à la mesquinerie envers les humains qui tentent de trouver un endroit sûr sur cette planète.

Et ça lui ferait pousser quelques crocs, au gouvernement, au vieux caniche…

Entre nous

Discussions avec Joanne Liu sur Gaza. En contact avec les médecins qui y travaillent, elle m’explique que le plus difficile pour eux, sur le terrain, c’est parfois de devoir procéder à des amputations à froid d’enfants blessés, faute d’anesthésiques !

L’horreur, hurlant nos vies !

En lisant son livre Ebola, bombes et migrants, écrit avec André Pratte, qui nous fait découvrir le monde de Médecins sans frontières, dont elle a été la présidente internationale de 2013 à 2019.

Graham Nash au Québec dans les derniers jours. Très bien, mais impression de spectacle dans un RPA, une résidence pour personnes âgées, avec quelques extraterrestres de moins de 50 ans. De toute façon, les gens étaient obligés de retourner aux latrines pendant l’entracte !

Joanne Liu and André Pratte. Ebola, bombes et migrantsMontréal, Libre expression, 2024, 192 pages

1. Lire la rubrique « Relogement des demandeurs d’asile ? “En fait, c’est une déportation”

2. Lisez l’article de Journal de Montréal « Sondage : Pablo Rodriguez sortirait le PLQ de son hibernation »

Qu’en penses-tu? Participer au dialogue

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV 42% des maires n’informent pas suffisamment la population sur les risques industriels et naturels
NEXT Découvrez les résultats définitifs des élections municipales 2024 en Belgique ! (100% terminé)