Le projet de « promenade plantée » de Bastille à Stalingrad attaqué en justice, par référé

Le projet de « promenade plantée » de Bastille à Stalingrad attaqué en justice, par référé
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Martine Cohen prend un bain de soleil sur un banc, dans un petit parc qu’elle affectionne particulièrement. Cette sociologue à la retraite a fait de ce petit coin de verdure en plein Paris l’un de ses combats, avec sa collègue Sylvie Bonnet, présidente de l’association « Sauvons Jules et Richard ». Car lundi 13 mai, les portes nord et sud du square May-Picqueray doivent être supprimées, avant la suppression des portes de quatre places à Paris, pour créer une « promenade plantée », un temps comparée aux « ramblas » de Barcelone. . Mais pour Martine Cohen, supprimer les grilles, c’est en quelque sorte tuer un jardin. Son collectif, associé à France Nature Environnement (FNE), a également déposé lundi un référé devant le tribunal, afin de suspendre les travaux.

Entre Bastille et Stalingrad, le canal serpente parfois à découvert ou couvert de places. L’idée de la mairie avec ce projet de promenade végétalisée est, selon le dossier déposé à la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) – Île-de-France que nous avons pu consulter, de “favoriser la mobilité active et moderniser cet espace de détente et le rendre plus attractif”, en créant une rue cyclable, en verdissant un peu plus l’espace, en réaménageant les jeux pour enfants et enfin, en favorisant les passages d’un bout à l’autre.

Mais, critique l’avocat de la FNE, le projet a été coupé selon lui pour éviter de devoir passer par une étude d’impact environnemental, et surtout, réalisé sans véritable concertation. « L’Union européenne interdit le fractionnement d’un projet. Et l’étude d’impact est indispensable pour les moineaux, la gestion des espèces protégées, ou pour pouvoir dire si le public est attaché aux grilles… Ces procédures ne sont pas que du papier», tonne Maître Cofflard.

« La loi européenne dit que les impacts environnementaux doivent être évalués à l’échelle de l’ensemble du projet mais à aucun moment elle ne dit que les projets d’autorisation doivent être réalisés en même temps. Parce qu’on ne peut pas tout financer d’un coup. Ce que nous avons fait respecte totalement le code de l’environnement», répond François Vauglin, le maire du 11e.

« Les oiseaux ne nicheront plus »

Au fond, FNE Paris et Sauvons Jules et Richard considèrent le projet comme problématique dans ses dimensions démocratique, sociale et environnementale. Sur ce dernier point, les associations estiment que supprimer les grilles risque d’affecter gravement la biodiversité. « Les barrières empêchent les humains ou les animaux de traverser les haies. Et si on enlève les grilles, les oiseaux ne nicheront plus, la microfaune du sol disparaîtra avec le piétinement…», s’inquiète Yves Contassot, coprésident de FNE Paris. « Il est paradoxal de voir la Mairie de Paris, amoureuse d’écologie, participer à la destruction annuelle de 23 500 kilomètres de haies dans notre pays, […] en sacrifiant ceux, quarante ans, des boulevards Jules-Ferry et Richard-Lenoir», s’est ému le professeur Jean-François Bayart, membre de Save Jules et Richard, dans un blog.

La mairie semble avoir clairement identifié le risque, mis en avant dans son projet soumis à Drieat, et elle assure avoir mis en place « un protocole spécifique de soumission ». Mais il semble difficile d’évaluer son efficacité a priori. La mairie précise également que sur le square Jules-Ferry, « une autre haie » sera plantée « juste à côté » et que « la surface des espaces verts augmentera de 70 % ». Comment réparer les dommages que pourraient occasionner les travaux ? Surtout, précise le maire du 11e, « sur Mai-Picqueray, il n’est pas à l’ordre du jour de supprimer les grilles latérales, les seuls travaux engagés aujourd’hui sont les grilles nord et sud et le projet du square Jules-Ferry. »

“Quand on est derrière les haies on est à l’abri du tumulte”

Avant même la perte de biodiversité, les riverains craignent avant tout une perte de tranquillité. L’idée de ramblas ouvertes jour et nuit où défilent les fêtards de Bastille et de Stalingrad et de parcs ouverts qui abriteraient des deals la nuit n’enchante guère Sylvie Bonnet, présidente de « Sauvez Jules et Richard », qui souhaite que « les places restent des places. « Ça a des vertus d’être dans un lieu clos, quand on est derrière des haies on est à l’abri du tumulte. Un jardin qu’on peut fermer la nuit pour éviter les « abus » comme on dit, ça marche bien », abonde Philippe Khayat, de la FNE Paris.

Et si la tranquillité semble plutôt être une préoccupation d’adultes, les enfants pourraient aussi perdre un peu de liberté au passage, puisque, une fois les portails retirés, les jeux qui étaient ouverts sur la place seront désormais fermés, comme c’est le cas. l’obligation des jeux pour enfants. 20 minutes J’ai déjà pu constater le résultat mardi, puisqu’un petit toboggan était entouré d’une grille. « Anne Hidalgo et François Vauglin mettent les enfants en cage », dénonce Jean-François Bayart. «C’est l’abnégation même du droit des enfants à disposer d’espaces de jeu», renchérit Yves Contassot.

« Les enfants pourront continuer à jouer, mais ces espaces doivent être utiles à tous, et les personnes qui courent ou marchent ne doivent pas faire tout le tour. En face, la médiane est complètement ouverte, et il n’y a pas de problème de deal. Et quand on voit la grille qui doit faire 30 m de long, ça n’a aucun sens. Et sur les quadrillages nord et sud, il n’y a ni arbres ni plantes, alors pourquoi parler de biodiversité ? » argumente François Vauglin.

Un toboggan entouré d’une clôture, en prévision de la suppression des clôtures de la place.– Aude Lorriaux/20 Minutes

Pas de véritable consultation

Pourtant, flâner entre les places alignées le long de l’axe semble finalement logique. Depuis la porte sud du square May-Picqueray, on aperçoit l’extrémité du square Bréguet-Sabin. Mais pour passer de l’un à l’autre, il faut en faire le tour, car rien n’a été pensé pour les relier. Pourquoi ne pas au moins mettre ici un portail qui vous invite à traverser l’espace ? « Mais en fait, ils ne voulaient pas de portail ! », tonne Martine Cohen, qui affirme qu’elle aurait facilement pu accepter l’ouverture sur les côtés sud et nord de la place « s’il y avait eu une vraie négociation ».

Les opposants au projet ne se sentent pas écoutés. « Deux réunions ont été organisées à la 11e mairie par les députés Luc Lebon et Florent Hubert, l’une le 26 juin et l’autre le 28. [2023]. […] Aucune de ces deux réunions ne peut être considérée comme une réunion de consultation. Ce n’étaient que des réunions d’information sans que nous puissions proposer une alternative », déplore Sauvons Jules et Richard.

Par la suite, un questionnaire a été réalisé par le cabinet TraitClair fin 2023 mais il ne portait pas « sur le projet lui-même mais uniquement sur les usages souhaités des places », dénonce l’association. Seules 600 personnes ont répondu, alors que dans le même temps, plus de 6 000 personnes ont rejeté le projet de la mairie dans une pétition en ligne. “Ils ont essayé de nous tromper, leur manière de consulter est une fabrique de consentements, ils ont consulté sur des détails”, tempête Sylvie Bonnet. « Tout se fait par mensonges et camouflages, souligne Yves Contassot.

La mairie se défend en affirmant avoir modifié son projet. « Nous avons fait évoluer le projet, et nous avons proposé des travaux différents de celui envisagé au départ », précise François Vauglin, le maire du 11e arrondissement.

« Transformer les jardins en rues »

Les places Bréguet-Sabin, Richard-Lenoir, May-Picqueray et Jules-Ferry ne sont pas les seules visées par ce démembrement des portes. Sont également sur la liste le square Jean-XXIII près de Notre-Dame et le square de la Tour Saint-Jacques, tandis que le square Pasdeloup a déjà terminé sa transformation. Derrière cette transformation, il y aurait donc une philosophie plus générale d’ouverture des lieux fermés, qui selon Sylvie Bonnet ciblerait davantage les touristes que la population.

Car l’idée d’ouverture peut paraître séduisante à première vue, mais est-ce que cela fonctionne au quotidien ? Dans une tribune publiée sur le Journal du Grand Paris, historien, urbaniste et critique d’architecture-ville-paysage expliquent que cette idée avait par exemple déjà été tentée pour la place de la Tour Saint-Jacques en 1968, avant que les habitants ne dénoncent « l’état lamentable » et la « saleté répugnante » du jardin. Celui-ci sera finalement… fermé à nouveau, en 1997. Chiara Santini, Bernard Landau et Gwenaël Querrien résument cette philosophie par ces mots : « En voulant transformer tout l’espace de la rue en jardin, nos édiles risquent à terme de transformer les jardins en les rues! »

A cet aphorisme saisissant, le maire du 11e répond avec son expérience d’élu : « On a eu le même débat interminable entre ceux qui voulaient des portails et ceux qui n’en voulaient pas pour la place Truillot. Aujourd’hui, lorsque je fais le test de m’asseoir dans ce jardin et d’observer les réactions des gens, en quelques minutes, j’ai beaucoup de gens qui viennent me remercier. Je n’ai jamais ça dans un jardin clos. L’ouverture de ces jardins permet une appropriation générale. nous sommes dans un modèle d’espace public où chacun peut se l’approprier. »

 
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