la colère de ce président de département, pourtant dispensé d’effort financier pour réduire le déficit de l’Etat

la colère de ce président de département, pourtant dispensé d’effort financier pour réduire le déficit de l’Etat
la colère de ce président de département, pourtant dispensé d’effort financier pour réduire le déficit de l’Etat

L’Hérault, comme l’ensemble du Languedoc-Roussillon, est dispensé de contribuer à l’effort national de comblement du déficit de l’État, au nom de leur « fragilité » sociale et financière. Une dérogation loin de satisfaire Kléber Mesquida. Le Président (PS) du Conseil départemental dénonce l’abandon de l’Etat qui a conduit selon lui à cette situation critique. Entretien.

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Aude, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales: all the departments of the former Languedoc-Roussillon are in a situation of “fragilité» selon le gouvernement. Tout comme deux autres départements d’Occitanie : l’Ariège et l’Aveyron. Tous sont inscrits sur la liste des 20 départements de France métropolitaine et d’Outre-mer qui n’auront pas à contribuer à l’effort financier de réduction du déficit. Du moins en ce qui concerne les trois milliards de « contribution exceptionnelle » demandées aux collectivités sous la forme d’un prélèvement sur leurs revenus.

Une fragilité confirmée par le dernier baromètre de l’Agence France Locale, c’est-à-dire la banque communautaire. Il souligne que, si jusqu’en 2022, «il y a eu une amélioration sur cinq ans dans toutes les régions (…) 84 départements ont connu une dégradation de leur situation financière en 2023« . Une situation qui «se détériore rapidement», selon l’Assemblée des Départements de France.

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Ce 1er juillet 2021, élection de Kléber Mesquida à la présidence du département de l’Hérault.

© FTV

La faute en est au désengagement de l’Etat, selon le président (PS) du conseil départemental de l’Hérault Kléber Mesquida. Selon lui, cette exonération ne changera rien à la situation budgétaire critique des départements. Il nous a accordé une longue interview.

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Avez-vous été surpris de vous retrouver dans cette liste de 20 départements exemptés d’efforts financiers ?

J’ai été surpris et très en colère, car la réalité des chiffres montre que, déjà, l’Hérault, comme de nombreux départements, est saigné financièrement par la réduction constante des financements de l’État qui nous étrangle. Et ce, alors qu’en même temps nos revenus, nos dépenses obligatoires, augmentent de façon vertigineuse.

Dans ce contexte, cette exonération est-elle encore un soulagement pour vous ?

Aujourd’hui, il y a 29 départements qui sont dans une situation financière délicate, c’est-à-dire qui seront en situation de déficit budgétaire à cause des mesures qui nous ont été imposées, à cause des recettes de l’Etat qui ne rentrent pas et qui ont déjà été coupé de nous. Aujourd’hui, nous sommes en détresse. En gros, ils ont exempté 20 départements qui sont déjà dans le rouge, qui connaissent déjà de grandes difficultés et qui ne termineront pas l’année budgétaire sans être en déficit. Il s’agit donc d’un effet d’annonce.

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Vous vous dites « en détresse », mais sur quels postes budgétaires ?

Les subventions de l’Etat sont en principe là pour compenser l’ancienne fiscalité : l’ancienne taxe professionnelle, ancienne taxe d’habitation, sur la valeur ajoutée des entreprises. Cette année, nous avons reçu 4 millions de moins et l’année dernière, nous en avons reçu 13 millions de moins. La dotation globale de fonctionnement, versée chaque année à toutes les collectivités, ne cesse également de baisser depuis 10 ans (moins 56 millions d’euros cette année). À la fin de l’année, nous n’aurons pas d’autofinancement. D’où ma colère.

Quels seront vos compromis ?

Pour nous, la réduction des effectifs est impensable. Allons-nous couper l’aide aux personnes âgées, aux personnes handicapées, les services collégiaux, l’entretien des routes ? Tout cela est inacceptable. Lorsqu’elle est titulaire d’un dossier demandant une aide personnalisée à l’autonomie, la personne âgée ne peut pas attendre six mois pour que son dossier soit traité. Elle a besoin d’une réponse pour se rendre dans un établissement ou pour avoir de l’aide à domicile. Nous avons fait tout ce que nous pouvions, et ce pendant plusieurs années.

Selon vous, qu’est-ce qui explique votre placement dans cette liste de 20 départements exemptés d’effort financier ?

Nous avons contrôlé nos dépenses. Mais ils augmentent mécaniquement sous l’effet de la croissance démographique. Il y a 15 000 nouveaux habitants par an dans l’Hérault. Et cela dure depuis une quinzaine d’années. Ce qui passe à terme par des dossiers d’aide personnalisés aux personnes âgées, des indemnités d’invalidité et une insertion pour ceux qui ont perdu leur emploi.

Ce sont des compétences que l’État a progressivement transférées aux départements, avec toujours le même niveau de compensation financière calculé pour l’année « n » alors qu’aujourd’hui nous en sommes à n+10 ou 12. Ce différentiel, que l’on appelle le reste, s’élève aujourd’hui à Hérault à 227 millions d’euros par an. Et tous les départements sont dans des situations similaires proportionnellement à leur population. Nous sommes dans un étau, étranglés, étouffés.

Autres exemples :

  • Lorsque l’État nous confie 2 800 enfants placés sur décision du juge, nous sommes obligés d’héberger les enfants dans des foyers d’accueil spécialisés, auprès de familles d’accueil. Bien sûr, nous sommes un service public, mais nous n’avons aucune rémunération.
  • Parlons des commissariats et de la gendarmerie : on nous a demandé de mettre à disposition des assistantes sociales. Pourquoi pas ? Sauf qu’aujourd’hui, on en est à environ 300 000 euros non remboursés par l’Etat sur les salaires de ces personnes.
  • Quand nous évaluons les mineurs migrants non accompagnés avant de les héberger : c’est la responsabilité de l’Etat, mais il nous confie ce travail. Le coût pour nous est d’un million d’euros.

Malgré votre situation qui mérite cette dérogation, craignez-vous de devoir contribuer sous une autre forme à l’effort budgétaire ?

Quand on regarde bien le texte, ça me fait sourire, mais ce n’est pas agréable. Parce qu’on devrait quand même subir moins de compensations pour la TVA payée par les collectivités (quand vous investissez, deux ans plus tard, on vous rembourse la TVA) : cela fait 800 millions d’euros pour les collectivités). Nous nous dirigeons également vers un gel de la revalorisation annuelle des recettes de TVA, qui normalement compense aussi en partie la suppression des impôts locaux que j’ai évoquée plus haut. C’est un milliard de moins. Cela fait donc déjà près de 2 milliards qui n’iront pas aux collectivités, au moins 18 millions pour nous dans l’Hérault.

Comment envisagez-vous les quatre années qui vous séparent de la fin de votre mandat ?

Et on continue à ce rythme, d’ici fin 2025, on aura 85 départements sous tutelle. C’est-à-dire que c’est le préfet qui ordonnera, c’est-à-dire assumera en priorité les dépenses indispensables de fonctionnement. Ensuite, plus d’investissements, plus d’aides, plus de travaux sur les routes, dans les collèges. Tout sera gelé. Et fin 2025, je vous garantis qu’il y aura un grand nombre de départements dans cette situation, peut-être la nôtre, car sans levier fiscal, il n’y a pas de recettes.

Le budget global du département de l’Hérault est d’environ 1,8 milliard réparti entre investissement et fonctionnement. Et sur ce montant, 900 millions d’euros sont consacrés uniquement à l’assistance personnelle, à la protection maternelle et infantile et à l’intégration. Nous n’avons aucune marge de manœuvre.

Alors voilà, honnêtement, je ne sais pas comment nous allons procéder. Et je peux vous dire que depuis que je suis président, depuis 2015, nous sommes très attentifs aux questions budgétaires, je prône toujours la rationalisation, les économies, nous décalons aussi parfois certains de nos projets. Mais aujourd’hui, nous sommes étranglés, étranglés.

 
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