la CAQ prend les citoyens du Québec « pour des idiots »

Il y a à peine un jour, la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec était mise aux commandes du projet de tramway par le gouvernement Legault. Mais déjà, les doutes prennent le dessus.

Dans une lettre confiant à CDPQ Infra le mandat de poursuivre la planification d’une première phase du mégaprojet, évalué à un peu plus de 5 milliards de dollars, le ministre des Transports et le ministre des Finances se sont donnés jusqu’au 15 décembre pour signer une entente définitive avec leur partenaire. Les petits détails de la gouvernance, du budget, des inclusions et du calendrier doivent encore être clarifiés.

Mais au lendemain du dévoilement de cette lettre très attendue, le scepticisme régnait en maître dans les couloirs de l’hôtel de ville de Québec.

En fixant un nouveau délai de deux mois, la CAQ « prend la Capitale nationale pour des idiots », a déclaré la chef de Transition Québec, Jackie Smith.

D’autant plus, souligne-t-elle, que la menace d’élections fédérales à Ottawa, susceptibles de porter au pouvoir le chef conservateur Pierre Poilievre, farouchement opposé au tramway, est bien réelle.

La chef de Transition Québec, Jackie Smith. (Frédéric Matte/Archives Le Soleil)

« Pourquoi le 15 décembre ? Le pari est-il d’avoir des élections fédérales ? On se donne une porte de sortie, ça ne me rassure pas du tout.»

— Jackie Smith, la responsable de Transition Québec

«C’est un montrer fume, encore ! Est-ce qu’ils [les députés de la CAQ] avoir le courage de vraiment se décider, car ils avaient de nombreuses opportunités pour construire le tramway et ils ne les ont pas saisies. Ils peuvent tout dire, mais on ne les croit plus», a-t-elle affirmé, l’accusant du même souffle de maintenir le maire de Québec dans «une camisole de force».

« Notre maire doit être humble et obéissant à la CAQ. S’il ne se réjouit pas, c’est la CAQ qui le punira. C’est une jambe après l’autre alors qu’il essaie de se battre. S’il y a une fraction de pourcentage de chances que le tramway aboutisse, il doit garder espoir, mais s’il critique, il tuera les espoirs.»

La joie critiquée

Tant sur le sort des employés du Bureau de projet du tramway de Québec que sur la participation financière de 20 à 30 % promise de la Caisse, le « flou » persiste.

Et en « changeant de ton, le gouvernement Legault le maintient, selon le chef de l’opposition officielle.

«Au final, je n’ai pas trouvé beaucoup de raisons de ne pas pleurer et peu de raisons de me réjouir dans cette lettre», a illustré Claude Villeneuve, reprochant au maire de s’être réjoui mercredi. Je veux que le tramway parte, mais ce que je vois dans la lettre ne me rassure pas.

Comme ses pairs du deuxième parti d’opposition, M. Villeneuve dit avoir « beaucoup de difficulté à croire » que la date limite du 15 décembre puisse être respectée et qu’un projet puisse être lancé dès la prochaine saison de construction, comme souhaité. Le maire Bruno Marchand.

Le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve. (Frédéric Matte/Archives Le Soleil)

« Je suis convaincu qu’aucune construction n’aura lieu en 2025. Il est peu probable que nous parvenions à un accord, l’ampleur des choses restant à définir. Ce que nous n’avons pas résolu au cours des trois premiers mois depuis la présentation du rapport, j’ai du mal à croire que nous y parviendrons au cours des deux prochains mois.»

Et pendant ce temps, le Québec, qui reste sans réseau de transport structurant, s’enlise.

« Quand il y aura des actions, nous le croirons, mais ce gouvernement n’a pas agi. Au Québec, on passe beaucoup de temps à discuter de projets qui ne se réalisent pas. C’est comme un record de saut.

— Claude Villeneuve

La lettre rendue publique mercredi confirme, selon lui, « la tutelle définitive et complète de la Ville ». «Le Québec n’est plus maître de son destin sur un projet qui est essentiel. Nous nous laissons manger la laine de notre dos [et] nous sommes en difficulté», a déploré le représentant municipal.

Plan financier « impossible » à joindre

« Le 15 décembre, il n’y avait pas d’accord. C’est impossible sans tromper la population», a déclaré le chef de la deuxième opposition, Patrick Paquet.

Dans une liste d’une série d’éléments coûteux du mégaprojet, ce dernier estime la future facture pour mettre un tramway sur les rails au Québec à « 8,4 milliards minimum ».

Le chef de la deuxième opposition, Patrick Paquet, et son collègue élu Stevens Mélançon. (Yan Doublet/Le Soleil)

« L’analyse préliminaire de CDPQ Infra ne tient pas la route. Nous continuons à mentir à la population. Il est impossible de joindre un plan financier. Qui paiera la facture ? Nous sommes inquiets pour notre contribuable», a-t-il répété, aux côtés de son collègue élu Stevens Mélançon.

À ses yeux, les députés hors Québec doivent « se lever » pour empêcher que les sommes du pécule des Québécois soient injectées dans ce mégaprojet.

Et Bruno Marchand doit y mettre un terme, exhorte M. Paquet.

«Le maire aurait dû débrancher prise depuis son élection en 2021. Je ne sais pas pourquoi il persiste. S’il voulait contribuer à sa réélection en 2025, […] laissez-le retourner à la planche à dessin.

 
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