Selon les informations de la RTS, la Fondation Admed, le plus grand laboratoire d’analyses du canton de Neuchâtel, est en perte et son directeur fait l’objet d’un audit externe. Le projet immobilier lancé avec le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe), estimé à plus de 40 millions de francs, se retrouve ainsi compromis.
Au départ, il y avait un directeur général flamboyant, voire un peu flamboyant, les gens qui travaillaient avec lui le critiquaient. Il est le patron d’Admed, une fondation de droit privé dont le principal client est l’hôpital public.
Fort des bonnes affaires des années Covid, il a convaincu sa fondation de puiser dans ses réserves pour acheter un immense bâtiment à l’est de Neuchâtel afin de créer « le laboratoire du futur », comme il aime à le dire. Un projet réalisé en partenariat avec le réseau hospitalier neuchâtelois, qui doit y implanter des services ambulatoires pour désengorger ses urgences.
Le bâtiment de 10 000 m2, classé au patrimoine architectural moderne et vide depuis plus de dix ans, a été acheté pour 8 millions de francs. L’objectif est donc de centraliser les activités du plus grand prestataire d’analyses et de diagnostics médicaux du canton, tout en louant la moitié des locaux au RHNe. L’Admed a lancé les travaux cet été, toujours en puisant dans ses réserves.
Un chantier menacé d’arrêt
Mais depuis quelques jours, comme le constate la RTS, le chantier de rénovation tourne au ralenti. Selon des témoignages concordants, plusieurs scénarios sont étudiés pour éviter un gel total du travail. Il apparaît urgent de trouver entre deux et dix millions de francs pour poursuivre au moins la reconstruction de l’enveloppe extérieure, alors que les travaux de démolition touchent à leur fin.
Le manque de financement menace donc la poursuite de ce projet coûtant au total plus de 40 millions de francs. Comment deux partenaires aussi importants ont-ils pu se lancer sans garantir un financement ? Il s’avère que RHNe n’a pas encore signé le bail.
“Nous sommes toujours en négociations, c’est normal en tant que futur locataire”, a déclaré à la RTS Philippe Eckert, président du conseil d’administration du RHNe. Il ajoute que l’hôpital neuchâtelois doit encore peaufiner ce qu’il veut faire de cette importante extension et quelles prestations ambulatoires y seront dispensées.
Le montant du loyer est un problème
Selon plusieurs sources internes, il semblerait qu’Admed demanderait jusqu’à 30% de plus par m2 que ce qui avait été convenu l’année dernière dans une lettre d’intention. Par ailleurs, le RHNE est confronté à l’un des pires déficits de son histoire, avec des retards dans ses plans de restructuration. En bout de chaîne, l’absence de bail signé vous empêche donc pour l’instant d’obtenir un crédit construction auprès d’une banque.
Préoccupé par les informations portées à sa connaissance (…), le Conseil de Fondation a mandaté un prestataire externe pour réaliser une analyse
La négociation n’est pas près d’aboutir. L’Admed se démène donc actuellement pour tenter de trouver des financements intermédiaires, car elle ne peut plus compter sur ses réserves. Pire, ses résultats 2023 et son budget 2024 affichent des chiffres rouges, une première dans l’histoire du laboratoire qui réalise trois millions d’analyses par an et emploie plus de 200 personnes. Mais ce n’est pas tout : le directeur général d’Admed se retrouve sur la touche.
Le réalisateur accusé d’abus
Il a été démis de ses fonctions fin août dernier pour laisser la place à un audit externe de ses méthodes. Sous couvert d’anonymat, les salariés confirment plusieurs dysfonctionnements : un personnel en souffrance, une direction autoritaire et un directeur prêt à dépenser de l’argent. Selon nos informations, il aurait déjà dû rembourser une partie de ses notes de frais.
Certains ne veulent pas de ce nouveau projet de construction et font tout pour le démolir
La présidente du Conseil d’Administration de la Fondation Admed, Muriel Desaulles, confirme l’existence de cet audit : « Préoccupé par les informations portées à sa connaissance et soucieux d’un climat de travail constructif et respectueux, le Conseil de Fondation a mandaté un prestataire externe pour réaliser mener une analyse sur la gouvernance et le climat de travail, afin de comprendre tous les éléments à l’origine de ces difficultés. Comme c’est l’habitude dans une telle situation, le directeur général ne l’est pas. à son poste pendant l’analyse.
Egalement contacté, le directeur de l’Admed conteste ces accusations. Selon lui, la peur du changement qu’il dit représenter pousse ses collègues à lui faire du mal. “Certains ne veulent pas de ce nouveau projet de construction et font tout pour le démolir”, dit-il. Les résultats de l’audit sont attendus d’ici le milieu du mois prochain.
Gabriel de Weck et Ludovic Rocchi