Selon les estimations de l’organisation, le duo Amaury Dumortiez et Geoffrey Thiriez pourrait franchir la ligne un peu avant minuit (heure locale), samedi soir, soit vers 6 heures du matin, heure métropolitaine. Cette nuit caribéenne est donc la dernière pour les nordistes. Les « honneurs de ligne » – qui sacrent le bateau le plus rapide – leur tendent les bras et seul un incident de dernière minute pourrait les priver de la victoire en temps réel. Dans un mail envoyé à l’organisation, ils ne font pas allusion à cette victoire promise mais se réjouissent de retrouver la terre ferme et leurs proches : « On voit de plus en plus d’oiseaux, c’est bon signe. La terre approche… une pointe d’impatience se fait sentir », écrivent-ils.
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Amaury et Geoffrey signent une performance majeure avec cette course puisqu’ils sont sur le point de s’imposer sur un océan qu’ils traversent pour la première fois. Ils sont tous deux membres du Cercle de la Voile des Flandres, un club familial basé sur l’étang de Palluel près de Douai. Le directeur de course François Seruzier salue cet exploit : « Ils ont fait un travail remarquable et ont su mettre les watts quand il le fallait », commente-t-il. « Dans ce type de course, celui qui gagne est celui qui fait le moins d’erreurs et les bateaux de tête n’ont pas baissé les bras. » C’est en effet peu après Madère, il y a 10 jours, qu’Amaury et Geoffrey ont pris les commandes et continuent depuis de consolider une avance qui dépasse aujourd’hui les 30 milles, même une voiture à la fois. l’échelle d’un océan. Leurs dauphins, Gérard Quenot et Bertrand Daniels, sont attendus dimanche au lever du jour (heure locale), soit environ 6 heures plus tard. Les Rochelais sont également promis à une belle récompense puisque la victoire en temps compensé leur tend les bras.
Après ces deux bateaux de tête, les arrivées se succéderont à la Marina de l’Etang Z’Abricots, près de Fort-de-France. La journée de dimanche sera chargée puisque 27 bateaux sont attendus en moins de 48 heures, soit plus de la moitié de la flotte. Le premier solo, Ludovic Gérard, est attendu dans la nuit de dimanche à lundi. Le vainqueur en temps compensé serait alors Régis Vian qui pourrait même remporter le classement général, devant les duos.
En mer pour l’instant, chacun savoure encore chaque instant malgré la fatigue et l’énergie dépensée à slalomer entre les grains et le calme dans cette régate océanique de 3 800 milles. Heureux comme (Even) Job : « Tout se passe bien à bord du Shom/Epilepsie France dans le grand sud. Quelques nuits mouvementées ces derniers jours avec des grains à répétition. La centrale NKE perd la tête, les gribs mettent un peu de temps à télécharger, le casse-tête du routage…. sinon le bateau va bien et moi aussi, je n’ai juste pas pris assez de friandises et de saucisses… Allez, j’y retourne pour essayer de retrouver mes petits copains du Nord. »
Ce sont aussi les derniers kilomètres pour profiter simplement d’être là où ils sont. Sur Sleep Sailing Lab, nous « avons hâte de passer d’un côté à l’autre, nous ne voulons pas que ça s’arrête, nous ne voulons pas que cette belle traversée ne devienne qu’un souvenir. » Car comme l’écrivaient Eric Bastard et Alexandre Castelnau à bord d’Ishsha – l’Arche la Belle Porte dans un message reçu hier : « Il faut reconnaître que les conditions de navigation sont absolument exceptionnelles. Imaginez un décor de vagues formées mais avec une fréquence suffisante pour nous faire attraper du gros surf, entre 15 et 25 nœuds de vent établi, un soleil éclatant (entre les grains) et un bateau qui glisse sur son rail pendant des heures. On passe aussi de belles nuits étoilées à méditer affalés dans le pouf. C’est dans ce contexte, affranchi des aléas techniques, que nous naviguons depuis 2/3 jours. »
A votre arrivée, ce sera une délivrance. La joie et l’émotion de retrouver ses proches après 3 semaines de course. A la fin, chacun d’eux aura changé. Qu’il s’agisse d’une première ou d’une confirmation, chacun sera « différent » au moment de franchir la ligne d’arrivée. C’est aussi une transatlantique unique et engagée.
