au procès de l’attentat du 14-Juillet, la douleur indescriptible d’Audrey, une jumelle endeuillée

au procès de l’attentat du 14-Juillet, la douleur indescriptible d’Audrey, une jumelle endeuillée
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« BBonjour. Je m’appelle Audrey Borla. C’est très difficile.”

Un silence. Une inspiration. Une caresse de sa sœur Lucie dans le dos pour l’encourager. Puis Audrey Borla commence. en première instance.

« Ma vie s’est arrêtée le 14 juillet 2016. Elle ne s’est pas arrêtée, non ; ça s’est arrêté ce soir-là.

Le Niçois de 21 ans vient de monter à la barre et le public est déjà essoufflé. Avant elle, sa mère Marie-Claude, son père Jacques, sa sœur Lucie ont raconté à tour de rôle le drame de la famille Borla. Une famille endeuillée par l’attentat qui a fait 86 morts et plus de 450 blessés, sur la Promenade des Anglais.

Le procès en appel s’est ouvert le 22 avril devant la cour d’assises spéciale de Paris. Le cas d’Audrey est exceptionnel. Elle parle de sa sœur jumelle. Laura, 13 ans pour toujours. Laura, elleâme soeur. Elle est comme une meilleure amie, mais en mieux. Peu importe ce qui t’arrive, tu l’aimeras toujours.

Audrey et Laura. Laura et Audrey. Enfants. Puis les adolescents. Les sourires des deux petites blondes illuminent l’écran de la salle des « grands essais ». « Tout était un effet miroir. Nos cheveux, nos yeux, nos expressions faciales, nos voix… Et surtout, notre amour. Aussi pur que réel. Laura était “ une épaule”UN « livre intime » pour Audrey. Et réciproquement.

« La sensation de sentir son cœur cesser de battre »

Ce soir-là, Audrey et Laura ont échangé des vêtements, comme elles le font souvent. Ils sont venus voir le feu d’artifice, comme toujours. Leur mère revit la scène « comme si c’était hier. Bientôt, huit ans se sont écoulés. Ils sont restés irrémédiablement gelés.

Figé comme certains piétons, face à ce camion blanc qui fonce tous phares éteints. « Il zigzaguait en se dirigeant droit vers nous », se souvient Audrey. Elle plonge vers la plage en contrebas avec sa mère. Marie-Claude se blesse. Peu importe. Elle rampe sur les cailloux à la recherche de Laura. “J’ai crié, crié, scandé son nom.” Jacques la cherche aussi. Mais aucune trace de Laura.

La famille finit par revenir, partagée entre angoisse et espoir. Audrey se sent « une douleur énorme dans [s]a une poitrine qui [l]empêche la respiration. Je crois que je sens le cœur de Laura s’arrêter de battre. C’est une douleur inexplicable. Une douleur de mort. Ma tête me dit de garder espoir, mon cœur me dit le contraire… »

« Un exil nécessaire »

Le reste c’est ça “Un silence de mort” dans l’appartement familial. Les reproches de Nicolas, le frère de Laura. Un sentiment de culpabilité qui laisse Jacques dévasté. La douleur qui fait vaciller la raison de Marie-Claude. « Ma mère devenait folle de me voir. Elle me confondait avec Laura. Cela devenait insupportable », témoigne Audrey Borla. Elle se résoudra à « un exil nécessaire ».

Vient ensuite l’annonce. Tellement maladroit. Donc inaudible. Audrey avait encore “un espoir impossible”. Alors, quand nous avons confirmé la mort de son “âme soeur”elle a « Je détestais le monde entier. Et par-dessus tout, je détestais ces terroristes. Comment avancer sans mon double ? Sans ma vie ?

La colère le saisit. Elle ne la quittera plus jamais. La solitude non plus, malgré le soutien de Nicolas et Lucie. Elle aussi, confie-t-elle, a “J’ai perdu une partie” d’elle-même.

“Tu ne me fais pas peur!”

Une fois, une seule, Audrey Borla est revenue au Prom’, à l’endroit précis où elle “âme soeur” s’est envolée. « J’ai vu ce banc blanc. J’ai vu l’image de Laura. J’ai ressenti cette mort, ce massacre sous mes pieds. J’ai senti le dernier souffle de ma sœur. Elle était là, parmi nous. “

Audrey a été hospitalisée, sujette à des crises de boulimie. Jacques est toujours « obligé de baisser les yeux » quand il voit le visage de son jumeau sauvé. Marie-Claude est sous antidépresseurs. Elle le martèle : “Ce barbare a pris la vie de ma fille, mais il n’a pas réussi à faire tomber ma famille, dont l’amour est plus fort que la haine.”

Marie-Claude, Jacques puis Audrey s’adressent à l’accusé. Silencieux dans la boîte. Ils baissent les yeux. « Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, regardez-moi, Audrey Borla les y exhorte. Huit ans plus tard, je suis toujours là, devant vous. Nous retournons. Vous ne nous faites pas peur ! Vous m’avez enlevé ma sœur, mais pas ma force pour me battre.

Le président Petiteau suspend l’audience. La pièce reprend son souffle, tel un apnéiste revenant de l’obscurité.

 
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