À Sciences Po Rennes, les « minorités actives » ont-elles vraiment pris le pouvoir ? – .

À Sciences Po Rennes, les « minorités actives » ont-elles vraiment pris le pouvoir ? – .
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« Nous sommes tous des enfants de », peut-on les entendre crier depuis la rue. Ce mardi 30 avril, en fin de journée, une quarantaine d’étudiants de Sciences Po Rennes sont barricadés au sein de l’établissement, en attendant l’arrivée des CRS. L’évacuation a été demandée par la direction après une journée de blocage. Mais les quelques chaises et poubelles empilées devant le portail n’ont pas résisté longtemps aux forces de l’ordre. Un à un, les étudiants sont partis tranquillement. Aucun ne sera arrêté.

Ainsi, les Rennais ont imité leurs camarades de la capitale. Depuis plusieurs mois, les étudiants de Sciences Po Paris se mobilisent contre le conflit à Gaza. Dernière action en date : le blocage de l’établissement, le 27 avril. Avec, encore une fois, son lot de polémiques et de commentaires. Notamment celui de Valérie Pécresse, la présidente LR d’Île-de- qui a suspendu ses subventions : « Une minorité de personnes radicalisées, appelant à la haine antisémite, exploitée par LFI et ses alliés islamo-gauchistes, ne peut pas dicter sa loi (… ) « .

La suspicion se porte à son tour sur les neuf autres IEP en France, censés former l’élite nationale. Et scandalise Coline, en 2e année à Rennes. « Ce mouvement est diabolisé », s’insurge la jeune femme, parmi les étudiants bloquants. « Pourtant, notre école se veut humaniste. Il me paraît impensable de ne pas se mobiliser pour dénoncer un massacre de civils. Car les premières victimes de ce conflit, ce sont eux. Qu’il s’agisse de ceux du 7 octobre, des otages du ou des Palestiniens d’aujourd’hui.»

La main d’une « minorité radicale » ?

Les mots sont soigneusement choisis. Les étudiants savent qu’ils marchent sur des œufs. Mardi matin, au début du blocus, un jeune – extérieur à l’établissement, jurent-ils – a cru bon de peindre ce slogan sur la façade du bâtiment : « Sionistes, pétainistes, nous allons vous tuer ». L’inscription n’a pas duré longtemps. « Nous avons décidé à la majorité de le supprimer », souligne un étudiant mobilisé. Nous refusons tout appel à la haine et à la violence. »

Si le soutien à Gaza semble largement partagé, le mode d’action fait débat, en pleine période sous revue. Cet étudiant y voit même la main d’« une minorité radicale qui impose ses méthodes aux autres ». Et il est impossible, selon lui, de le dire lors des Assemblées générales. “Il y a une forte pression sur les idées qu’on peut défendre, une sorte de pensée singulière”, assure-t-il. Une affirmation mise à mal par l’un de ses camarades, qui s’estime pourtant peu politisé. « l’écrasante majorité de l’IEP est de gauche, ceux de droite peuvent s’autocensurer. Mais il existe de nombreuses conférences ou débats où chacun peut exprimer son opinion. »

Des critiques sans doute aussi anciennes que le mouvement étudiant lui-même. « Il y a de la pression mais ce n’est pas nouveau », souligne le politologue Romain Pasquier, lui-même professeur à l’IEP de Rennes. En une vingtaine d’années, constate-t-il cependant, la jeunesse universitaire s’est éloignée du centre gauche et s’est rapprochée de la gauche radicale. Avec un retour des « minorités actives » très années 1970, qui auraient une « conception totalitaire du débat ». « Ces militants se considèrent comme porteurs de vérité et ont du mal avec le pluralisme. »

En 2019, le nom d’un étudiant placardé

Sciences Po Rennes a expérimenté ces méthodes radicales il y a cinq ans. Dans le sillage de #MeToo, une poignée d’étudiants ont multiplié les actions pour dénoncer le patriarcat au sein de l’établissement. Le nom d’un étudiant accusé d’agression sexuelle était même affiché devant l’établissement en mars 2019. Quelques jours plus tard, le jeune tentait de se suicider. L’affaire s’est terminée devant le tribunal.

Procès du « wokisme »

De quoi alimenter le procès pour « wokisme » intenté contre le monde académique, y compris par le gouvernement. Dominique Maliesky, ancienne professeure à l’IEP de Rennes, y voit, de son côté, une manière de discréditer. « Il y a toujours eu des mobilisations à Sciences Po, souligne-t-elle. Il est vrai que les thèmes variaient. Les jeunes d’aujourd’hui sont très engagés sur le climat et les violences sexistes et sexuelles. Mais ce ne sont pas des monstres radicaux qui deviennent fous. » Elle serait même tentée de dire que les jeunes sont plus à droite que par le passé. En témoignerait la présence inédite de militantes RN engagées à l’IEP. « Il y a quelques années, cela aurait été impensable. »

#Maroc

 
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