Les éleveurs sont moins soutenus face aux loups

Les éleveurs sont moins soutenus face aux loups
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Plus de la moitié des éleveurs de moutons et de chèvres du canton de Fribourg n’ont plus droit aux aides fédérales. En cause, une mise à jour de la liste des cotisations pour les mesures de protection des troupeaux.

Faut-il continuer à investir dans la protection des moutons contre les loups ? C’est la question que se posent certains éleveurs du canton. © Alain Wicht-archives

Faut-il continuer à investir dans la protection des moutons contre les loups ? C’est la question que se posent certains éleveurs du canton. © Alain Wicht-archives

Publié le 05/02/2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Il y a quelques semaines, les éleveurs ovins et caprins fribourgeois attendaient de savoir quelle aide financière la Confédération allait leur apporter dans la lutte contre les loups (notre édition du 30 mars 2024). Depuis la mi-avril, ils sont réparés. Et pour certains propriétaires de moutons et de chèvres, la pilule est amère. Patrice Raboud, président de l’Association fribourgeoise de l’élevage ovin et caprin (AssOvCap) en a fait l’expérience. Avec son fils, ils ont récemment investi plusieurs centaines de francs pour électrifier les clôtures qui protègent leurs soixante-dix animaux. Mais lors de l’envoi des récépissés et de leur demande de soutien, le canton les a informés qu’ils n’étaient plus éligibles.

En cause, une mise à jour par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) de la liste des contributions aux mesures de protection des troupeaux, qui classe désormais le renforcement des clôtures pour ovins et caprins dans la catégorie des « mesures temporaires ». « Un montant forfaitaire valable cinq ans peut être versé en faveur des exploitations ayant droit aux paiements directs et situées en zone SAU (surface agricole utile, ndlr) ou en alpage », précise le document du 16 avril 2024.

Malheureusement, Patrice Raboud ne perçoit pas de paiements directs, l’élevage ovin étant pour lui une activité secondaire. « moi, de nombreux éleveurs espéraient pouvoir obtenir ces subventions. Ils sont déçus», dit-il.

Aide possible en 2023

Interrogé sur cette modification, l’OFEV précise que «les conditions du soutien n’ont pas changé». “Il se peut que des ressources non utilisées les années précédentes par les exploitations ayant droit aux paiements directs aient permis de soutenir des exploitations qui n’y avaient pas droit”, ajoute l’office fédéral. Il n’en demeure pas moins que les personnes qui pouvaient espérer une subvention en 2023 ne sont plus éligibles pour déposer un dossier en 2024.

David Stöckli, président d’un groupe de travail interservices qui réunit des spécialistes de Grangeneuve, du Service des forêts et de la nature, du Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, et du tourisme, confirme : « Pour certains des titulaires, il n’est plus possible d’obtenir des aides. . Comme ce sont les cantons qui vérifient que les demandes correspondent aux exigences fédérales, seules celles des exploitations bénéficiant de paiements directs seront désormais transmises à l’OFEV.

« La plupart des opérateurs ne reçoivent pas de paiements directs »
David Stockli

Selon Patrice Raboud, la majorité des titulaires se retrouvent dans une situation similaire à la sienne. «La plupart des agriculteurs ne reçoivent pas de paiements directs parce qu’ils pratiquent l’élevage comme passe-temps et n’en vivent pas», ajoute David Stöckli. En effet, sur les 1193 éleveurs ovins et caprins du canton de Fribourg, 619, soit plus de la moitié, ne bénéficient pas de paiements directs.

52 pour cent

La proportion d’éleveurs d’ovins et de caprins qui ne bénéficient pas de paiements directs.

Le président de l’AssOvCap voit dans ce changement récent une volonté de la Confédération de professionnaliser l’élevage ovin et caprin. L’OFEV nie poursuivre de tels objectifs, mais précise que «les mesures de protection des troupeaux ont ciblé dès le départ l’agriculture de production, qui est concrètement impactée par le retour des grands prédateurs, puisque ses revenus dépendent des possibilités de production». «L’OFEV a dû adapter les conditions et a choisi de soutenir ceux qui vivent de l’agriculture, car la demande de subventions est supérieure aux fonds disponibles», estime David Stöckli. « En 2023, déjà au printemps, il n’y avait plus d’argent », se souvient-il.

Autres changements

Les 4 millions de francs prévus pour 2024 suffiront-ils à couvrir les demandes de soutien pour toute l’année ? «Nous supposons que le fonds sera à nouveau épuisé», répond l’OFEV. Et de préciser que ce crédit n’est pas uniquement destiné aux clôtures, mais à toutes les mesures temporaires inscrites au tableau des contributions, dont certaines sont prises par les cantons (l’acquisition de matériel d’effarouchement, par exemple). Outre les clôtures, d’autres mesures ont été sujettes à modification. Le financement du personnel auxiliaire engagé par les exploitations alpines a été supprimé et les prix du foin ont été adaptés à l’indemnité fourragère versée en cas de descente précoce. « La liste n’a pas été modifiée en ce qui concerne les chiens de protection des troupeaux. Ces derniers sont soutenus par des crédits réguliers (3,7 millions de francs) et non par des crédits supplémentaires (4 millions)», précise encore l’OFEV.

Du côté des éleveurs, l’impression est que d’une part les mesures de protection sont encouragées par les autorités, tandis que les subventions continuent de diminuer. «Certains éleveurs de moutons et de chèvres, mettant de côté l’impact émotionnel de la mort d’un animal, se demandent s’il ne vaut pas mieux ne rien faire contre le loup. Car les indemnisations pour la perte des cheptels tombent plus facilement que les subventions pour leur protection », explique Patrice Raboud. Mais cela pourrait changer en 2025 : une révision de l’ordonnance fédérale sur la chasse, actuellement en consultation, prévoit que seuls les dommages causés aux animaux « raisonnablement » protégés seront indemnisés.

« Chaque fois qu’on change de pâturage, il faut refaire une clôture »

Malik Bajrami fait partie des 48% d’éleveurs ovins et caprins du canton de Fribourg qui bénéficient de paiements directs. Comme ces dernières années, il pourra donc prétendre à une aide fédérale en 2024 pour financer les clôtures électrifiées qui protègent ses 650 moutons des prédateurs. Toutefois, contrairement aux années précédentes, le montant versé ne sera plus calculé en fonction de la longueur des clôtures installées ou remplacées. Il percevra une somme forfaitaire pendant cinq ans, définie en fonction de la taille de son exploitation et de sa situation géographique.

L’éleveur pourrait en bénéficier, mais il est difficile de dire si ce forfait suffira à couvrir les travaux liés à l’installation des clôtures. « Chaque fois que vous changez de pâturage, vous devez refaire une clôture. les deux ou trois jours, nous installons une clôture », explique-t-il.

 
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