Au vu de ces chiffres, il apparaît que les marches pour le climat sont moins rassembleuses qu’avant en Belgique. En décembre 2018, environ 65 000 personnes se sont rassemblées dans la capitale pour exiger que les hommes politiques et les décideurs prennent des mesures pour lutter contre le changement climatique. En décembre 2022, on comptait 25 000 manifestants, selon les chiffres de la police, et 30 000 selon les organisateurs. Un an plus tard, ce chiffre était passé à 20 000. En juin 2024, seulement environ 500 personnes ont défilé dans les rues de Bruxelles.
Greta Thunberg présente samedi à Bruxelles lors d’une manifestation pour le climat
La popularité de Greta Thunberg semble s’aligner sur ce déclin de la mobilisation pour la cause environnementale. En mars 2020, lorsque l’icône de la lutte climatique déferle dans les rues de Bruxelles, il a fallu mobiliser une dizaine de policiers ainsi qu’une escouade de militants armés d’une corde pour la protéger de la foule. Aujourd’hui, la militante ne déchaîne plus autant les passions. Il faut se rendre sur les réseaux sociaux de l’ONG Stop Fossil Subsidies pour apprendre que le pionnier des grèves scolaires pour le climat débarque dans la commune de Manneken-pis.
Il y a quelques années, Greta Thunberg était encore présentée comme la figure emblématique du militantisme ayant sacrifié son éducation pour sensibiliser à la crise climatique. Son engagement a inspiré des milliers de jeunes. Mais avec la popularité s’est ajoutée la critique. Ses reproches adressés au « vieux monde » lui ont valu d’être ridiculisée par ses détracteurs, et parfois diabolisée. Après avoir marqué l’histoire avec son discours à l’ONU, après avoir été la plus jeune personne désignée « personne de l’année » par le TIME, après avoir été nominée pour le prix Nobel de la paix, l’égérie a perdu de sa superbe. Aujourd’hui, l’effet « Greta Thunberg » s’essouffle.
Greta Thunberg arrêtée au Danemark lors d’une action pro-palestinienne
Depuis octobre 2023 et la réponse d’Israël aux attaques du Hamas, Greta Thunberg a redirigé son énergie vers la cause palestinienne. Elle a troqué sa tresse scandinave contre le keffieh. Ce qui l’expose à un front de critiques encore plus important qu’auparavant. D’adolescente de 16 ans dont le combat a été observé avec un mélange de tendresse et d’admiration, elle est passée du statut d’adulte emmenée par la police. À une époque où ceux qui jettent de la soupe sur les œuvres d’art sont qualifiés de criminels, la figure de Greta Thunberg tombe en disgrâce.
Sa chute accompagne le désintérêt qui colle au combat écologiste. Une partie de la défaite électorale d’Ecolo et Groen le 9 juin se situe dans ce domaine.
