Ces trappeurs de Haute-Loire traquent la faune inscrite sur liste noire

Ces trappeurs de Haute-Loire traquent la faune inscrite sur liste noire
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Les trappeurs agréés qui se présentent comme les nouveaux gardiens de la nature ne parlent plus d’espèces « nuisibles » mais de celles susceptibles de causer des dégâts (Esod). Ils traquent quotidiennement les espèces sauvages inscrites sur liste noire, notamment dans le monde agricole.

Dans la corbeautière, une demi-douzaine d’oiseaux bougent dans tous les sens, se jetant contre les clôtures à l’approche de Pierre Bonnaud et de son ami Alain Lager, président de l’association des trappeurs agréés et gardiens privés.

Un piège à corbeaux, comme son nom l’indique, est un piège à corbeaux qui fonctionne un peu comme un piège à guêpes. Le journal du chasseur détaille son fonctionnement : « Le corbeau arrive par les airs dans une sorte d’entonnoir. Il passe entre les barreaux de l’échelle et la forme du piège l’empêchera d’en sortir car son envergure sera trop grande pour passer entre les barreaux.

Le trappeur est titulaire d’un agrément délivré par la préfecture

Pourtant, depuis la dernière visite de Pierre Bonnaud, un oiseau a réussi à s’échapper. Il ne s’agit pas d’un corbeau mais d’un corbeau noir, un animal puissant, au bec redoutable et redouté des agriculteurs, en raison des dégâts qu’il provoque sur les cultures, notamment le maïs. .

Alain Lager est venu de Saint-Cirgues pour récupérer un corbeau qui servira d’appât à piéger dans sa propre commune. Comme Raboliot, le trappeur est un amoureux de la nature. Il y a seulement quelques décennies, tout le monde à la campagne pratiquait le piégeage. On se souvient bien sûr des photos de la foire aux oiseaux d’eau du Puy qui fut un moment fort de la vie locale, offrant à beaucoup l’occasion de joindre les deux bouts.Ce geai des bois piégé n’est pas sur liste noire en Haute-Loire et va être relâché.

Contrairement au héros de Maurice Genevoix, le trappeur d’aujourd’hui respecte une réglementation rigoureuse. Il est titulaire d’un agrément délivré par la préfecture (après une formation pratique délivrée à une trentaine de candidats à Lavaux près de Paulhaguet et théorique par la fédération des chasseurs), il doit avoir l’autorisation du propriétaire du terrain ou du droit de chasse, avoir déposé une autorisation triennale en mairie de la ou des commune(s) concernée(s) par le piégeage, inscrire votre numéro d’agrément sur chaque piège utilisé, procéder quotidiennement à un contrôle des pièges (pour ceux qui capturent l’animal vivant) ou encore tenir un relevé quotidien relevé des captures, qui doit être transmis une fois par an à la fédération des chasseurs.

Les prises accessoires sont relâchées

Le trappeur doit néanmoins tuer l’animal capturé le plus rapidement et le plus indolore possible. Pierre Bonnaud, quant à lui, a l’habitude de ne pas laisser le cadavre du renard ou de tout autre animal à l’air libre mais de le cacher à l’abri des regards, par exemple sous un tas de pierres.
Le trappeur est par nature très discret. Au point parfois que sa « mission » de régulation de certaines espèces et le service qu’elle rend à la population donne lieu à des malentendus.

Le trappeur agréé est tenu de relâcher toute capture accidentelle. Le jour de notre visite, sur les terres de Pierre Bonnaud à Séneujols, un geai des bois, attiré par l’appât, un œuf de poule, était piégé dans une boîte piège, placée en bordure du champ par le propriétaire des lieux. On trouve tous types de pièges sur ces terres agricoles que Pierre Bonnaud a réservées en grande partie à la reproduction des lapins sauvages en vue de la réintroduction de ce petit gibier. Pour en revenir au geai, cet oiseau n’est actuellement pas répertorié en Haute-Loire, parmi les espèces susceptibles de causer des dégâts (Esod). Après quelques heures de captivité, l’oiseau a retrouvé la liberté.

Une seule belette peut causer de 7 à 8 000 euros de dégâts

Les chasseurs et trappeurs notamment ont banni de leur vocabulaire le terme « espèce nuisible » qui donne une image négative de leur discipline, là encore parfaitement légale.

Entre 700 et 800 personnes pratiquent officiellement le piégeage dans le département. Il y a environ 200 personnes « actives », et un peu plus d’une centaine de membres de l’association des trappeurs et gardes privés.

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Le renard, la martre, la fouine, la belette, le freux, l’étourneau font partie des espèces piégées en , mais la liste évolue au fil du temps et selon les départements. Pour entrer dans la liste, des chiffres de dégâts doivent être établis pour chaque espèce. La martre n’en fait plus partie en Haute-Loire. « Cela provoque des dégâts, notamment dans les ruchers, mais les apiculteurs ne déclarent pas systématiquement les pertes. Donc on a perdu la martre comme Esod», regrette Alain Lager. En revanche, la fouine qui pénètre dans les combles des maisons et détruit l’isolation, est retenue. « Un seul sujet peut causer 7 à 8 000 euros de dégâts », note Alain Lager. De son côté, Pierre Bonnaud cite l’exemple d’une habitante de Taulhac au Puy, qui a subi 4 500 euros de dégâts à son domicile avec une seule fouine.

Les trappeurs altiligariens espèrent voir un jour prochainement la pie à bec noir réapparaître dans leur liste (c’était il y a six ans). L’oiseau causerait des dégâts aux cultures de fruits rouges et aux réserves d’ensilage en picorant les balles. « Les exploitants font une déclaration à la direction territoriale qui alerte le lieutenant de louveterie, qui peut régler lui-même le problème ou faire appel à un piégeur disposant d’une autorisation temporaire de piégeage d’un ou deux mois », explique Alain Lager. Les associations de protection de la nature regrettent à juste titre la disparition des moineaux. « Mais que font-ils pour se protéger de la pie qui détruit les nids ? », s’insurge Pierre Bonnaud.

L’invasion des ratons laveurs

Parmi les espèces dites « envahissantes », le raton laveur a littéralement colonisé la Haute-Loire. 367 ont été piégés l’an dernier dans le département selon les données recueillies par les carnets de prélèvements. « Leur nombre augmente. Plus de ratons laveurs sont capturés que de renards, notamment dans la vallée de l’Allier. Le mammifère commence à envahir le Val de Loire », précise Alain Lager. “Certains sont porteurs d’un parasite transmissible à l’homme”, ajoute Pierre Bonnaud.

Le vice-président de l’association estime qu’il faudrait un couple de renards pour 250 hectares. En réalité, la densité est bien plus élevée. « Selon moi, il y a un déséquilibre dans la nature, remarque Pierre Bonnaud. Cependant, le piégeage maintient cet équilibre prédateurs/proies et aide la petite faune. Il assure également une veille sanitaire tout au long de l’année. Il arrive que l’on capture par hasard des espèces assez discrètes comme le chat des forêts ou la genette, récemment une à Polignac, une autre à Frugières-le-Pin.

Philippe Suc

Contact. Il n’est pas nécessaire de détenir un permis de chasse pour pratiquer le piégeage. Pour en savoir plus sur cette pratique, il est possible de venir au rendez-vous de l’association, le 5 mai à partir de 8h30, à la Halle de Saint-Paulien ou par mail : les [email protected]

Incitations au piégeage en Haute-Loire

Il existe de nombreux équipements de piégeage de la faune.
En 2024, les trappeurs agréés verront leur activité évoluer. Une entente de financement est signée entre la fédération des chasseurs et l’association des trappeurs.

Adhérer à l’association vous donne droit à une assurance et à une protection juridique. Une convention a été récemment signée avec la fédération des chasseurs qui rembourse 20 € à l’association pour chaque trappeur qui remet son carnet de piégeage à temps. En contrepartie, le trappeur ne paiera pas de cotisation. La réglementation impose au piégeur de transmettre un rapport annuel des captures à l’administration. D’un commun accord entre l’association et la fédération de chasse, il est donc demandé au piégeur de fournir un relevé détaillé de son activité : pression de piégeage, nombre et répartition des captures, types de pièges utilisés, etc.

Différentes catégories de pièges sont autorisées, comme les caisses à chat sauvage et autres pièges permettant de capturer l’animal par contention dans un espace clos sans le retenir directement, les pièges déclenchés par pression sur une palette ou par retrait d’appât, ayant pour effet de tuer l’animal. Ils sont apparemment moins employés actuellement.

Il existe également des colliers équipés d’un bouchon. Enfin, ceux qui possèdent des lacets et qui permettent de capturer l’animal par une partie de son corps, sans le tuer. C’est en tentant de s’enfuir que la bête est retenue par une patte.

L’accord signé prévoit également le remboursement par la fédération à l’association de 60% de la valeur des casiers achetés par l’Acca (associations municipales de chasse agréées). Ces « facilités » accordées aux trappeurs s’inscrivent dans la politique cynégétique départementale de rétablissement du petit gibier. On comprend donc que le renard, dont les populations sont en croissance, n’est pas le bienvenu.

 
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