« Notre rêve est que la France soit en réseau avec des restaurants participatifs »

« Notre rêve est que la France soit en réseau avec des restaurants participatifs »
« Notre rêve est que la France soit en réseau avec des restaurants participatifs »

Diane Dupré la Tour est co-fondatrice des petites cantines et auteure de «Comme à la maison» (Actes Sud). Elle était sur le plateau de l’émission « 6 Minutes Chrono » de Lyon Capitale, pour présenter son livre, paru le 1er mai.

Diane Dupré la Tour explique ce qui l’a poussée à écrire « Comme à la maison », mêlant à la fois son histoire personnelle et celle des Petites Cantines qu’elle a cofondées : «J’ai voulu déconstruire les idées reçues qui accompagnent l’histoire des petites cantines. Nous faisons des restaurants participatifs et à prix libre. Le projet est né à Lyon en 2016. Et depuis, il a grandi. Il existe d’autres restaurants qui sont nés dans d’autres quartiers de Lyon, dans d’autres villes de la région, d’autres villes de France. Certains disent : « Wow, quelle réussite. » En fait, je voulais montrer que ce projet ne repose pas seulement sur des forces, des atouts, des réussites, mais qu’au départ, il y a des défauts, il y a des difficultés, il y a des accidents dans la vie, comme nous pouvons tous en avoir dans notre vie. Et ces défauts sont beaux car on peut les transformer à condition de compter les uns sur les autres. C’est cette histoire de rebond que j’ai souhaité partager pour déconstruire les imaginaires autour de la réussite. Et puis l’autre truc aussi c’est que souvent, comme les petites cantines, ce sont des restaurants à prix libre, on a envie de les mettre dans une case qui est la case sociale. On se dit, puisque c’est gratuit, c’est pour les personnes pauvres, les personnes en situation précaire, en difficulté. Et on n’ose pas pousser la porte nous-mêmes, même si quand je me vois, par exemple, à quel point cela m’a transformé, on en a tellement besoin.

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Parce que ce n’est pas seulement un lieu pour rendre accessible des repas équilibrés et savoureux à des personnes qui n’y ont pas forcément accès. Ce sont aussi des lieux pour rencontrer des gens improbables, des gens qu’on n’aurait pas rencontrés dans la vraie vie, soit parce qu’on ne les rencontre pas, soit parce que lorsqu’on les rencontre, on ne les regarde pas. . C’était mon cas. Et il a fallu cet accident de la vie pour que j’ouvre les yeux. Et aujourd’hui, quand je vois tout ce qu’il m’a apporté, j’ai envie de le partager avec le plus grand nombre.

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Elle explique également à qui s’adressent les Petites Cantines : «C’est pour tous ceux qui souhaitent répondre à leur besoin de se sentir connectés. Cela concerne tout le monde, quel que soit notre âge, quel que soit notre parcours de vie, quelle que soit notre culture, quelle que soit la période du mois où nous nous trouvons. Est-ce le début du mois, la fin du mois ? Sommes-nous en pleine forme ou sommes-nous un peu fatigués aujourd’hui ? On ouvre la porte et c’est un endroit pour venir vraiment manger, partager simplement des nouvelles du quartier et ressortir après avoir vraiment rechargé ses batteries. Pas celles de votre smartphone, mais celles de notre corps et celles de notre esprit. C’est beaucoup plus large.

Plus de détails dans la vidéo…


La transcription complète de l’émission :

Bonjour à tous. Bienvenue dans l’émission « 6 minutes chrono », le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd’hui, nous accueillons Diane Dupré la Tour, co-fondatrice des petites cantines avec Étienne Thouvenot. Nous allons en parler. Nous l’accueillons à l’occasion de la sortie de son premier livre « Comme à la maison » chez Actes Sud, sorti depuis le 1er mai. Bonjour Diane Dupré-Latour. Merci d’être venu sur notre plateau. Nous allons entrer un peu dans le vif du sujet. Pouvez-vous nous raconter un peu la genèse de ce travail qui conjugue votre vie personnelle, marquée par la mort de votre mari dans un accident, et aussi la création des petites cantines ? Vous nous expliquerez ce que c’est un peu plus tard. Mais quel a été l’élément déclencheur pour écrire ce livre ?

J’ai voulu déconstruire les idées reçues qui accompagnent l’histoire des petites cantines. Nous faisons des restaurants participatifs et à prix libre. Le projet est né à Lyon en 2016. Et depuis, il a grandi. Il existe d’autres restaurants qui sont nés dans d’autres quartiers de Lyon, dans d’autres villes de la région, d’autres villes de France. Certains disent : « Wow, quelle réussite. » En fait, je voulais montrer que ce projet ne repose pas seulement sur des forces, des atouts, des réussites, mais qu’au départ, il y a des défauts, il y a des difficultés, il y a des accidents dans la vie, comme nous pouvons tous en avoir dans notre vie. Et ces défauts sont beaux car on peut les transformer à condition de compter les uns sur les autres. C’est cette histoire de rebond que j’ai souhaité partager pour déconstruire les imaginaires autour de la réussite. Et puis l’autre truc aussi, c’est que souvent, comme les petites cantines, ce sont des restaurants à prix libre, on a envie de les mettre dans une case qui est la case sociale. On se dit, comme c’est un prix libre, c’est pour les pauvres, les personnes en précarité, en difficulté. Et on n’ose pas pousser la porte nous-mêmes, même si quand je me vois, par exemple, à quel point cela m’a transformé, on en a tellement besoin. Parce que ce n’est pas seulement un lieu pour rendre accessible des repas équilibrés et savoureux à des personnes qui n’y ont pas forcément accès. Ce sont aussi des lieux pour rencontrer des gens improbables, des gens qu’on n’aurait pas rencontrés dans la vraie vie, soit parce qu’on ne les rencontre pas, soit parce que lorsqu’on les rencontre, on ne les regarde pas. . C’était mon cas. Et il a fallu cet accident de la vie pour que j’ouvre les yeux. Et aujourd’hui, quand je vois tout ce qu’il m’a apporté, j’ai envie de le partager avec le plus grand nombre.

Ensuite, vous effectuez une transition parfaite. On comprend les petites cantines, vous allez nous parler un peu du concept, peut-être l’exprimer plus clairement, mais cela ne répond pas seulement à un besoin de manger, c’est bien plus que cela. Pouvez-vous nous dire, à qui s’adressent les petites cantines ? Comment ça va ? Comment c’est ?

Oui, lorsque vous ouvrez la porte d’une petite cantine, selon l’heure qu’il est, vous vous retrouverez soit à mettre la table, si c’est l’heure du repas, à midi par exemple, soit le soir. Il existe certaines petites cantines qui sont également ouvertes le soir, en semaine, voire le dimanche. Et on se sent comme à la maison. Cela signifie que chacun, s’il le souhaite, peut venir s’impliquer. On peut passer les plats d’une table à l’autre, faire un peu de vinaigrette, couper le pain. Si on reste un peu, on peut même aider à faire la vaisselle. Et ceux qui le souhaitent peuvent aussi venir avant le repas nous aider à cuisiner. Et c’est un moment privilégié pour se rencontrer, partager des savoir-faire, éclater de rire, socialiser tout simplement.

Et c’est pour qui ? Est-ce très large ? Vous l’avez dit, ce n’est pas seulement parce que nous avons besoin de manger. Cela dépasse tout simplement cette portée.

C’est pour tous ceux qui souhaitent répondre à leur besoin de se sentir connectés. Cela concerne tout le monde, quel que soit notre âge, quel que soit notre parcours de vie, quelle que soit notre culture, quelle que soit la période du mois où nous nous trouvons. Est-ce le début du mois, la fin du mois ? Sommes-nous en pleine forme ou sommes-nous un peu fatigués aujourd’hui ? On ouvre la porte et c’est un endroit pour venir vraiment manger, partager simplement des nouvelles du quartier et ressortir après avoir vraiment rechargé ses batteries. Pas celles de votre smartphone, mais celles de notre corps et celles de notre esprit. C’est beaucoup plus large.

Vous en avez, je crois, une vingtaine actuellement ouverts ?

Aujourd’hui, il existe 14 petites cantines ouvertes en France, dont 6 dans la métropole de Lyon.

Et quelles sont vos perspectives aujourd’hui ? J’ai l’impression qu’ils sont grands.

Nous accompagnons actuellement 26 projets, donc porteurs de projets qui sont chacun dans leur ville, sur leur territoire. Certains d’entre eux vont monter une petite cantine, ils rejoindront donc cette communauté d’apprentissage que nous sommes, puisqu’on partage une boîte à outils, nos bonnes pratiques, on rit ensemble de nos enfants, on se détend quand on ne peut pas. Je ne le fais pas, car c’est une aventure humaine avec des hauts et des bas. Il faut retrousser ses manches, ce n’est pas facile tous les jours. Et certains projets, depuis un an, peuvent mettre en place autre chose qu’une petite cantine. Parce que notre rêve, c’est que la France soit en réseau avec des restaurants participatifs, qu’il s’agisse de petites cantines ou autre. Nous pouvons le faire avec différentes couleurs et spécialités. Mais parce que si la France est en réseau avec des restaurants participatifs, cela veut dire que nous développons un sentiment d’appartenance au territoire, une dynamique de résilience, une dynamique d’entraide. Ça veut dire qu’on apprend à se connaître, et que d’un coup, ce n’est plus une menace, mais parce qu’on apprend à se connaître, parce qu’on est dans un cadre dans lequel on se sent en sécurité, ça devient une opportunité, une richesse en fait.

Dans une petite cantine, combien peut-on être à table ? Eh bien, c’est juste pour que nous ayons une petite image.

Dans le mot « petites cantines », le terme « petite » est aussi important que le mot « cantine ». Ce n’est pas une très grande cantine, il y a une trentaine de couverts, pas beaucoup plus. Cela permet de maintenir une ambiance chaleureuse, on se sent suffisamment bien pour être soi-même, pour lâcher ses masques. Il faut recréer un peu une atmosphère d’intimité. Parce que je pense que, et c’est ce que j’ai essayé de transmettre dans mon livre, la qualité relationnelle, c’est bien plus que le fait de pouvoir parler à des inconnus, d’avoir une aisance relationnelle comme on peut en avoir comme ça aujourd’hui sur un plateau télé. Il s’agit en fait d’apprendre cette capacité à ouvrir notre intimité et à accueillir celle de l’autre. Parce que je pense que si on cherche vraiment ce qui nous fait nous-mêmes, ce qui nous différencie des autres, ce qui nous rend unique, alors c’est là qu’on découvre tout ce qui nous rassemble, de manière bien plus forte que de nettoyer des convictions qui risquent de tomber dans l’oubli. idéologie.

Très bien, ce sera le dernier mot. C’est déjà la fin des six minutes, c’est trop court. Merci en tout cas d’être venu présenter les petites cantines et votre travail, on vous le rappelle, « Comme à la maison » chez Actes Sud, que Lyon Capitale recommande. Vous pouvez le trouver dans toutes les bonnes librairies et vous pourrez retrouver plus d’informations sur lyoncapitale.fr. À bientôt.

 
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