Par
Editorial Coulommiers
Publié le
30 septembre 2024 à 20h30
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Fin juillet 2023, Emma se présente avec sa mère à la gendarmerie de La Ferté-sous-Jouarre pour dénoncer les agissements d’Alain. Elle a immédiatement précisé que cela mots et écrits concernésmais en aucun cas des gestes.
Un an plus tôt, elle l’accompagnait lors de chaque week-end de vacances d’été pour vendre des crêpes à Paris. Au début, ils ont beaucoup plaisanté mais très vite, le ton a changé. Les propos sont devenus plus sérieux et très sexuels. En fin de saison, les paroles ont été suivies de messages que la jeune fille a d’abord considéré comme un jeu. Alors, elle a répondu sur le même ton. Mais peu de temps après, une nouvelle étape a été franchie avec les propos sexualisésdemandes de photos nues…
Lorsqu’elle s’est confiée à une amie, elle a d’abord été surprise par le comportement d’un homme de cet âge avant d’exprimer son inquiétude. Sa réaction pousse Emma à en parler à sa mère qui réagit immédiatement en interdisant à Alain tout contact avec la famille et en lui fermant au nez la porte de leur maison.
Après avoir porté plainte, Emma a été examinée par un psychologue de l’Unité médico-judiciaire (UMJ). Il a noté forte anxiété à l’idée de revoir Alain et lui a accordé deux jours d’incapacité totale de travail (ITT).
“J’ai reçu un diagnostic d’HPE, je suis incapable de dire NON à quelqu’un”
A l’audience, Alain a réitéré les déclarations faites en garde à vue, cherchant toujours à donner la meilleure image de lui-même, en premier lieu celle de l’ami serviable : « Je l’ai emmenée avec moi à Paris par faveur envers ses parents et parce qu’elle s’ennuyait. Son père voulait qu’elle s’occupe pendant l’été et était parfois violent. Sa mère ne manquait jamais une occasion de la rabaisser à cause de son apparence peu attrayante.
Puis celui de oncle compréhensif et ouvert d’esprit qui, sans attendre d’être interrogé, a poursuivi sans manquer d’incriminer l’adolescente : « Toutes ses conversations tournaient autour du sexe, même de la pornographie ! Elle faisait des réflexions sans filtre après le passage de clients masculins ou dès qu’elle apercevait un homme. Je suis entré dans son jeu. On m’a diagnostiqué un Haut Potentiel Émotionnel (HPE) et je suis incapable de dire NON à quelqu’un, sauf lorsqu’elle m’a proposé 20 € pour me faire une fellation. Je suis également en handicap psychologique. Pour donner du crédit à ses propos, Alain a demandé à lire le dernier message d’Emma reçu sur Facebook avant de la bloquer : « C’est toi l’adulte ! Tu aurais dû me fixer des limites quand je vais trop loin ! « .
Cette dernière phrase, lue par Alain, n’a pas eu l’effet escompté. Au contraire, cela constituait un excellent tremplin pour le juge : « C’est exactement de cela qu’on vous accuse ! « .
Avant de donner la parole à la représentante du ministère public pour ses réquisitions, Alain, dans son rôle de victime, a tenu à ajouter : « Je n’ai plus de contact avec cette famille qui m’a manqué de respect ! Emma essaie de me faire passer pour un pervers ! Quoi qu’il en soit, je ferai appel de la décision. J’apporterai de nouveaux éléments pour me défendre ! « .
« Un déni de justice et non d’empathie ! »
Les premiers mots prononcés par le procureur de la République suffisent pour savoir qu’elle n’a aucun doute sur la culpabilité d’Alain : « Votre positionnement est un déni de justice et non de l’empathie ! Vos propos sont intolérables ! « . Pour illustrer son appréciation, elle a même cité une nouvelle phrase tirée des messages échangés : “Je voudrais te faire un câlin – Non, tu vas toucher ta boîte !” « .
Alain a reçu six mois de prison avec sursis avec sursis pendant une période de deux ans pendant laquelle il doit se soumettre à l’interdiction de contacter Emma et ses parentsse présenter à leur domicile.
Il doit aussi suivre une prise en charge psychologique et réaliser un stage sur le sexisme. Pendant cinq ans, il ne pourra exercer aucun emploi ni aucune activité en contact avec des mineurs. Et enfin, son nom sera inscrit au dossier du délinquant sexuel (FAIS).
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