Emmanuel Macron veut « ouvrir le débat » sur une défense européenne incluant l’arme nucléaire

Emmanuel Macron veut « ouvrir le débat » sur une défense européenne incluant l’arme nucléaire
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Dans une interview publiée samedi soir par les journaux du groupe Ebra, le chef de l’Etat a également pointé du doigt le Rassemblement national, qui « ne propose rien » dans la campagne pour les européennes.

Abstention, guerre en Ukraine, armes nucléaires, populisme, éducation… Presque tous les sujets ont été abordés par Emmanuel Macron dans un long entretien avec douze jeunes Européens, publié samedi soir par les journaux du groupe Ebra. Deux jours après son discours sur l’Europe prononcé à la Sorbonne, le président de la République s’est notamment dit prêt à “ouvrir le débat” d’une défense européenne qui inclurait également les armes nucléaires. Par ailleurs, alors que la mauvaise dynamique se poursuit pour Valérie Hayer, tête de liste majoritaire aux élections européennes, selon la dernière enquête « glissante » Ifop-Fiducial pour Le Figaro Emmanuel Macron dénoncé « hypocrisie démocratique » du Rassemblement National, qui “ne propose rien” à la campagne.

Vers une défense européenne intégrant l’arme nucléaire ? « Je suis favorable à l’ouverture de ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, le tir d’armes à longue portée, les armes nucléaires pour ceux qui les possèdent ou qui ont des armes nucléaires américaines sur leur sol. Mettons tout sur la table et regardons de manière crédible ce qui nous protège réellement.a déclaré Emmanuel Macron, ajoutant que la conserverait « sa spécificité mais est prêt à contribuer davantage à la défense du sol européen ».

« Cela peut impliquer de déployer des boucliers anti-missiles, mais nous devons être sûrs qu’ils bloquent tous les missiles et dissuadent le recours à l’énergie nucléaire »a expliqué le président français. « Être crédible, c’est aussi disposer de missiles à longue portée qui dissuaderaient les Russes. Et il y a les armes nucléaires : la doctrine française est que nous pouvons les utiliser lorsque nos intérêts vitaux sont menacés. J’ai déjà dit qu’il y avait une dimension européenne à ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette dissuasion contribuerait à la crédibilité de la défense européenne.a-t-il précisé.

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« Nous jouons vraiment notre sécurité et nous jouons pour l’avenir de l’Europe »

Depuis le Brexit et la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, la France est le seul de ses États membres à disposer d’une dissuasion nucléaire. Lors de son discours sur l’Europe jeudi à la Sorbonne, le président français a plaidé pour une « une Europe puissante » et la création d’une Europe de la défense “crédible” aux côtés de l’OTAN et face à une devenue bien plus menaçante depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022. La construction d’une Europe de défense est depuis très longtemps un objectif de la France qui s’est souvent heurtée aux réticences de ses partenaires qui considéraient la Parapluie de l’OTAN plus sûr.

Mais l’invasion de l’Ukraine et le possible retour à la Maison Blanche de Donald Trump relancent le débat sur l’autonomie européenne en matière de défense. Le président a également rappelé l’importance que revêt à ses yeux une victoire de l’Ukraine contre la Russie. « Si nous laissons la Russie gagner et que l’Ukraine capitule, a-t-il expliqué, cela signifiera une insécurité pour des décennies pour les Roumains, les Moldaves et les Polonais. Nous jouons réellement pour notre sécurité et nous jouons pour l’avenir de l’Europe.»

Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots concernant le RN. La fête de Marine Le Pen “ne propose rien”il a insisté. « Il y a sept ans, ils voulaient quitter l’Europe et l’euro. Il y a deux ans, nous ne le savions plus vraiment.» De même au Parlement européen, les élus du parti à la flamme « disent qu’ils sont avec les agriculteurs mais ne votent pas pour la PAC »poursuit le président de la République. “Ils servent les gens avec démagogie”a-t-il insisté, prenant l’exemple de l’immigration contre laquelle ses adversaires nationalistes « proposer de fermer les frontières »mais “Quand ils sont aux commandes, ils voient qu’ils ont besoin de l’Europe pour protéger leurs frontières”. “Il y a une hypocrisie démocratique du RN”a résumé le chef de l’Etat. “Un réceptacle de colère ne fait pas un programme et l’agrégation des frustrations ne fait pas un projet.”

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« Il y a un risque à ne pas voter »

A un peu plus d’un mois des élections européennes, Emmanuel Macron a également déclaré vouloir “convaincre les jeunes (…) de l’importance d’aller voter”malgré une participation traditionnellement faible au vote européen. « L’abstention n’est pas une fatalité, mais il faut expliquer pourquoi on vote »assure-t-il en désignant « un risque à ne pas voter ». “Nous le mesurons avec le Brexit”, a-t-il poursuivi. Les jeunes n’ont pas bougé pendant que le Brexit décidait de leur avenir. Il y avait davantage de partisans du Brexit parmi les plus âgés.» Plus tard au cours de l’échange, le chef de l’Etat a de nouveau évoqué cette question du vote, la liant aux tentatives d’ingérence russe. “L’ingérence n’est pas un risque, elle existe”, a-t-il assuré. Les Russes sont parmi les plus agressifs, mais il y en a d’autres. L’objectif est de déstabiliser nos démocraties, c’est en quelque sorte de falsifier le vote, la sincérité du vote.

Enfin, le sujet brûlant de la politique agricole a été abordé. “Les agriculteurs n’ont pas manifesté contre l’Europe ou l’environnement”, a assuré le chef de l’Etat, “mais ils estiment qu’ils ont trop de contrôles et de contraintes”. Emmanuel Macron a rappelé « les mesures de simplification » mises en place « pour permettre aux petites exploitations de survivre ». Il s’est dit favorable à une “autorité européenne de contrôle” chargée d’égaliser les “normes” car il y a “trop ​​de différences (…) selon les pays”.

 
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