sur les traces des Templiers et des Hospitaliers entre Corrèze et Dordogne

Près de sept siècles après leur arrestation et leur exécution massive par Philippe le Bel, les Templiers continuent d’alimenter de nombreuses légendes, d’inspirer les écrivains et de motiver les chercheurs de trésors. Et si le véritable trésor n’était autre que le remarquable héritage qu’ils ont laissé derrière eux ? Partant de ce constat, l’architecte de formation Marc-Olivier Agnès a créé un réseau d’une vingtaine de sites dans la vallée de la Vézère, avec l’aide des élus et des offices de tourisme. Une richesse dont de nombreuses communes n’avaient pas conscience : certaines églises paroissiales ou propriétés privées s’avèrent être les vestiges d’anciennes commanderies templières ou hospitalières.

Grandes fermes à revenus

Les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, plus connus sous le nom de Templiers, et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem sont deux ordres religieux militaires apparus parallèlement au XIIe siècle. Le premier pour protéger les pèlerins en route vers Jérusalem, le second pour les recevoir et en prendre soin. « La bravoure et la probité de ces moines-soldats sont à l’origine du mythe du chevalier qui défend la veuve et l’orphelin, ancré dans l’inconscient collectif », décrypte notre guide.


La Commanderie de Mons, à Varetz

Photo Patricia Marini

Pour financer leurs activités dans les nouveaux États latins d’Orient, ils collectèrent des dons en Europe et localement auprès des seigneurs de Comborn, Turenne, Ventadour ou Hautefort, afin d’établir un réseau de commanderies. Ces grandes fermes commerciales comprennent des églises et des cimetières, reflet des privilèges obtenus des papes, dont elles dépendent directement, mais aussi des granges, des écuries, des dépendances, des colombiers, des puits, des caves et la demeure du commandeur. Autant de bâtiments – il y en aurait eu 20 000 en France – dont il ne reste que des fragments.


Voici ce qui reste du réseau des commanderies de la vallée de la Vézère

Infographie Tourisme Brive

Ils racontent l’histoire mouvementée de ces pieux chevaliers : après la dissolution de l’Ordre du Temple en 1312, leurs biens revinrent aux Hospitaliers jusqu’à la Révolution française, où ils furent vendus et transformés. Contrairement à celui des Templiers, l’ordre des Hospitaliers a survécu, sous une forme caritative portant le nom d’Ordre de Malte.

A l’origine des villes d’aujourd’hui

Le voyage dans le temps commence en Haute Corrèze, à la Source de la Vézère. A Courteix, on est accueilli par une sculpture contemporaine du champenois Hugues de Payens, fondateur et premier maître de l’Ordre du Temple. De cette commanderie templière rattachée à Bellechassagne, l’une des trois principales de Corrèze, subsistent une grange et l’habitation du commandeur, devenues maisons d’habitation du village, ainsi que l’église Saint-Pierre-ès-Liens, datée de 1282. .

Des visages sculptés ornent l’entrée principale. À l’intérieur, des fresques du XVe siècle révèlent des motifs religieux et symboliques, et au sol, de lourdes pierres tombales aux attributs chevaleresques sont incrustées. Il faut savoir que, parmi les symboles couramment retrouvés, la croix pattée identifie généralement l’ordre du Temple, même si elle n’est pas la seule à l’utiliser, et la croix à huit pointes, l’ordre des Hospitaliers.


La nef unique de l’église de Courteix est terminée par une abside arrondie

Patricia Marin

Dès le XIVe siècle, Fournil, hameau de Saint-Merd-les-Oussines, était une dépendance du prieuré de Sudue-Lavinadière des chanoines du Saint-Sépulcre, dont hériteraient les Hospitalières de Saint-Jean de Jérusalem. Cette église, précédée d’une grande croix en pierre de l’Hosannière, typique du plateau, affiche sur ses murs intérieurs des marques énigmatiques qui n’ont pas encore été déchiffrées.

A Chavanac, village de 46 âmes, l’entrée sud de l’église est marquée par une main sur une croix grecque inédite, “sans doute une clé de voûte de réemploi”, qui évoquerait le pouvoir de la dîme (impôt) forestière. A l’intérieur, une sculpture, visiblement ancienne, n’a pas livré tous ses secrets.

L’église, restaurée en 2000, est la seule en France à posséder un toit de chaume.

A Lestards, les Hospitaliers récupérèrent une commanderie fondée par les Antonins, lorsque cet ordre religieux s’éteignit au XVIIème siècle. L’église, restaurée en 2000, est la seule en France à posséder un toit de chaume, et son acoustique exceptionnelle attire des chanteurs de partout. A Sudue-Lavinadière, des ruines mises au jour en 1995, suite à une découverte fortuite, permettent d’apercevoir la structure d’une commanderie. Nous y avons trouvé des objets du quotidien témoignant de la vie quotidienne des moines ainsi qu’une arbalète dont la reconstitution a prouvé qu’elle fonctionnait.

Certains de ces immeubles appartiennent à des propriétaires privés et Marc-Olivier Agnès a réussi le tour de force d’ouvrir les portes. C’est notamment le cas de la commanderie de Mons, située sur un promontoire dominant la Vézère à Varetz, dans le bassin de Brive-la-Gaillarde. « On entre dans la commanderie comme un chevalier autrefois », annonce-t-il à la quinzaine de visiteurs présents, en passant sous le porche surmonté d’un pigeonnier.

Armoiries et croix de Malte

Fondé par les Templiers au XIIe siècle, tombé aux mains des Hospitaliers, le bel ensemble, dont il ne reste que la moitié, est représentatif de l’évolution du bâti entre le XVe et le XVIIe siècle. Une tour carrée abrite un escalier à vis, et la chambre du commandeur, dont la maison a été gentrifiée, possède des fenêtres à meneaux ornées d’armoiries et de croix de Malte ainsi qu’une grande cheminée.

A Condat-sur-Vézère, à une quinzaine de minutes de Terrasson, au bord de la Coly, les immeubles en retard ont été rachetés par la commune. Ils seront réhabilités et aménagés en salle polyvalente, musée, ateliers d’artisans, avec un jardin dans l’esprit médiéval, grâce à une campagne de travaux prévue sur cinq ans dont l’objectif est de redynamiser le village. Les dimensions de l’église, qui servait de refuge en cas d’attaque, témoignent de l’importance de cette commanderie hospitalière.

La grande dîme de La Cassagne


La grande dîme de La Cassagne

Photo Patricia Marini

Un architecte à la retraite a fait de cette grange aux dîmes monumentale de 200 mètres carrés sa maison


Un architecte à la retraite a fait de cette grange aux dîmes monumentale de 200 mètres carrés sa maison

Photo Patricia Marini

A La Cassagne, au lieu-dit Le Temple, en référence à la commande, Olivier Choppin de Janvry, architecte à la retraite, a fait de cette grange aux dîmes monumentale de 200 mètres carrés sa demeure. La salle inférieure en pierre, voûtée en ogive, a conservé une cheminée d’angle, utilisée comme forge. Il fait partie de ces passionnés qui ont permis de conserver et surtout de faire connaître ce patrimoine disparate. Tout en redonnant une réalité historique aux légendes qui, depuis le XIXème siècle, ont entouré l’ordre des Templiers, qui n’a finalement existé que deux cents ans.

La superbe vue sur la Vézère depuis le restaurant La Mandragore, à Terrasson. Retrouvez nos bonnes adresses dans le livret ci-dessous


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Photo Patricia Marini

CARNET D’ADRESSES

Pour en savoir plus : brive-tourisme.com. Tel. 05 55 24 08 80.

DEVOIR FAIRE

Les sites peuvent être découverts en toute autonomie grâce à des panneaux d’affichage et des podcasts ou lors de visites guidées par Marc-Olivier Agnès, à l’origine de ce parcours qui mêle histoire, anecdotes et légendes. Rapprochez-vous de l’office de tourisme de Brive ou du secteur concerné (vezere-perigord.fr ; terresdecorreze.com ; tourisme-hautecorreze.fr).

Courteix, église ouverte tous les jours ;
Saint-Merd-les-Oussineséglise ouverte tous les jours, fontaine en accès libre ;
Lestards, église ouverte tous les jours ;
Chavanac, église ouverte le samedi en journée ;
Du coup-Lavinadière, prieuré en accès libre, pour l’église se renseigner auprès de la mairie au 05 55 98 07 53.
Visite guidée de la Commanderie de Varetz : mercredi 1er mai, vendredi 17 mai. Réservation auprès de Brive-tourisme.com. La chapelle, située à 3 kilomètres, se visite en demandant les clés à la mairie.
Commanderie de Condat-sur-Vézère, voir avec l’association CCCH : www.commanderiecondat.fr
Visite de la grange aux dîmes de La Cassagne (24120 Terrasson) du 15 juillet au 31 août de 14h30 à 18h Tel. 05 53 51 66 43.

OÙ MANGER

Chez Françoise. Une adresse réputée pour ses plats traditionnels corréziens. Au menu : tourtou d’écrevisses ou de ris de veau, chou farci, tête de veau et flognarde aux pommes, pour accompagner une bouteille de l’incroyable cave de Françoise Bleu, dont c’est la passion. Le restaurant est adossé à une épicerie et une cave à vin. Menus à 33 €. 24, rue de la Fontaine-du-Rat, 19250 Meymac. Tel. 05 55 95 10 63.

Lune. Après avoir travaillé dans des établissements renommés, le jeune chef Nicolas Laval a ouvert ce restaurant à Brive qui prend la place de La Toupine. Amandine Renault assure le room service. Plat du jour à 14 € le midi du mardi au vendredi. Carte, entrées 13-16 €, plats 22-24 €, desserts 9 €. 27, avenue Pasteur, 19100 Brive-la-Gaillarde. Tel. 05 55 23 71 58, www.restaurantmoon.fr

La Mandragore. Au cœur de la vieille ville, vous pourrez savourer une cuisine maison tout en profitant d’une superbe vue sur la Vézère depuis la terrasse. Menu du jour à 29 €. Place de l’Abbaye, 24120 Terrasson-Lavilledieu. Tel. 05 53 51 34 17, restaurant-mandragore.fr

OU DORMIR

Le Prieuré de la Côte. Cet ensemble de belles bâtisses restaurées, qui datent au moins du XVIIIe siècle, regroupe un charmant gîte de trois chambres avec bain nordique et sauna, un gîte d’étape estival et un studio « passerelle » pour ceux qui veulent tester leur installation en la région. . Anthropologue et archéologue, Stéphanie Douillard anime des cours sur le changement. 100 € la nuit au gîte avec un minimum de trois nuits et 90 € de frais de ménage. Rue de la Côte, 19170 Saint-Merd-les-Oussines. Tel. 06 08 96 82 51.

L’Hostellerie de la Commanderie. On loge ici dans l’un des anciens bâtiments de la commanderie, entouré d’un vaste parc du XVIIème siècle. Avec un esprit maison de famille pour les sept chambres spacieuses, recherchées par les habitués. La chambre 4 a un plafond voûté et une cheminée d’époque. Egalement un restaurant. 98 € la chambre double. 12 € le petit déjeuner. 24570 Condat-sur-Vézère. Tel. 05 53 51 26 49, hôtel-lacommanderie.com

 
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