les demandes de changement de nom explosent

les demandes de changement de nom explosent
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Elle préfère oublier son ancien nom de famille. Elle nous le donne mais refuse de le voir indiqué. Pour Tifany Podevin, 25 ans, c’est de l’histoire ancienne. « Ma seconde vie a commencé en septembre 2022 », se réjouit ce consultant immobilier originaire de Chauny (Aisne). Selon une étude publiée ce jeudi par l’Insee, 144 100 personnes comme elle ont changé de nom entre août 2022 et décembre 2023. C’est trois fois plus qu’un an plus tôt.

Exit le patronyme, « mon père », dit-elle. Il est effacé de sa vie et de ses papiers. Lorsque Tifany, encore étudiante en alternance, a complété son dossier grâce à la nouvelle loi Vignal sur le changement de nom, votée en mars 2022, elle s’est sentie libérée. « Je n’ai pas eu de contact avec mon père depuis l’âge de 12 ans. Ma mère m’a élevé seule. Lorsque j’envoie un e-mail ou que je remets ma carte de visite, je me sens fier. Avec ce nouveau nom, je suis enfin moi-même, une autre personne. »

La loi Vignal a simplifié les démarches à effectuer : dans la mesure où le nouveau nom choisi prend celui de l’un des parents, il n’est plus nécessaire de justifier la demande. Le pic observé depuis la promulgation des nouvelles règles reflète « sans doute » une attente, observe l’Insee. Tiffany attendait depuis dix ans. «Je m’étais renseigné. Il fallait prendre un avocat, c’était long, imprévisible, c’était cher. » L’adolescente, qui avait toujours vécu avec sa mère, était pourtant tourmentée par ce projet : « Mon père ne s’est jamais occupé de moi. Quand j’étais de garde chez lui quand j’étais enfant, il n’était jamais là, en fait je ne le lui ai même pas fait savoir. »

Des histoires souvent tragiques

Le profil de Tiffany est majoritaire parmi les candidats au changement de nom. Selon l’Insee, la majorité (57 %) sont des femmes ; 53% ont entre 18 et 29 ans et 23% entre 30 et 39 ans. Ces jeunes femmes qui échangent le nom de leur père contre celui de leur mère « quittent leurs études sans avoir encore transmis leur nom aux enfants, elles ressentent moins le poids de cette tradition désuète que ce sont les garçons qui transmettent le nom, analyse Marine Gatineau- Dupré, conseiller municipal (SE) à Palavas-les-Flots (Hérault) et président fondateur de l’association Porte mon nom, à l’origine de la loi. Ces personnes doivent commencer leur vie d’adulte avec un nom qui leur convient. Souvent, derrière ce désir se cachent des histoires tragiques comme l’inceste, l’abandon ou la violence. »

Melody Henry, 28 ans, a fait une première tentative en 2018. « Mon père ne s’est jamais occupé de moi. On m’a dit qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves et l’administration a refusé ma demande », grogne-t-elle. Pour que ses enfants ne portent pas le même nom de famille, elle a même envisagé d’émigrer en Grande-Bretagne, où les changements d’état civil sont simplifiés. Finalement, ce n’était pas nécessaire. « La loi est entrée en vigueur le 1er juillet 2022 et le 2 juillet, j’ai fait de nouvelles démarches », confie cette femme, mariée en 2020 et qui a changé tous ses papiers d’identité « en deux semaines ».

« Cette loi s’inscrit dans un collectif (celui de Marine Gatineau-Dupré) et les lois devraient être davantage fondées sur le terrain. C’est une réforme pleine de justice et de rectitude sociale qui permet de remettre les femmes à la place qu’elles méritent », salue Patrick Vignal, le député (LREM) de l’Hérault qui a défendu le texte. En France, huit enfants sur dix portent uniquement le nom de leur père.

 
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