Une déclaration de politique générale qui ressemble à un casse-tête pour le Premier ministre ?

Une déclaration de politique générale qui ressemble à un casse-tête pour le Premier ministre ?
Une déclaration de politique générale qui ressemble à un casse-tête pour le Premier ministre ?

« On est un peu obligé de donner sa chance au produit… ». C’est un peu l’ambiance chez les macronistes avant les premiers pas de Michel Barnier dans le chaudron bouillonnant du Palais Bourbon. Le Premier ministre doit remettre ce mardi sa déclaration de politique générale (DPG) à l’Assemblée nationale.

Fragilisé par les soubresauts de la semaine dernière, l’ancien commissaire européen joue déjà un rôle dans sa survie à Matignon. Contesté par la gauche, qui déposera en tout cas une motion de censure en fin de semaine, surveillée par le Rassemblement national, et très attendue par une coalition gouvernementale divisée, le discours de Michel Barnier ressemble à une énigme insoluble.

Trouver des options budgétaires

C’est l’un des temps forts attendus du discours, et le principal défi du nouveau gouvernement. La dette publique de la France a continué de gonfler fin juin, a annoncé ce vendredi l’Insee, flirtant avec 3.230 milliards d’euros, soit 112% du PIB. “Nous sommes au bord du gouffre financier, il n’y a pas besoin d’avoir terminé l’ENA pour comprendre qu’il faut réduire notre train de vie, avec un déficit public proche de 6% cette année”, soupire Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes. Maritimes.

Michel Barnier devra dévoiler ses idées pour alléger la facture, mais son appel à plus de « justice fiscale » a montré combien le sujet était périlleux dans le camp présidentiel. « Nous avons passé sept ans, patiemment, à bâtir la stabilité en réduisant les impôts. Attention à ne pas envoyer un mauvais signal, qui pourrait s’avérer dévastateur pour notre attractivité», prévient Mathieu Lefèvre, député Ensemble (ex-Renaissance) du Val-de-Marne, attendu de longue date pour le Budget. “Il faut œuvrer au redressement des comptes publics mais sans aller vers des mesures faciles d’augmentation des impôts”, renchérit Prisca Thévenot, l’ancienne porte-parole du gouvernement. Bonne chance.

Satisfaire la droite (et le RN ?) sur le régalien…

Avec un ministre de l’Intérieur déjà omniprésent, la droite fonde de grands espoirs sur les questions de sécurité et d’immigration. «Nous avons de grandes attentes de fermeté sur le régalien», reconnaît Eric Pauget. Il y a des choses à faire sur les expulsions aux frontières, la réforme de l’AME et sur certaines mesures de la dernière loi sur l’immigration, censurée par le Conseil constitutionnel sur la forme…», ajoute-t-il. Après le meurtre d’une Philippine au Bois de Boulogne, dont le principal suspect est un Marocain soumis à une obligation de quitter le territoire français, Laurent Wauquiez a accru la pression en dénonçant « les dysfonctionnements de notre système judiciaire et administratif » pour mieux le faire évoluer . .

Le Rassemblement national aura d’ailleurs une oreille attentive mardi sur ces sujets. Le groupe de Marine Le Pen a proposé ce mercredi dans sa niche parlementaire, prévue fin octobre, d’assouplir les conditions d’expulsion des étrangers et d’instaurer des peines minimales pour certains crimes et délits. “Je ne vois pas comment le gouvernement pourrait s’y opposer…” a critiqué le député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy. Michel Barnier osera-t-il reprendre ces mesures qu’il a défendues par le passé lorsqu’il était candidat à la présidentielle ?

…sans fracturer sa fragile majorité

Pas sûr car le Premier ministre est sur une ligne de crête. S’il veut donner des gages à la droite, il devra aussi éviter de donner trop d’importance au mouvement de Jordan Bardella. D’autant que le téléphone décroché cette semaine pour rassurer Marine Le Pen après une polémique avec le ministre de l’Economie, a fait monter la température dans le camp présidentiel, sans même évoquer la gauche, brûlante depuis des semaines. « Une erreur », déplore Erwan Balanant, le député MoDem du Finistère. “Nous serons vigilants, car si on nous dit qu’il nous faut un nouveau texte migratoire très dur, qu’on nous propose une politique trop à droite, alors nous n’aurons plus rien à faire dans ce gouvernement”, menace-t-il. s’inquiète déjà des premiers discours du ministre de l’Intérieur.

“M. Retailleau n’est pas obligé d’agir dur sur les plateaux, il n’a pas gagné les élections. Il se heurtera à une réalité qui s’appelle l’Assemblée nationale», prévient également Prisca Thévenot. « Nous avons créé une loi sur l’immigration équilibrée, pouvons-nous déjà l’appliquer ? », demande-t-elle, en référence au texte voté l’année dernière, qui avait déjà considérablement fracturé la majorité présidentielle.

Outre l’immigration, d’autres sujets risquent d’enflammer la fragile coalition gouvernementale, comme la fin de vie ou la représentation proportionnelle. En vieux sage de la politique française, Michel Barnier n’a pas encore vraiment dévoilé ses cartes. « Attention, car en faisant le grand écart, on risque de déchirer », moque l’élu RN du Loiret, Thomas Ménage. Face à une Assemblée aussi plurielle, la prestation du Premier ministre mardi promet en effet quelques figures acrobatiques risquées.

 
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