A l’occasion de son cinquantième anniversaire, le musée horloger de la Chaux-de-Fonds propose un Guide SHAS de l’art et de l’histoire de la Suisse. Écrit par l’historienne de l’architecture Nadja Maillard, l’ouvrage documente enfin l’œuvre majeure de Georges-Jacques Haefeli et Pierre Zoelly, l’un des architectes les plus emblématiques et mystérieux du brutalisme suisse des années 1970. Zoelly était consciente des limites planétaires, selon l’auteur. Son approche (qu’il appelle « terratecture ») utilise les techniques du génie civil (tranchée couverte) pour créer des espaces troglodytiques, entre grotte et construction. Elle visait la discrétion, l’humilité et la préservation de l’existant, la construction hors sol étant la cause d’un « pillage irréparable des sols ». Cette préoccupation se retrouve ailleurs, au Musée gallo-romain de Lyon (Bernard Zehrfuss, 1972) ou à la Stadtgalerie de Stuttgart (James Stirling, 1977).
A La Chaux-de-Fonds, l’insertion souterraine permet de préserver le très prisé parc Courvoisier. Les architectes développent une spatialité sombre et fluide, qui se glisse entre les racines des grands arbres et les fondations du Musée d’Histoire. Le Guide SHAS rend également compte de la conception des somptueuses vitrines, suspendues telles des stalactites ou émergeant telles des stalagmites, et dont la fragilité contraste avec la lourdeur de l’imposante structure en béton brut.
Nadja Maillard, Le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds. Guides suisses d’art et d’histoire n° 1130. Société suisse d’histoire de l’art SHAS, mars 2024
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