Petite ville des Alpes-de-Haute-Provence, Barcelonnette surprend ses visiteurs par un héritage inattendu que l’on doit à ses habitants partis au Mexique au XIXème siècle, en quête de richesse.
Pas besoin de parcourir les quelque 10 000 kilomètres qui nous séparent du Mexique pour ressentir l’atmosphère de ce pays nord-américain. Si vous flânez dans les Alpes-de-Haute-Provence, prenez le temps de découvrir le village perché de Barcelonnette. Ici, à 1 100 mètres d’altitude, dans la vallée de l’Ubaye, la ville dégage une atmosphère qui ne ressemble à aucune autre dans la région.
En vous promenant dans les rues et aux alentours de la ville, vous verrez une cinquantaine de grandes demeures à l’architecture incomparable. Surprenantes par leur taille, leur couleur et leur décoration, ces villas originales ont une histoire riche inspirée du voyage de milliers d’habitants outre-Atlantique.
Retour de riches résidents du Mexique
Tout commence avec l’exode des Barcelonais vers le Mexique au XIXème siècle. Leur ambition est de faire fortune dans divers métiers. Ils sont banquiers, commerçants, entrepreneurs et possèdent de solides connaissances en commerce et en économie. Le textile est un secteur particulièrement florissant pour ces émigrés.
Petit à petit, ils occupent des postes prestigieux, leur donnant de l’argent au point de devenir les nouveaux notables de leur pays d’adoption. On les appelle les « Barcelonettes ». Mais au bout de quelques années, la France et le territoire de l’Ubaye leur manquaient. Certains retournent donc dans les Alpes du Sud, où ils construisent des résidences prouvant leur réussite. Des bâtiments qui ne passent pas inaperçus.
Villas colorées et paysage alpin
A la fois fantaisistes et pittoresques, ils se détachent dans le paysage par leurs couleurs vives. Ils modifient ainsi profondément le cadre alpin de la localité. Aujourd’hui, on peut en admirer environ 80 entre Barcelonnette et Jausiers. Ces projets se sont déroulés entre 1870 et 1930.
Parmi les maisons les plus célèbres, impossible de manquer la Villa Bleue, dont la façade est en réalité jaune. C’est le seul édifice présentant ces proportions et cette ornementation. Construit en 1930, il s’articule autour d’un vaste hall central, éclairé par un imposant vitrail. L’iconographie nous renseigne sur la réussite financière du mécène. L’ensemble est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.
Mais le seul domaine de ce type que vous pouvez visiter est La Sapinière, les autres étant privés. Ce dernier n’est autre que le musée racontant l’histoire de ces voyageurs revenant du sol mexicain.
L’établissement appartient à la Ville et fait partie de la première génération de maisons conçues dans ce style. Vous observerezs boiseries en noyer, parquets en marqueterie, faïences et vitraux Art Nouveau, en plus des œuvres exposées.
Deux festivals mexicains à Barcelonnette
Autre témoignage du lien culturel fort entre la commune française et le Mexique : les tombeaux monumentaux en pierre blanche ou en marbre. Les cimetières de la vallée témoignent de ce riche patrimoine funéraire.
Le festival est aussi au cœur de ce rapprochement, à travers les 10 jours de festivités latino-américaines en août. Depuis près de 40 ans, les us et coutumes de cette partie du continent sont mis en valeur à travers la gastronomie, la musique et les spectacles. En octobre, place à la célèbre célébration du « Dia de los muertos », cette tradition rendant hommage aux défunts dans les sociétés préhispaniques. Barcelonnette se pare alors des couleurs mexicaines pendant deux jours.
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