Des poissons morts ou malades gisent dans cette rivière du Jura

Dans le Jura, des pêcheurs ont découvert plusieurs poissons morts ou malades à Bienne, entre Saint-Claude et Lavancia en début de semaine. Un nouvel épisode de mortalité qui inquiète et provoque colère et désespoir parmi les pêcheurs et les associations.

C’est une découverte macabre. Des dizaines de poissons morts ou malades ont été observés en début de semaine à Bienne, en aval de la commune de Saint-Claude, à 23 kilomètres jusqu’à Lavancia. Dans un article publié sur son blog ce mercredi 24 avril, Nicolas Germain, pêcheur et président de l’Association Agréée pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (AAPPMA) de Crotenay, a relayé ces images prises par des pêcheurs.

“Après un premier épisode de mortalité il y a environ un mois, c’est le double lame qui s’abat sur Bienne ces jours-ci.», écrit ce pêcheur sur son blog. Parce que le problème est récurrent. Les pêcheurs de Bienne constatent régulièrement une mauvaise qualité de l’eau, entraînant la mort de truites. “Ce n’est pas le premier épisode, mais celui-ci a l’air plutôt sérieux. Il y a des zones avec de grandes concentrations de poissons morts», confie Alexandre Dupepet, président de l’AAPPMA La Biennoise.

Si le problème n’est pas nouveau, son origine ne l’est pas non plus. “Nous sommes en présence de communes qui ont des réseaux d’assainissement qui ne sont pas aux normes, c’est la cause principale», explique Alexandre Dupepet. Si d’autres facteurs entrent en jeu comme l’épandage de lisier dans le secteur agricole, la qualité des eaux gérées par les communes reste le problème numéro un des pêcheurs biennois. Dans le secteur de cette découverte, c’est la commune de Saint-Claude qui est pointée du doigt.Il y a un énorme retard dans la qualité de l’assainissement. Sur Saint-Claude, c’est assez frappant», dénonce Alexandre Dupepet. D’autres acteurs sont également impliqués. Les pêcheurs constatent un désintérêt politique sur la question de la pollution.

Le maire de Saint-Claude, Jean-Louis Millet, qui n’avait pas connaissance de la présence de poissons morts ou malades à Bienne, déplore une accusation contre sa commune »sans fondement» : «On ne désigne pas un coupable gratuitement“Le maire, pour se défendre, mentionne que les travaux d’assainissement sont en bonne voie.”Nous avons déjà réalisé six millions d’euros de travaux à la station d’épuration et cela se poursuivra jusqu’à la fin de mon mandat. Au total, cela représentera neuf millions d’euros d’investissement et de travaux.»

L’AAPPMA La Biennoise devrait se réunir et faire constater la situation par huissier, « voire porter plainte », selon Alexandre Dupepet.

Des truites dans un état de santé alarmant ont également été observées à la Loue dans le Doubs ces dernières semaines. “Ce sont des images terribles mais malheureusement, chaque année à la même période, c’est le même constat.», explique Manon Silvant du Collectif Sos Loue et Rivières Comtoise. La cause est la présence dans l’eau d’un champignon appelé Saprolegnia qui s’attaque aux poissons vulnérables. “A cette époque, les poissons de rivière ont terminé leur reproduction et sont donc plus faibles et plus exposés à ce champignon.», constate Manon Silvant. La saprolegnia est l’une des conséquences de la pollution provoquée par l’activité agricole et le mauvais traitement des eaux des rivières.

De Bienne à la Loue, pêcheurs et associations dénoncent un désintérêt pour la question de la gestion des rivières et des êtres vivants qui y vivent. “Les poissons n’ont pas le même capital sympathie que les autres animaux», dénonce Manon Silvant. “Si seulement ces truites avaient de la fourrure au lieu d’écailles ou des plumes au lieu de nageoires. Mais non, pas de chance pour eux, tout se passe sous l’eau et tout le monde s’en fiche», note Nicolas Germain dans son article. Une nouvelle fois, les pêcheurs réclament une action des élus sur la question de la pollution des rivières qui entraîne une perte de biodiversité.