La Clinique Juridique vient au secours des justiciables par téléphone

La Clinique Juridique vient au secours des justiciables par téléphone
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MONTRÉAL — Dans un bureau du Vieux-Montréal, les téléphones sonnent et une clientèle exclusivement jeune s’affaire à répondre dans toutes les pièces disponibles. Ce bureau, qui ressemble à un centre d’appels non délocalisé, est celui du Centre d’accès à l’information juridique. Sa jeune faune ne sont pas ses occupants habituels : ce sont les cinquante bénévoles de la 42e Clinique juridique organisée par le Jeune Barreau de Montréal qui a eu lieu samedi et dimanche.

Avocats, notaires, parajuristes, tous exercent depuis moins de 10 ans et tous ont choisi de donner un peu de leur temps pour répondre aux questions des Québécois sur tous les problèmes juridiques qu’ils peuvent rencontrer.

Avec un casque téléphonique sur la tête et un écran de répartition sous les yeux, la parajuriste Émilie Dumontet fait partie des premiers répondants semestriels qui reçoivent les appels et répartissent les appels entre les différents bénévoles selon leur spécialisation. Ce samedi, elle a peu de temps pour parler, car malgré le fait que l’atelier ne soit ouvert que depuis une heure, les appels sont déjà nombreux. « C’est une grosse matinée », dit-elle avec un sourire. Nous recevons un nouvel appel toutes les minutes.

Le rythme est soutenu, mais qu’importe, c’est pour la bonne cause. Elle y trouve « un excellent moyen d’offrir aux citoyens des conseils juridiques gratuits et accessibles ». Car, souligne-t-elle, l’accès à la justice n’est pas facile pour tout le monde. « Tout le monde n’a pas les moyens de payer les honoraires d’un avocat, en particulier les honoraires liés aux conseils juridiques.

La clinique lui offre également un petit mais non négligeable bonus : la visibilité de sa profession. «C’est un peu méconnu», reconnaît la jeune femme dont le rôle est d’aider les avocats et les notaires, de leur servir en quelque sorte de bras droit. En tant que parajuriste, elle ne peut offrir de conseils juridiques, mais la clinique lui donne l’occasion d’être en contact direct avec le public, ce qui n’est pas normalement le cas, et de faire connaître sa profession. «Et ça me donne l’opportunité d’aider les gens», ajoute Mme Dumontet. Cela me procure un sentiment d’accomplissement que je trouve vraiment intéressant et qu’on n’éprouve pas souvent en tant que parajuriste.

Le privilège du contact et de la collégialité

Nouvel appel, la jeune femme répond et transfère la personne chez Andrée-Anne Dion, dans la pièce voisine. Elle ne paie pas de mine avec sa tenue décontractée du week-end, mais elle a une spécialité qui impressionne. Le bénévole, qui participe déjà à l’atelier pour la douzième fois, est spécialisé en droit pénal. “C’est bien si nous pouvons aider les gens, au minimum, à répondre à leurs questions, à leur expliquer un peu comment fonctionne le système.” Il faut dire que la justice n’est pas facile à comprendre pour tout le monde, constate l’avocat.

Elle s’occupe principalement de cas de personnes récemment arrêtées ou dont la date d’audience est imminente, mais qui ne savent pas vraiment à quelle sauce elles seront traitées. « Ils sont pris au dépourvu », explique-t-elle. Cela prend 15 minutes, mais ils ressortent (de cette conversation téléphonique) avec beaucoup plus d’informations, ils sont un peu plus confiants dans la situation dans laquelle ils se trouvent. Et d’ajouter : « Dès que je l’ai fait la première fois, j’ai trouvé c’est gratifiant.

C’est, semble-t-il, la force motrice ici. Joey Suri en sait quelque chose. Celui qui travaille en droit des affaires, parler avec le grand public, est un privilège auquel il a droit presque uniquement à la Clinique Juridique.

« C’est l’un de mes événements préférés en termes d’accessibilité à la justice. C’est pour cela que je reviens année après année », explique celui qui participe depuis maintenant cinq ans. « Dans ma vie de tous les jours, je parle beaucoup aux entreprises, aux grandes entreprises et j’ai rarement l’occasion de parler à tout le monde, aux justiciables qui en ont vraiment le plus besoin.

Ce à quoi Mme Dion ajoute que l’aspect camaraderie qu’apporte la Clinique juridique est également intéressant.

Ousmane Diagne, bénévole pour la deuxième fois, est particulièrement heureux de pouvoir échanger ici avec d’autres jeunes avocats. Ce spécialiste du droit privé et des litiges commerciaux a été admis au Barreau de Montréal en 2022, alors que les avocats qu’il côtoie au quotidien dans le cabinet où il travaille ont déjà derrière eux une assez longue carrière. Se sentir légitime au tout début de sa carrière n’est pas toujours facile, c’est pourquoi il apprécie tant cette pause qui lui permet de « faire partie d’une communauté avec d’autres jeunes avocats qui se posent les mêmes questions et qui comprennent la situation où nous sommes entre un professionnel et un étudiant qui essaie d’apprendre à bien faire son travail.

La collégialité de ce contexte exceptionnel permet également à ces jeunes avocats d’échanger avec des professionnels d’une vingtaine de spécialités différentes qui viendront chacun compléter les connaissances des autres.

Et la formule semble efficace puisque à chaque édition, la Clinique juridique reçoit des milliers d’appels durant tout le week-end. Cette année, 1 200 appels ont été reçus, soit moins que certaines années, mais Andrée-Anne Dion et Joey Suri ont remarqué au fil des années que le beau temps ou la tenue d’autres événements durant la fin de semaine se ressentaient rapidement dans le nombre d’appels.

Certains sujets brûlants reviennent d’année en année, comme les questions de succession et de testaments, celles sur l’immigration, ou encore divers litiges. Pour cette 42e, le droit de la famille était très plébiscité samedi, tandis que le lendemain, les questions sur le logement étaient les plus récurrentes.

 
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