(Québec) Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, accuse le Parti libéral du Québec (PLQ) d’utiliser la crise agricole pour engraisser sa caisse électorale.
Publié hier à 11h37
Caroline Plante
La Presse Canadienne
M. Lamontagne a été suivi de près à la Chambre jeudi par le porte-parole libéral en matière d’agriculture, André Fortin, qui voulait savoir comment le gouvernement envisageait de soutenir les producteurs en difficulté.
M. Fortin a donné l’exemple de Steve Berthiaume, un agriculteur émergent de la Côte-Nord, qui, au lieu d’être aidé dans son plan de restructuration, est « accompagné vers la faillite ».
Passant en mode offensif, M. Lamontagne a accusé le PLQ d’avoir « définancement » le ministère de l’Agriculture. Le ministre a poursuivi en dénonçant un courriel du PLQ envoyé à ses membres dans lequel M. Fortin fait état des difficultés des agriculteurs.
Dans son message, André Fortin ajoute qu’il a manifesté auprès des agriculteurs, puis il les invite à « faire un don maintenant pour nous aider à défendre les intérêts de nos agriculteurs québécois contre l’inaction du gouvernement ».
Jeudi, M. Lamontagne s’est dit « bouleversé » par cette façon de récolter les dons. «(Le PLQ) utilise les difficultés des agriculteurs pour engraisser ses fonds électoraux», a-t-il tonné en pressant M. Fortin de s’excuser.
Ce dernier a affirmé lors d’un point de presse qu’il est normal qu’un parti politique mène de telles campagnes.
« Les partis politiques ont le droit […] demander du financement à leurs membres », a-t-il expliqué, soulignant que Québec solidaire avait demandé « de l’aide » à ses membres « pour convaincre (le gouvernement) de protéger les aînés ».
« Personne ne les accuse de financer sur le dos des personnes expulsées de leur logement. »
Selon lui, la Coalition Avenir Québec (CAQ) est mal placée pour parler du financement politique, qui fait l’objet de plusieurs enquêtes du commissaire à l’éthique.
« Il n’y a qu’un seul parti qui a demandé aux parents endeuillés de se présenter à un cocktail-bénéfice pour avoir accès, pendant deux minutes, au ministre responsable de leur dossier. C’est la CAQ», a-t-il affirmé.
Agri-relance : Lamontagne confiant
Les deux hommes ont encore croisé le fer lors de l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Agriculture.
M. Fortin a évoqué l’année 2023 qui a été catastrophique pour les producteurs agricoles (fortes pluies, sécheresse) et a demandé si Québec avait convaincu le gouvernement fédéral d’activer « Agri-relance ».
Ce programme vise à aider les producteurs à couvrir les coûts exceptionnels liés aux dommages subis suite à une catastrophe naturelle.
Le ministre Lamontagne s’est dit « confiant » qu’Ottawa apporterait une réponse « satisfaisante » au Québec dans les prochaines semaines. D’ici là, il invite les producteurs à utiliser tous les outils et programmes à leur disposition.
« Pour toutes sortes de raisons, […] les gens n’utilisent pas toutes les capacités et tous les outils de support à leur plein potentiel », a-t-il déclaré. Par exemple, 67 millions resteraient encore dans le fonds d’urgence.
De nombreux producteurs se sentent laissés pour compte, parce que les programmes gouvernementaux sont mal adaptés à leur réalité, a noté M. Fortin, qui déplore le manque de « vision » du ministre et sa lenteur à réformer le système.
M. Lamontagne n’a donné aucun détail, jeudi, sur les changements qu’il pourrait apporter notamment à La Financière agricole dans les années à venir.
Des agriculteurs ont manifesté dans plusieurs régions du Québec ces dernières semaines pour exprimer leur ras-le-bol, provoqué notamment par la baisse désastreuse de leurs revenus.
En point de presse, M. Fortin a raconté avoir vu en Outaouais, mercredi, « des gens qui avaient des mains deux fois plus grosses que les miennes et qui pleuraient dans le micro ». […] parce qu’ils ne savent pas s’ils pourront continuer leur vie agricole.
Selon les prévisions du ministère fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, le revenu agricole net du Québec passera de 959 millions en 2022 à 66 millions en 2024, du jamais vu depuis 1938.
