Comment la Seine-Saint-Denis, transformée, va bénéficier de l’héritage des JO de Paris

Comment la Seine-Saint-Denis, transformée, va bénéficier de l’héritage des JO de Paris
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“Pas d’éléphants blancs”

Saint-Denis a également reçu un tout nouveau Centre aquatique olympique. Dugny accueille le Village des Médias, alors transformé en cité-jardin de 1 300 logements. Une vingtaine de sites ont été rénovés dans ce département sous-équipé en équipements sportifs (103e sur 105). Au-delà, les JO ont permis d’investir dans des travaux d’urbanisme, des pistes cyclables, l’aménagement des berges de Seine, une passerelle enjambant l’autoroute A1, des murs antibruit le long de l’A86, etc.

« Bien sûr, il a parfois fallu se battre », se souvient l’élu lorsque la carte des sites a dû être révisée pour des raisons budgétaires. Stéphane Troussel a pourchassé Jean Castex, alors délégué olympique, dans sa voiture pour s’assurer que le Village des Médias ne soit pas anéanti d’un trait de plume.

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Il n’a d’ailleurs accepté le départ de l’épreuve de tir de La Courneuve à Châteauroux qu’en échange d’un chèque de 15 millions d’euros pour construire une dizaine de piscines dans son département, où un enfant de 10 ans sur deux ne sait pas nager. “Nous avons éliminé tout risque d’éléphants blancs”, poursuit Stéphane Troussel, en faisant référence à ces anciens sites olympiques surdimensionnés abandonnés car impropres aux usages de la population. « Tout le travail est parti de projets existants et a été conçu en pensant à leur utilisation future. » La piscine olympique n’aura pas 15 000 places en tribunes, 5 700 suffiront.

330 millions aux entreprises

L’héritage sera donc conséquent… même s’il est inégalement réparti. L’est du département, plus éloigné de Paris, a peut-être pu se sentir délaissé, où seuls Villepinte (boxe) et Clichy-sous-Bois (paracyclisme) accueilleront des épreuves. Le maire (LR) d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, a fait entendre son amertume : « Il y a la reine Hidalgo, les aristocrates de Saint-Denis et les édentés de l’est de la Seine-St Denis. » Mais il a fini par accepter d’héberger le dépôt des 900 autocars chargés du transport des personnes accréditées sur le terrain de l’ancienne usine Peugeot. Car l’héritage des Jeux Olympiques, ce sont aussi des opportunités économiques, moins concentrées sur les seuls sites de compétition.

Sont-ils là ? En août 2022, Bastien Brunis, le président du Medef de l’Est parisien, tirait la sonnette d’alarme : « Il y a une médaille qu’on n’aura pas, c’est celles des retombées en Seine-Saint-Denis. » Contrats publics trop contraignants, délais urgents, contrats trop larges… « Comme ce marché de 100 autocars, qui stipulait une contingence de plus ou moins 200 autocars », raconte l’entrepreneur. Une telle marge est impossible pour les petites entreprises ! »

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Sur les 4,5 milliards investis par la Société de livraison des travaux olympiques (Solideo), même si 25 % des appels d’offres étaient réservés aux petites entreprises, seuls 330 millions sont allés à 9-3 entreprises. Et s’il a respecté son engagement de consacrer 10 % de l’emploi à l’insertion, bénéficiant à 1 900 habitants locaux, cela reste modeste à l’échelle d’un département qui compte 166 000 chômeurs et 90 000 allocataires du RSA.

180 000 billets gratuits

“Heureusement, le train de l’organisation, mené par le Comité d’organisation olympique (Cojo), n’est pas encore passé”, rassure Bastien Brunis. Nous ne allons pas manquer nos forfaits sécurité, restauration, propreté… » En décembre 2023, 663 millions d’euros avaient été alloués aux PME, dont 15,5 % implantées en Seine-Saint-Denis. « Une part honnête, reconnaît Danielle Dubrac, présidente de la CCI 93, fruit d’une mobilisation générale et immédiate. »

Plateforme de référencement des appels d’offres, référencement des entreprises pour les repreneurs, formations, job dating, forum emploi… Tout pour informer et améliorer les compétences du tissu économique local. “Pour une fois, nous n’avons pas eu à justifier d’être un 9-3”, raconte Carinne Guilbert, dont l’entreprise a remporté 500 000 euros de contrats de nettoyage, qui emploiera 300 salariés locaux. Pour Sébastien Zecca, patron d’Altaïr qui emploie 450 salariés dans la sécurité, l’effet levier est évident : « J’ai beaucoup embauché pour les JO, dont plusieurs dizaines de personnes très éloignées de l’emploi. Et ce n’est pas fini ! »

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Enfin, après les Jeux Olympiques, il faudra procéder à la transformation du Village olympique, soit 1,5 milliard d’euros encore à allouer. En attendant, pour qu’un habitant du 9-3 sur dix soit assuré de participer à la fête, le Cojo, l’Etat et les autorités locales se sont associés pour distribuer 180 000 billets gratuits pour la cérémonie d’ouverture, les épreuves des Jeux olympiques et paralympiques.

 
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