l’essentiel
Suite au blocus qu’ils ont organisé à Couiza en janvier dernier, une poignée d’éleveurs ont décidé de créer le syndicat des éleveurs de l’Aude, Selpa. L’objectif : rassembler des professionnels pour partager leurs connaissances et gagner en influence auprès des institutions du secteur.
“Nous sommes des abeilles, nous allons faire un essaim” : les éleveurs de l’Aude ont décidé de se réapproprier l’adage selon lequel « ensemble nous allons plus loin ». Quatre mois après les manifestations menées par tous les agriculteurs dans toute la France, la poignée d’éleveurs à l’origine du blocus de Couiza tire les conclusions de cet événement.
« Nous nous sommes notamment rendu compte que de nombreux éleveurs dans l’Aude étaient seuls, et que notre métier manquait de lien et de cohésion », indique Romain Artigues, éleveur basé à Roquefeuil. Assis à quelques chaises de lui dans la salle Louis-Costes à Limoux, son collègue Julien Nova explique : « C’est la troisième réunion publique que nous organisons aujourd’hui. La première, à Fanjeaux, a été fréquentée par du monde parce qu’on a des contacts là-bas, c’est plus facile. La seconde, à Talairan, était plus compliquée ».
Créer une vraie cohésion
Ce mardi 16 avril, une trentaine de personnes étaient présentes à la réunion. “Et je suis sûr qu’il y a beaucoup de gens que nous ne connaissons pas et qui seraient intéressés, ajoute Daniel Palop, éleveur de viande bovine à Véraza. Il faut vraiment faire passer le message : tous les éleveurs audois, quels qu’ils soient, ont leur place dans notre association.
Cette association est le syndicat des éleveurs de l’Aude, Selpa. Son bureau temporaire cherche désormais à regrouper les professionnels qui consacrent leur temps aux vaches, aux moutons, mais aussi aux volailles ou encore aux abeilles. « Nous sommes véritablement ouverts à tous, quelle que soit la race ou l’espèce », précise Julien Nova. Affirmant “sans aucune ambition politique”, Selpa cherche avant tout à fédérer les forces vives du département en matière d’élevage, parmi les 900 professionnels du secteur officiellement recensés. Le but : créer une véritable cohésion et un dynamisme pour peser dans la balance.
Partager des compétences et des connaissances
« En nous regroupant, cela nous permettrait d’avoir une forte représentation parmi les institutions du secteur, mais aussi la préfecture, le Département.explique Romain Artigues. Nous l’avons vu lors des manifestations à Couiza : beaucoup de nos problèmes auraient pu être résolus d’avance si nous avions réussi à nous faire entendre.» Une profonde remise en question, qui témoigne chez ces éleveurs d’une profonde envie de faire bouger les lignes et d’en sortir.
D’autant que cette union pourrait apporter de véritables bouleversements au sein de cette profession désorganisée. « Nous avons réfléchi à créer des commissions au sein de ce syndicat, pour répondre à des problématiques très précises comme la prédation, le Pac, la MSA. [régime sécurité sociale dédiée aux agriculteurs, NDLR].» Une opération qui permettrait, selon le bureau provisoire de Selpa «pour obtenir des solutions et des réponses» où certains cas « laissés pour compte ». Certains parmi la trentaine d’éleveurs réunis à Limoux ont exprimé un sentiment d’abandon de la part de certains politiques ou administrateurs. « Nous avons eu de belles promesses de la part du préfet et du sous-préfet suite au blocus de Couiza. Pour l’instant, ils ne les ont pas gardés”, lâche l’un d’eux. Contacté, le service communication de ces deux organismes n’a pas répondu à nos sollicitations.
