Edgar a emménagé il y a quelques semaines rue des Queyries dans la résidence Harmony livrée en janvier 2024. Dans le quartier Brazza, cette rue des Queyries est la sœur parallèle du quai de Brazza et donne sur la Garonne dans ce rectangle de 53 hectares que Bordeaux Métropole se développe depuis une dizaine d’années. Et pour encore une dizaine d’années, sûrement. « J’ai bien conscience d’habiter un quartier qui va encore beaucoup changer, faire du bruit, mais je pense que ça vaut le coup », sourit l’informaticien travaillant aux Chartons, de l’autre côté du fleuve.
Dans sa résidence massive et élancée, Edgar occupe l’un des 142 logements, du logement abordable au logement social, du locatif intermédiaire au jeune actif. 13 000 mètres carrés de surface au sol mais aussi deux niveaux de parking partagés avec les trois autres programmes de l’îlot au cœur duquel sera prochainement implantée une entreprise adaptée dédiée au recyclage. Chez Harmony aussi, des locaux artisanaux insérés dans une mixité à tous les étages surmontés d’un grand patio végétalisé. Le permis de construire date de 2018, soit deux ans avant l’arrivée du maire écologiste, mais l’élu a tenu à saluer cette polyvalence à l’issue de sa visite.
Groupe scolaire à la rentrée
« Nous avons réorienté le développement de ce quartier, même si 80 % des permis de construire ont été délivrés », affirme Pierre Hurmic. En mettant fin à « l’urbanisme libre », en « inversant les rapports entre l’aménageur public et les aménageurs. » Hormis la préservation d’un bois rudural (2,2 ha), peu d’exemples emblématiques mais « une augmentation des logements sociaux, des travaux sur les espaces publics évitant toute minéralisation », de la place publique Andrée-Chedid aux bandes de circulation.
Et de vanter le label Bordeaux Construction Frugal, imposé sur les 20 % des permis de construire restants pour cette première tranche de 33 hectares dont l’aménagement sera achevé d’ici deux ans. Cette première tranche présente depuis son lancement en 2014 une mixité innovante, encore renforcée par les nouveaux élus. Il comprend la Station Sportive UCPA comme attraction de loisirs, un centre dédié à l’artisanat, une dimension inédite dans les nouveaux quartiers à cette hauteur, une future grande île sous l’impulsion du groupe Cardinal (en lieu et place de la friche Soferti) avec hôtellerie-restauration. , résidence étudiante, logement social ou encore artisanat. Ou encore, un groupe scolaire de 18 classes (entre Soferti/Cardinal et UCPA) qui ouvrira à la rentrée 2024, ainsi qu’un gymnase un an plus tard.
Résistances
Les prochains épisodes de la série Brazza devront peut-être attendre. Ses scénaristes ne sont pas en grève mais les anciens comédiens en place ne veulent pas encore quitter le casting. Treize hectares au cœur du quartier sont en attente d’une transformation envisagée mais discutée par les propriétaires fonciers. Saint-Gobain, Descas, Frères Pascal et Peychavit sont à différents stades de négociations avec Bordeaux Métropole.
« Certains avancent bien », assure Pauline Deslous, responsable du projet Brazza. La déclaration d’utilité publique (DUP) permettant une éventuelle expropriation a néanmoins été rédigée il y a deux ans. Elle devrait être effective dans les prochaines semaines sur un total de 17 hectares à Brazza, incluant également la parcelle à l’est de la voie ferrée, côté rue des Vivants. Ces discussions et procédures devraient reporter de quelques années les derniers programmes, le cœur de quartier en particulier, à la dimension résidentielle (plusieurs centaines de maisons) avec des volumes encore performants (1), autre spécificité originale de Brazza.
Et la Brazzaligne ?
Le long de cette rue des Queyries, où Edgar a une belle vue sur le reste du quartier, une autre Arlésienne en forme de serpent de mer : la Brazzaligne, coulée verte sur un vestige d’une poutre de chemin de fer promettant la rupture entre ancienne Bastide et nouvelle. . Un train y circule par semaine, approvisionnant les Grands Moulins du Paris voisin. « Des discussions sont toujours en cours pour regrouper tous les enjeux », précise Franck Descoubes, directeur de l’urbanisme à Bordeaux Métropole. Et d’annoncer des « travaux préparatoires en 2025 ».
(1) Locaux ou logements livrés « nus » à des prix beaucoup plus abordables, que le propriétaire aménage à sa guise.
En chiffres
53. En hectares, la superficie du nouveau quartier aménagé par Bordeaux Métropole.
60%. La part des programmes livrés ou en cours de livraison.
4 800. Le nombre de logements à long terme.
55%. La part du logement aidé.
35000. En mètres carrés, la superficie des locaux d’artisanat.
17. Des hectares qui feront l’objet d’une déclaration d’utilité publique, voire d’une expropriation.
350 000. C’est le nombre d’utilisateurs que compterait le nouveau complexe de l’UCPA en près d’un an d’activité.