La violence contre les femmes en hausse dans la région

L’organisme Horizon pour elle, un refuge pour femmes victimes de violence conjugale situé à Cowansville, constate une hausse de la violence physique au cours des dernières années.

« Il y a beaucoup de violences conjugales et psychologiques, mais il y a une intensification des formes de violences », constate Mme Cathie Sombret, directrice générale de l’organisme Horizon pour elle depuis 22 ans.

Au cours de l’année 2023, 93 femmes ont eu recours aux services de l’organisme. De plus, entre 43 et 45 enfants ont dû suivre leur mère jusqu’au centre, car eux aussi sont victimes.

De son côté, Sophia Cotton, coordonnatrice au Centre pour femmes Entr’elles situé à Granby, constate que 48 % des femmes qui fréquentent leur centre d’accueil sont victimes de violence conjugale.

« Et je peux vous confirmer que cela augmente car je travaille au centre depuis 35 ans », précise-t-elle.

Elle ne disposait toutefois pas des chiffres exacts puisqu’elle fait actuellement le point sur la dernière année d’activités.

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Sophia Cotton, coordonnatrice du Centre des femmes Entr’elles, à Granby, estime qu’il y a aussi une augmentation des cas de violence psychologique au travail. «Par exemple, les femmes qui travaillent dans les usines, certaines s’absentent du travail et développent des troubles anxieux», dit-elle. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Selon elle, la pandémie a créé d’importants problèmes sociaux, qui sont l’une des causes de l’augmentation de la violence contre les femmes.

« La crise du logement, l’isolement dû à la pandémie, le télétravail qui faisait que les couples se retrouvaient tous les deux chez eux. Il n’y avait aucun répit dans la vie conjugale », ajoute Mme Cotton.

Il y a aussi des femmes qui sont victimes de harcèlement au travail et Sophia Cotton ajoute que « cela conduit souvent à des arrêts de travail en raison de troubles anxieux. Et ces arrêts cachent beaucoup de choses.

Amélie Vincelette, sergente aux relations communautaires et médiatiques du Service de police de Bromont, confirme également l’augmentation de la violence faite aux femmes depuis 3 ans.

« La pandémie ! Comme on peut le constater, cela a apporté son lot de difficultés. Qu’il s’agisse de santé mentale ou de violence conjugale, c’est la même chose, la pandémie a eu plusieurs impacts.»

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La sergent Amélie Vincelette du Service de police de Bromont était présente au premier symposium « La violence faite aux femmes, l’affaire de tous » qui s’est tenu au Club de golf de Cowansville ce mercredi. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Elle ajoute qu’il y a une augmentation des appels à la Police pour dénoncer les actes, mais aussi pour répondre aux questions des femmes qui s’estiment victimes.

« Les violences conjugales avant, on en parlait sur le plan physique. Par exemple en recevant un coup de poing. Aujourd’hui, ce n’est plus tellement ça, c’est insidieux, sournois et psychologique. La femme pose la question. Elle veut des pistes et des ressources et elle veut que nous validions avec elle. […] S’il n’y a pas d’infraction pénale, nous la dirigerons vers une organisation.

De nouvelles formes de violence

Ces dernières années, une nouvelle forme de violence est également apparue : la violence technologique.

« Avec les téléphones portables, la géolocalisation, les insultes par messagerie, il y a des partages de photos intimes de la femme en question. [sans son consentement] et si la femme le bloque, il créera un autre compte pour tenter de la contacter.

— Cathie Sombret

Il existe également un contrôle coercitif qui est de plus en plus reconnu comme une forme de violence. Il s’agit d’une série de stratégies répétitives, violentes ou non, dont les effets sont liés au contrôle. Par exemple, isoler la personne des autres, surveiller ses déplacements ou lui interdire de se rendre dans certains endroits, la maltraiter devant d’autres personnes, ignorer ses besoins, etc.

« C’est beaucoup plus insidieux, mais n’a pas moins d’impact sur la victime. Tout le monde pourra s’en rendre compte lorsque nous en saurons davantage sur ce dont il s’agit », déclare Mme Cotton.

De plus en plus jeune

Les jeunes sont également confrontés à des abus. Le projet XOX vise à prévenir la violence dans les relations amoureuses. Des intervenants sensibiliseront les jeunes des lycées accompagnés d’un policier. C’est notamment le cas des écoles secondaires Jean-Jacques-Bertrand à Farnham et des écoles secondaires Massey-Vanier à Cowansville.

« De plus, si une jeune fille vit une situation de violence, l’école nous appellera. Nous nous rendrons directement sur place pour rencontrer la jeune fille», explique Mme Sombret.

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“Ces trois dernières années, la situation a été terrible et la dignité des femmes a été atteinte.” Cathie Sombret, directrice générale de l’organisme Horizon pour elle depuis 22 ans. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

« Bien souvent, la violence s’installera à l’adolescence, lors des premières relations. C’est pourquoi nous avons créé les Couloirs de la violence romantique », ajoute Mme Cotton.

Il s’agit d’un projet créé en décembre 2017 et janvier 2018. Les élèves de 4e et 5e secondaire du territoire de la Haute-Yamaska ​​ont été invités à entrer dans un labyrinthe multimédia mesurant 12 mètres sur 8 mètres. Ils ont découvert les signes avant-coureurs de la violence amoureuse, son cycle, son évolution, les conséquences possibles de cette violence et les moyens d’en sortir.

Conférence

La Table de concertation pour contrer la violence faite aux femmes de la Haute Yamaska ​​et de Brome-Missisquoi a organisé sa toute première conférence au Club de golf de Cowansville.

Plusieurs organisations de la région étaient présentes mercredi pour trouver d’éventuelles solutions collectives. La journée s’est présentée sous forme de panels, de tables d’échanges et de conférences dédiées à la prévention des violences. Environ 125 personnes étaient présentes pour l’occasion.

«Tout le monde a un rôle à jouer, même ceux qui ont des fils», affirme Catherine Lizotte, organisatrice communautaire du CIUSSS de l’Estrie.

Des représentants de la sécurité publique, des chefs d’entreprises locales, des représentants des municipalités et de la MRC, des centres de services scolaires ainsi que certains centres jeunesse étaient également présents pour être sensibilisés aux nouveaux enjeux auxquels sont confrontées les violences faites aux femmes.

«Il y a beaucoup de nouvelles personnes et on veut voir avec elles quelles implications elles veulent avoir pour l’avenir», ajoute Mme Lizotte.

« La collaboration entre les organisations est très importante, affirme Mme Sombret.

« C’est un problème de société, tout le monde doit s’impliquer. Cela ne mettra certainement pas fin à la violence contre les femmes, mais cela peut la réduire. Plus tôt nous interviendrons ou offrirons notre soutien, plus vite les femmes seront en mesure de s’en sortir », conclut Mme Cotton.

 
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