découverte de sépultures médiévales au bord du lac Léman

La région lémanique, riche en patrimoine historique, se dévoile à nouveau avec la découverte d’un espace funéraire médiéval à Amphion, sur la commune de Publier en Haute-Savoie. Ce site, exploré en prévision des travaux routiers, de la restructuration de la RD 1005, a été mis au jour par les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Des fouilles récentes, confirmant la présence de nombreuses sépultures datant du Moyen Âge, pas moins d’une quarantaine, fournissent de précieux renseignements sur les rites funéraires de cette période et sur la structure sociale des populations qui habitaient les rives du Léman.

Ils enrichissent notre compréhension des communautés médiévales et de leur rapport à la mort. Les analyses futures promettent de fournir plus de détails sur l’étendue et la chronologie de ce site, enrichissant ainsi nos connaissances historiques locales.

Un site chargé d’histoire

Le site découvert à Amphion, positionné sur une terrasse surplombant le lac Léman, offre un panorama historique et géographique unique. Traversé aujourd’hui par la route départementale RD 1005, ce territoire a connu d’importantes transformations dues aux aménagements successifs au fil des siècles.

Cependant, malgré ces modifications, les fouilles ont révélé l’existence de vestiges datant d’une époque où la région semblait beaucoup moins densément peuplée. Ces sépultures suggèrent une occupation prolongée et peut-être étendue du site. La dispersion et le style des tombes indiquent des pratiques funéraires bien établies et un espace qui aurait pu servir de cimetière à grande échelle.

L’attribution chronologique à la période médiévale repose sur des données acquises précédemment. Une possible partie de cette zone funéraire a été découverte dans les années 1970 lors de la construction de logements sociaux. Une opération de sauvetage a révélé 11 tombes en dalles. L’occupation sépulcrale pourrait occuper toute la partie sommitale de la terrasse lacustre. Il y aurait une extension supposée vers le nord-est.

Cet espace funéraire est situé sur une terrasse constituée d’anciens niveaux lacustres, surplombant le lac Léman. Aujourd’hui, elle est traversée par un axe majeur reliant Thonon-les-Bains à Évian-les-Bains, la RD 1005. La proximité de nombreux aménagements contemporains a cependant contraint une intervention, explique l’Inrap. De plus, l’observation attentive des niveaux stratigraphiques témoigne d’importants travaux de décaissement et de remblayage destinés à niveler la zone.

Le paysage initial, au moment de l’implantation des tombeaux, correspond à une terrasse aux plus hauts reliefs vers l’ouest où s’est développée l’occupation. La pente vers l’est, aujourd’hui réduite et invisible par apport de terre, indique une limite potentielle de la zone sépulcrale.

Analyses de sépultures médiévales

L’équipe d’archéo-anthropologues a dû s’adapter aux défis uniques posés par l’environnement humide du site. Cette humidité caractérise ces zones lacustres comme celle du Léman. En effet, cela peut entraîner une décomposition accélérée des restes organiques, notamment des os humains.

Pour contrecarrer ces effets, des méthodes d’excavation précises ont été utilisées. Par exemple, les archéologues ont isolé les ossements de l’environnement immédiat. En les emballant individuellement, ils les protègent pendant le transport et les analyses ultérieures.

De plus, des efforts considérables ont été déployés pour documenter la disposition et l’orientation des corps avec une grande précision. Cela a permis de préserver des données cruciales pour de futures analyses anthropologiques et historiques.

Quant aux découvertes matérielles… Les conditions préservées dans certaines tombes ont permis la conservation de restes organiques, comme le bois. Ces éléments boisés, rarement trouvés en bon état, offrent une fenêtre sur les matériaux utilisés dans la construction des tombes. Les analyses en laboratoire de ces bois révéleront les types d’arbres sélectionnés et les techniques de menuiserie de l’époque.

Détail des restes ligneux mis au jour sous un fragment du sacrum du défunt issu d’une sépulture. © Alexia Latelier, Inrap

Par ailleurs, des observations anthropologiques confirment la présence initiale de coffrages constitués de matériaux périssables. En effet, les effets des contraintes exercées sur la position de certains os le démontrent. Ces , combinées à la disposition standardisée des corps et à l’utilisation de linceuls ou d’autres textiles, dressent un tableau des rites funéraires pratiqués, donnant un aperçu des croyances et des valeurs sociales de cette période historique.

Détail des fibres ligneuses en contact avec le squelette. Nous supposons l’effondrement d’un mur ou la couverture d’un coffre en bois. © Anaïs Delliste, Inrap

Faire la lumière sur les pratiques médiévales en Haute-Savoie

Cette découverte enrichit considérablement notre compréhension des pratiques funéraires médiévales dans la région lémanique. Les données accumulées offrent une nouvelle perspective sur l’organisation sociale de l’époque. La communauté a enterré adultes et enfants côte à côte, dans un espace qui a longtemps servi de cimetière communautaire.

Jeune enfant enterré dans une tombe. © Laurence Kuntz, Inrap

Les 42 sépultures primaires individuelles sont situées de manière assez vague. Les défunts sont enterrés dans de grandes fosses profondes orientées ouest-est, avec seulement deux intersections identifiées. La position des corps semble très standardisée. Ils sont tous couchés sur le dos, la tête à l’ouest, les pieds à l’est. Les sujets ont les bras plaqués contre le corps, les avant-bras fléchis, posés sur le bassin ou sur le thorax. Jambes étendues, convergent au niveau des chevilles.

Vue depuis l’est des sépultures en cours de fouille. Les squelettes ont tous la même disposition. © Alexia Latelier, Inrap

Les résultats mis en perspective avec des données anciennes permettront également de préciser l’étendue de cette zone sépulcrale. Mais l’habitat qui leur est associé reste inconnu. Cette intervention contribuera ainsi à une meilleure connaissance de l’occupation médiévale des rives du Léman. D’autant que l’actuelle commune de Publier reste encore mal documentée.

Source : Inrap

 
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